« La communauté internationale doit appuyer les efforts de la justice malienne en matière de lutte contre l’impunité », a déclaré l’Expert indépendant sur la situation des droits de l’homme au Mali, Suliman Baldo, au terme de sa première visite dans le pays du 21 octobre au 3 novembre 2013.

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GENEVE, Suisse, 5 novembre 2013/African Press Organization (APO)

« Il faut soutenir la dynamique positive née du cas de la mutinerie du 30 septembre 2013 au camp Kati. Cette dynamique est particulièrement favorable à l’accélération des enquêtes sur les cas d’exécutions sommaires, de disparitions forcées, de mauvais traitements et de tortures perpétrés par l’ancienne junte contre tous ceux qui allaient à leur encontre, qu’il s’agisse de militaires ou de civils », a affirmé l’Expert indépendant.

« Le cas emblématique du camp Kati peut contribuer, de manière significative, à restaurer l’autorité de l’Etat et à renforcer l’état de droit ainsi que la crédibilité de la justice malienne », a déclaré l’Expert indépendant.

« Ces progrès doivent être renforcés par des mesures urgentes afin de protéger les témoins, les victimes et les acteurs de la chaîne pénale impliqués dans l’instruction de ces dossiers sensibles », a affirmé Suliman Baldo.

L’Expert indépendant a lancé un appel à la communauté internationale afin qu’elle renforce les capacités du système judiciaire malien, en lui fournissant notamment un appui substantiel d’ordre financier, logistique et sécuritaire. Ce soutien permettra que soient rassemblés les éléments de preuve relatifs aux crimes commis dans le nord du Mali par les groupes armés et les forces armées maliennes depuis le début de la crise, en janvier 2012.

« La fragilité de la situation sécuritaire dans le nord et la fréquence des dénonciations parfois calomnieuses sont autant de facteurs qui découragent le retour des réfugiés et des personnes déplacées, et qui entretiennent la suspicion entre les différentes communautés », a affirmé l’Expert indépendant.

M. Baldo a salué les efforts en cours visant à redynamiser la Commission Dialogue et Réconciliation. Il a toutefois attiré l’attention des autorités sur la nécessité de placer les victimes au centre de ce processus et d’adopter une approche participative qui renforcera la légitimité de la commission.

Au cours de sa visite de deux semaines, M. Baldo a rencontré le Président de la République, le Premier Ministre, le Ministre de la justice, le Ministre de la réconciliation nationale et du développement des régions du nord, le Ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale, le Ministre de la sécurité, le Ministre de l’administration territoriale, le Ministre du travail et des affaires sociales et humanitaires, le Ministre de l’éducation nationale ainsi que le Ministre de la santé et de l’hygiène publique.

L’Expert indépendant a aussi rencontré le Procureur général, l’état-major général des armées du Mali, le Président de la Commission Dialogue et Réconciliation et la Présidente de la Commission nationale des droits de l’homme. Il s’est également entretenu avec des représentants de la société civile, des partis politiques, du corps diplomatique et des agences du système des Nations Unies ainsi qu’avec des chefs religieux. Il a par ailleurs visité des centres de détention à Bamako et s’est rendu dans le nord du pays, notamment à Kidal et à Tombouctou.

L’Expert indépendant présentera un rapport sur la situation des droits de l’homme au Mali au Conseil des droits de l’homme des Nations unies en mars 2014.