La situation sécuritaire au Mali dépasse les limites. Elle est diversement interprétée et plusieurs pistes de solution sont explorées, depuis 2012 où le noyau de la crise a explosé au nord du Mali. Dans cette insécurité générale, la « mauvaise foi » des autorités maliennes ainsi que de la communauté ferme la voie à la paix. 

 

Le dialogue est une véritable arme que les autorités en charge de la crise malienne cherchent à réduire à néant en minimisant toute la force du langage. Or, il n’est plus à démontrer ce que représentait cette arme entre les mains des sages africains, jadis. Si elle n’était pas d’une utilité démontrée, l’arbre à Palabre n’allait pas exister. Est-il nécessaire de rappeler avec Mahatma Gandhi, le père des indépendances indiennes, l’inutilité de la force ? Non. Si la violence pouvait tout résoudre, le monde contemporain n’allait plus vivre le capitalisme, l’ennemi numéro 1 du marxisme voire de l’épanouissement du monde à travers l’instauration d’une société juste et égalitaire. La violence est le langage que comprend le capitalisme. N’est-ce pas ce que nous a appris le marxisme ? Mais le monde reste dominé par le même système et le communisme peine à voir le jour.

Les armes ont montré leur limite depuis fort longtemps. Ce dont le monde a besoin de nos jours, c’est le pacifisme, le dialogue. C’est d’ailleurs ce que nous apprend Renée Bouveresse à travers son livre, Karl Popper ou le rationalisme critique : « Le dialogue est un antidote contre la guerre ». Dans le cas spécifique du Mali, d’aucuns pourront se poser la question de savoir comment discuter avec des hommes en armes.

Ces interrogations ne relèvent que de la « mauvaise foi ». Car les autorités maliennes aussi bien que la communauté internationale sont conscientes de la possibilité du dialogue avec ces terroristes qui sèment l’amalgame.   « Malgré ces difficultés, des acteurs étatiques et non étatiques ont régulièrement engagé Katiba Macina au cours des quatre dernières années. Les responsables maliens ont conclu des accords sur les libérations d’otages. Les dirigeants communaux, les organisations humanitaires, y compris les groupes occidentaux, et les érudits religieux ont discuté avec le groupe de son autorité locale, de son accès humanitaire aux zones sous son contrôle et de la justesse de son discours », lit-on dans le dernier rapport de Crisis Group sur le Mali en mai 2019.

Toute chose qui démontre à suffisance que nos autorités sont conscientes de la possibilité du dialogue avec ces terroristes pour le retour de la paix dans ce pays. Outre, l’essentiel pour entamer un dialogue reste que l’interlocuteur soit disposé à l’écoute. Or, ces faits rapportés par ce groupe international portent à croire que les terroristes sont disposés à la discussion.

Si tel est le cas, pourquoi alors les autorités trainent les pieds au côté de la communauté internationale ainsi que de ses partenaires ? Sûrement pour plaire aux yeux de ceux-ci et fouler au sol les intérêts de la nation. En effet, même hier, ceux qui prônaient la possibilité du dialogue ; aujourd’hui, dans le gouvernement, ceux-ci soutiennent haut et fort que cela n’est pas envisagé par le gouvernement. Quel paradoxe ! En tout cas, le Crisis Group est explicite dans son rapport : « […] Le dialogue devrait faire partie d’un plan global pour le centre du Mali impliquant une pression militaire, une aide au développement et des efforts pour désarmer les milices et les militants d’autodéfense. Mais une telle approche impliquerait un virement de bord, la force étant utilisée parallèlement aux efforts déployés pour amener les dirigeants de Katiba Macina à la table, plutôt que dans l’espoir futile de vaincre le mouvement sur le champ de bataille. »

Au jour d’aujourd’hui, refuser de dialoguer avec ces hommes, c’est fermer les yeux à la crise et livrer, chaque jour, le pays à l’indignation. Que les autorités maliennes ainsi que la communauté internationale y pensent !

TOGOLA

Source : Le Pays