L’Armée française qui était applaudie au départ par les populations  n’est plus en odeur de sainteté par l’opinion de l’Hexagone. La stratégie de communication de la Force Barkhane ainsi que son apport pour stabiliser le Sahel, laissent à désirer dans une zone où les hostilités à son encontre vont au-delà du Mali. En atteste le sondage de l’Institut Français d’Opinion Publique (IFOP) qui met à nu le rejet de Barkhane par les Français.

L’ancienne Force Serval a désormais huit (08) ans dans une crise malienne qui aura bientôt neuf (09) ans, en mars 2021. Début 2013, ces éléments se retrouvent déployés avec ceux du Sénégal et du Gabon pour contrer les rebelles en partance pour occuper Bamako. C’est la naissance de la Force Serval qui sera appréciée des populations locales.

Suite à un appel du Président de la Transition, Dioncounda Traoré, cet appareil militaire sophistiqué met à mal les ennemis du Mali. Même la visite de son homologue François Hollande, en février 2013, sera symbolique et applaudie de tous. Sauf que la Force militaire qui finira par s’appeler Barkhane commettra une bourde: ne libérer que Gao et Tombouctou, laissant Kidal au nom du « droit des minorités ». Les FAMa (Forces Armées Maliennes), n’y auront pas accès. Et le jour où elles occuperont la ville rebelle, ce sera pour finalement s’y trouver cantonnées.

Pour la première fois, depuis le début des opérations, une courte majorité de Français se dit défavorable à l’engagement des armées françaises au Mali. Il s’agit donc de 51% soit une chute de neuf (09) points, depuis novembre 2019 et de vingt-quatre (24) points, depuis février 2013.

Le sondage de l’Institut Français d’Opinion Publique (IFOP) reste formel auprès d’autres confrères logés en France où 49% sont hostiles à continuer dans cette aventure.

Force est d’admettre qu’au fil des ans, il est compliqué de justifier la présence française au Sahel qui devient coûteuse. Les français sont regardants sur l’orientation donnée à leurs impôts et suivent leur gestion pour l’opération militaire qui risque de faire débat à la présidentielle de 2022.

Lors de son audition à la Commission de la Défense, le Général François Lecointre,   Chef d’État-major Général des Armées françaises, fera le point sur les surcoûts induits par l’opération Barkhane.

Face aux députés, lors de ce point détaillé à la date du 15 octobre 2020, les surcoûts générés par Barkhane étaient à 911 millions d’euros :

«Je pense  que nous avons augmenté de 10% le surcoût de la Force Barkhane, avec en particulier une hausse importante qui a porté sur l’Entretien Programmé des Matériels (EPM), à hauteur d’une trentaine de millions d’euros», a-t-il précisé.

Au lendemain du fameux Sommet de Pau, en janvier 2020, les moyens humains et matériels furent renforcés. Autrement dit, les surcoûts de l’opération Barkhane représentent, sur les dix (10) premiers mois de l’année 2020, 76% des crédits initialement alloués aux opérations extérieures et aux missions intérieures.

Au même moment, l’intervention française en terre malienne perd de sa saveur et les populations manifestèrent contre elle.  L’ancienne puissance coloniale aura donné l’impression d’être dans des calculs géopolitiques. Suite au coup d’État du 18 août 2020, une majorité du peuple réclame la Russie aux manœuvres militaires pour libérer les zones occupées.

Les derniers mois de l’année 2019 furent compliqués pour les soldats Français qui ont eu sur le dos les maliens; « bis repetita » avec le Burkina Faso qui a fini par céder au début du mois d’octobre: les populations sont sorties à Ouagadougou pour une dénonciation au vitriol des impérialistes accusant les militaires français d’être de connivence avec les « forces du mal » à l’effet de faire « main basse » sur les richesses du Sahel. Et dire qu’une manifestation de la même nature avait eu lieu au Niger. Les arguments brandits pour exiger le départ de ces troupes  sont les mêmes dans ces trois (03) pays,  membres du G5 Sahel.

À la veille de la présidentielle 2022 en France, l’honorable Jean Luc Mélenchon a des prises de position défavorables à la force présente au Mali. Dans une tribune parue le 06 janvier 2021, le président de la « France Insoumise » disait: «Depuis le premier jour, en 2013, notre famille politique suit politiquement les évènements du Mali.

Nous avons été d’abord tous seuls à réfléchir à haute voix, à interroger puis à mettre en cause le raisonnement à l’œuvre. Pendant longtemps on en est resté en France au délire traditionnel qui accompagne les expéditions militaires. Les pouvoirs savent se mettre en scène.»

Plus loin, il affirmera :  «Des militaires français les premiers ont affirmé publiquement qu’une intervention armée sans objectif politique connu et annoncé est vouée à l’échec. La guerre n’est pas un jeu vidéo. La guerre est par essence meurtrière et ses actes irrémédiables. Nous devons être économes de la vie de ceux à qui nous commandons le combat, car ils y risquent leur vie et celle des autres. Donc nous devons être scrupuleux dans nos prises de décisions.»

Pour enfoncer le clou, l’ « Insoumis » (…)

BAMOÏSA

NOUVEL HORIZON