Le vendredi 10 janvier 2020, soit 72 heures avant la rencontre entre Emmanuel Macron et les Présidents du G5 Sahel,  des centaines de milliers de maliens ont bravé la rigueur du soleil et du vent pour répondre à l’appel des Associations et mouvements patriotiques qui ont dit oui au Mali et non aux forces étrangères présentes dans le cadre de la lutte contre le terrorisme. Ce meeting qui est non seulement une alerte jaune pour les autorités sahéliennes en général et maliennes en particulier, traduit également en acte le sentiment de colère des peuples des pays du sahel qui ont du mal à percevoir la portée réelle de la présence des forces étrangères sur leurs sols. C’est pourquoi ils exigent désormais que leurs armées nationales soient mises dans les conditions pour faire face à ce péril terroriste. Le décor n’est-il pas planté pour les dirigeants du G5 sahel pour  une rencontre de Pau, beaucoup plus décomplexée ? Ce meeting avec ses slogans  et autres manifestations de colère dans l’espace sahélien, loin d’être perçus comme une défiance,  ne devraient-ils pas être la feuille de route de nos Présidents à la rencontre de Pau ?

C’est devant une foule immense et très excitée que les leaders des Associations et Mouvements patriotiques ont animé un grand meeting, qui loin d’être un désaveu aux autorités maliennes,  est plutôt un soutien aux forces armées maliennes, qui sont à leurs yeux, les seules habilitées à libérer le territoire sous contrôle des Djihadistes. Dr Oumar Mariko et les autres initiateurs de ce meeting n’ont pas tari d’éloges aux hommes qui, grâce aux sacrifices desquels, le Mali est devenu une Nation digne et débout. Notamment Tiéba, Babemba, Firhoun, Modibo Keita. Pour les animateurs du meeting les autorités actuelles du Mali se trompent d’alliés, car les forces françaises, voire étrangères ne sont pas présentes au sahel  pour lutter contre le terrorisme, mais pour défendre leurs intérêts sordides.  IBK devrait-il réellement  prendre en mal ce meeting ? La réponse est non, il doit même s’arranger du côté de son peuple et défendre sa position à la rencontre de Pau, ce qui le dédouanera de tout soupçon, car il pourra se cacher derrière son peuple. Au lieu de cela, IBK pique une crise de colère chaque fois qu’on touche au  nom de la France dans le mauvais sens. N’est-il pas en train de ramer à contrecourant de son peuple ? Il est tout simplement en train de filer du mauvais coton. Sinon, malgré toutes les tentatives de caporalisation et de sabotage, le meeting du vendredi  10 janvier 2020 à la place de l’indépendance de Bamako a été un franc succès. Et ce grand rassemblement, qui rappelle fort opportunément au Hirak algérien, doit un être un signal fort pour IBK. Tout avait été mis en œuvre pour que ce meeting soit un échec cuisant et que les maliens dans leur écrasante majorité  soutiennent sans ambages les forces étrangères présentes au sahel. Le ton de cette  campagne de soutien aux forces françaises a été donné par le Président de la République lui-même. Pris de panique  et cédant à la pression de la France, IBK n’a manqué aucune occasion ces derniers temps pour fustiger le comportement de ses concitoyens qui dénoncent avec véhémence la présence des troupes étrangères. Il les a qualifiés d’ennemis des FAMA et du Mali. Dans tous ses discours il s’est démarqué des positions qu’il juge être aux antipodes des intérêts du pays.

Le Président de la République n’est pas le seul dans ce combat anti nationaliste, même certains leaders  politico-religieux et certains activistes aux agendas cachés auraient soutenu  la présence des forces étrangères c’est pourquoi ils ont appelé leurs partisans à la retenue et à ne pas participer à ce meeting. IBK par ses sorties vient encore de commettre  une autre erreur d’appréciation, car  le meilleur soutien pour un Président de la République est celui de son peuple et par conséquent il devrait être en tous  lieux et en toutes circonstances, du côté de ce même  peuple.

En somme, les Maliens semblent donner à leur Président une feuille de route pour la rencontre de Pau. IBK est désormais entre l’honneur, la grandeur et la flétrissure, il pourra, à son retour de Pau, être accueilli en héros, comme en traitre.

Youssouf Sissoko  

Source : Infosept