Entre attaques de groupes armés et conflits communautaires, le Mali s’enfonce inexorablement dans la crise avec son lot de victimes (civil et militaire). De l’arrivée d’Ibrahim Boubacar Keïta au pouvoir à maintenant, le sang a coulé et continue de couler au Nord et Centre du pays. Ogossagou, Hèrèmakono, Dioura, Boulkessi, Indelimane… autant de localités qui ont été les théâtres de tueries en masse.

Dans cette série macabre, l’armée a subi de nombreuses pertes en vie humaines à cause des attaques ciblées des camps militaire dans le Centre et au Nord du pays. En effet,  le vendredi 1 novembre dernier, plus d’une cinquante de soldats maliens ont été tués dans un poste militaire de Indelimane près de Ménaka au cours d’une « attaque terroriste » attribuée aux djihadistes. Cette attaque est l’une des plus meurtrières subies par l’armée malienne.

L’attaque a commencé en plein jour, aux environs de  midi. Selon une source sécuritaire, une nuée de motos a encerclé le poste des soldats maliens. «Ils ont d’abord pilonné le camp, avant de se  divisés en trois groupes d’hommes», indique-t-elle.

Face au nombre élevé des assaillants et à leur puissance de feu, les soldats de l’armée régulière sont contraint d’abandonner le poste, après avoir tenté (en vain) de résister.

Après l’attaque, le bilan est très lourd du côté de l’armée. En effet, l’on déplore plus d’une cinquantaine de morts, des blessés et des portés disparus. Aussi, des dégâts matériels sont signalés.

Malheureusement, cette attaque s’ajoute à une longue chaine qui a visé les forces armées et de sécurité malienne. Aujourd’hui, l’armée fait face à des groupes armés et terroristes qui se sont implantés au Nord et au Centre du pays. Dans cette série sanglante, on retient, entre autres :

Dans la nuit du 30 septembre au 1 octobre derniers : Les FAMas ont été attaquées à Boulkessi et à Mondoro. Selon certaines sources, ce sont des éléments du groupe terroriste, Ansaroul Islam, qui ont lancé l’assaut à Boulkessi contre les FAMas. Après des violents combats durant plusieurs heures, les assaillants ont pris le contrôle du camp. Au même moment, à Mondoro, situé à une centaine de kilomètre de Boulkessi, une autre attaque a visé un autre détachement des mêmes terroristes. Le bilan des deux attaques, pour les FAMas, fait état de 40 morts, 78 disparus, une trentaine de véhicules emportés ou détruits avec plusieurs armes et munitions. Dimanche 21 avril 2019, vers 5h du matin, des hommes lourdement armés se sont dirigés à moto et à bord de véhicules vers le camp militaire de la localité de Guiré, proche de la frontière avec la Mauritanie. Les assaillants ont mis le feu à des véhicules militaires et en ont emporté d’autres. Bilan : 11 morts et plusieurs blessés.

Le dimanche 17 mars 2019 à l’aube, le camp militaire de Dioura a été attaqué par « plusieurs dizaines » de djihadistes lourdement armés. L’état-major de l’armée malienne a annoncé, le lendemain, un bilan de 23 morts et 17 blessés pour ses troupes. Aucun soldat malien n’a été fait prisonnier. Des militaires un temps portés disparus sont retrouvés vivants dans des villages voisins situés jusqu’à plus de 20 kilomètres de Dioura.

Samedi 27 janvier 2018, dans le Nord du pays, le camp de l’armée de Soumpi, localité située dans la région de Tombouctou, a été attaqué par de présumés djihadistes faisant au moins dix militaires tués et des blessés.

Mardi 19 juillet 2016, des terroristes attaquent ville de Nampala tenue par l’armée. Les assaillants lancent l’assaut vers cinq heures du matin à bord de véhicules très bien équipés… Au cours de l’assaut, les djihadistes mettent le feu au camp militaire puis s’en emparent, ainsi que son poste de commandement. Bilan 17 soldats tués et une trentaine de blessés.

 Conflits intercommunautaires : le sang coule au Centre

 Le soir 9 juin 2019, des hommes armés arrivent aux abords de Sobane Da, un village dogon de 300 habitants situé dans la commune de Sangha (cercle de Bandiagara). Vers 17 heures, les habitants les aperçoivent en train d’encercler le village et se cachent dans leurs maisons, croyant alors à un vol de bétail, comme il y en avait eu dans cette même localité quelques jours plus tôt. Mais pendant la nuit, les hommes armés lancent l’attaque. Ils incendient les habitations et abattent tous ceux qui essayaient d’en sortir.

Selon Ali Dolo, maire de Sangha, ils ont « brûlé vifs les habitants dans leurs maisons. Tous ceux qui ont tenté de fuir ont été abattus : femmes, vieillards, enfants, sans distinction ! ». D’après un rescapé, nommé Amadou Togo, « certains ont été égorgés et éventrés, des greniers et du bétail ont été brûlés. Personne n’a été épargné : femmes, enfants et vieilles personnes ». Selon lui les assaillants étaient une cinquantaine, « lourdement armés, venus à bord de motos et de camionnettes ». Le lendemain, le flou persistait sur le bilan de la tuerie. Celui, “provisoire”, de 95 morts et 19 disparus, donné par le gouvernement sur la base d’une mission de militaires, a été  revu à la baisse.

« Avec les éléments de la protection civile, nous avons minutieusement fouillé, et nous avons sorti 35 corps », a indiqué le gouverneur de Mopti, faisant état de « 11 adultes et 24 enfants » inhumés… Mais le maire de la commune de Sangha, dont dépend le village, Ali Dolo, a maintenu l’estimation d’une centaine de morts, soulignant que certains corps avaient été calcinés

Le lundi 13 mai 2019, un groupe d’individus  « chasseurs Dozos » a attaqué, un hameau peulh de Heremakono à 8Km de la ville de Niono (Ségou). Ils étaient sur une quinzaine de motos avant de faire irruption dans le hameau situé dans la commune de Hèrèmakono. Selon des sources locales, les assaillants ont d’abord encerclé les habitations. « Ils ont ensuite commencer à tirer dans tous les sens », rapportent les mêmes sources. Bilan 15 morts.

L’une des plus meurtrières de ces attaques contre des populations civiles (peulhs) a été celle d’Ogossagou, le 23 mars 2019. En effet, la localité de Ogassagou-peulh, commune de Dialassagou (région de Mopti) avait été  le théâtre, le samedi 23 mars 2019,  de graves atrocités qui ont fait de nombreuses victimes. Bilan : près de 174 morts  et de nombreux blessés. Aussi, de nombreuses pertes matérielles sont signalées : cases brulés,  greniers  détruits, enclos de bétails détruits…

Selon la MINUSMA, entre janvier 2018 et mai 2019, au moins 91 violations des droits de l’Homme ayant fait au moins 488 morts et 110 blessés ont été commises par des chasseurs dogons et au moins 67 violations des droits de l’Homme à l’origine de 63 morts et 19 blessés ont été commises par des groupes d’autodéfense peuls

Cependant, faut-il le rappelé, jamais dans l’histoire de la République du Mali, aucune rébellion n’a fait autant de victimes à cause de l’insécurité. 115 morts de septembre à décembre 2013 ; 306 morts de janvier à décembre 2014 ; 538 morts de janvier à décembre 2015 ; 352 morts de janvier au 15 septembre 2016 ; et plus de 2 087 morts de janvier 2017 à nos jours. Au total, au moins 6000 personnes (civils, militaires maliens et étrangers) ont perdu la vie dans notre pays depuis les débuts du mandat du président IBK.

Mohamed Sylla

Source: L’Aube