Frappé de plein fouet par les sanctions illégales, illégitimes et inhumaines, de la part de l’organisation supranationale – CEDEAO -, le Mali plie mais ne rompt pas.

Depuis un certain temps, discrètement, le facilitateur togolais, Faure Gnassimbé Eyadema, a pris son bâton de pèlerin, en vue de rapprocher les positions entre le Mali et les autres Etats de l’organisation sous-régionale.

Nonobstant les divergences entre le président de la transition politique au Mali, Colonel Assimi Goïta et ses pairs de l’espace CEDEAO, sa popularité à l’international comme au sein de sa patrie est à son zénith.

Chantre de la lutte contre le néocolonialisme français, le Mali n’a jamais dissimulé son panafricanisme : au moment où les autres expriment les leurs du bout des lèvres, par des discours édulcorés, le Mali, quant à lui, ne prend pas de gants pour asséner ses quatre vérités. Il n’a jamais été un pays qui fait dans la dentelle. Ce qui lui a valu les sanctions par procuration de la France, via la CEDEAO. Il défend bec et ongles sa souveraineté, son honneur, sa dignité et le choix librement consenti de ses partenaires.

Les chefs d’Etat, dans leurs petits souliers, tout penauds, songent à faire amende honorable. Pour ce faire, ils ont jeté leur dévolu sur le président Faure Gnassimbé Eyadema. Plusieurs fois, dans la plus grande discrétion, celui-ci s’est rendu au Mali, afin de concilier les points de vue quant à la durée de la transition et au chronogramme de la mise en pratique des différentes réformes. Force est de reconnaître que le Mali a fait des concessions notables depuis le 9 janvier dernier : de 5 ans, il a revu à la baisse la durée de la transition, à 4 ans, de 4 ans à 2 ans incompressibles. De source sûre, le bout du tunnel n’est pas loin.

Pour le patron de la diplomatie malienne, dans l’émission Mali kura taasira du 17 mai dernier à 21 H, sur l’ORTM1, Faure Eyadema n’est pas en médiation pour une sortie de crise, mais il fait plutôt de la facilitation, pour une convergence des positions des uns et des autres. Toujours selon lui, nous devons nous nourrir d’espoir, car espérer est dans l’ADN du diplomate qu’il est. Il ajouta cependant que le Mali ne transigerait pas avec son honneur, sa souveraineté, ses intérêts, quel que soit son interlocuteur : la preuve, le Mali a expulsé l’ambassadeur français, Joël Meyer, interdit son espace aérien aux avions militaires français, sommé l’opération Barkhane et Takuba de faire leurs valises, claqué la porte du G5 Sahel et de la force conjointe, le 16 mai dernier.

Une question nous taraude. Pourquoi cet acharnement, sous-tendu par le fétichisme de l’organisation de l’élection présidentielle dans le bref délai de 16 mois, avec le retour des civils au pouvoir ?  La CEDEAO n’est pas sans savoir que les terroristes ont provoqué la disette en allant brûler les champs de riz à Niono, abattre le bétail,  affamant la population. Comment l’organisation supranationale peut-elle fermer les yeux sur une telle réalité tout en intimant aux autorités de la transition politique un scrutin présidentiel précipité ? Le hic, c’est qu’en Côte d’Ivoire et en Guinée, respectivement, il a été fait une entorse à la Constitution, avec à la clé un 3è mandat pour Alassane Dramane Ouattara et Alpha Condé. Voilà un coup d’Etat civil qui ne dit pas son nom. Face à ce délit politique, aucun chef d’Etat de l’espace CEDEAO, ne pipa mot. C’est ahurissant !

Le scrutin présidentiel imposé pour un délai court peut-il être une panacée aux attaques terroristes qui sont légion ? Allez savoir !

Mohamed Koné

Correspondant à Kadiolo

Source: L’Alternance