Le dialogue politique proposé par les partis de l’opposition a fait l’unanimité au niveau de la classe politique et de la société civile. Le consensus s’arrête-t-il à cela ? La question mérite d’être posée, car au  prime   à bord, la CMA se tient comme d’habitude dans sa posture de menace de boycott si d’aventure la révision du fâcheux et inapplicable accord dit d’Alger était inscrite à l’ordre du jour, et d’autre part le Président IBK qui semble avoir donné également le ton de la menace en prétextant très vite que ledit dialogue ne sera pas une conférence nationale souveraine comme celle tenue en 1991 après la chute du Président Moussa Traoré.

Poursuivant sur cette lancée, le Président IBK a dit que le dialogue politique inclusif ne sera  pas non plus une porte ouverte à la mise en veilleuse des institutions actuelles et leur remplacement par un régime de transition. Il prétend dire que le dialogue politique inclusif doit s’inscrire dans le strict respect de la constitution et des lois de la République.

Si IBK avait le souci de la préservation de notre constitution, pourquoi a-t-il priorisé l’accord d’Alger sur notre constitution. Par rapport au mensonge de l’ancien Ministre des affaires étrangères Abdoulaye Diop, au moment des négociations qui avait annoncé que l’accord d’Alger n’avait pas d’impact sur la constitution du 25 février 1992, ce qui  avait rassuré tout le peuple malien. Après la fin   des pourparlers qui ont abouti à la signature de l’accord, il a finalement reconnu sous la pression de la presse que l’accord impactait sur notre constitution.

Où était donc IBK pour ne pas s’inscrire dans le respect de la constitution du 25 février 1992 ? Où est donc l’inclusivité si des catégories de personnes, des bénis, oui oui,  sont sélectionnés pour être entendus par le triumvirat par rapport à leurs solutions de sortie de crise ? Par ces faits, le dialogue politique inclusif, deviendra un dialogue mort-né, car ayant perdu son âme avant sa naissance. Ce ne sera pas la première fois qu’IBK torpille de tels processus. En effet à la suite de la tenue de la conférence d’entente nationale, du 27 mars au 2 avril 2017, les conclusions issues de cette conférence ont été niées par IBK, alors que la non reconnaissance d’une entité politique au nom d’Azawad figure bien dans les conclusions de la Conférence d’Entente Nationale. Il en est de même pour les négociations à entamer avec les terroristes d’Iyad Ag GHALI et Amadou KOUFA. Egalement dans les conclusions de la CEN, il a été bel et bien recommandé de négocier avec eux. Mais en dépit de cela le Président IBK, dans son discours de clôture, a trouvé à dire que la question d’Azawad n’a pas été réglée. Cela est une insulte à l’égard de la conférence d’entente Nationale car la question de la négociation avec Iyad et KOUFA a été discutée et la majorité des participants a décidé qu’il faille envisager cette solution. Paradoxalement, le président IBK est allé jusqu’à affirmer que cela n’a été acté nulle part.

Nous ne sommes pas étonnés qu’IBK ait falsifié donc les conclusions de la CEN, pour deux raisons inavouées à savoir : il a promis l’autonomie de la région de Kidal aux autorités Françaises en 2013 pour avoir leur soutien électoral. Tout naturellement élu président avec leur soutien les autorités Françaises tiennent à ce que cette promesse soit réalisée. Aussi dans le texte du projet de constitution refusé de 2017,IBK avait laissé une porte de sortie pour la création de la nouvelle région autonome de Kidal par le truchement des articles 92 à 98  qui avaient pour effet d’aller à la partition d’un pays fragile, d’un Etat fragile. Le fait de falsifier les conclusions de la CEN n’était pas fortuit donc comme on peut le constater.

En conclusion IBK sait ce qu’il veut dans la résolution de la crise malienne, mais c’est le peuple qui ne le sait pas malheureusement. La classe politique et la société civile ont baissé les bras pour une raison ou une autre, comme si toute notre capacité de réagir avait été neutralisée par un phénomène de lassitude.

Tout le monde savait que la manière dont la délégation malienne a été composée prouvait à l’avance que la République s’en sortira avec la portion congrue, contrairement à l’Accord de Ouaga. Sept mois après le démarrage des négociations, un projet d’accord est sorti sous le manteau de la France et soumis aux parties. La coordination des mouvements de l’AZAWAD (CMA) qui ne gère que 20 000 habitants a refusé de parapher le dit projet, sans avoir consulté au préalable les populations au Nord. Le même projet soumis à la partie gouvernementale a suscité 13 pages d’observations de la part des forces vives de la nation (partis politiques et société civiles). Ces observation n’ont pu être prises en compte, suite au ‘’Niet’’ de François HOLLANDE qui a insisté en disant que  les négociations étaient terminées. Toute honte bue, le président IBK a ordonné le paraphe dudit projet, contre sa propre volonté et celle des forces vives de la nation.

Aujourd’hui le Mali se trouve à la croisée des chemins. Son pronostic vital est en danger, faute d’écoute de la part du premier citoyen qui a en charge actuellement la destinée du pays. L’espoir  suscité par l’élection d’IBK s’est transformé en une grande déception pour le Mali. Cependant gardons à l’esprit que le peuple aura toujours le dernier mot.

Siramakan  KEITA

Source: Le Carréfour