Au Mali, il semblerait que les terroristes ne lâchent pas la ville de Farabougou. Depuis l’entrée de l’armée malienne à Farabougou, cette localité du centre du Mali soumise à un blocus terroriste, un calme précaire régnait. Mais ce vendredi matin, ce pacte tacite de non-agression entre militaires et terroriste a été rompu. La visite du ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian a donné une raison en plus pour la France de garder une épée de Damoclès sur Farabougou et surtout sur Bamako. Actuellement, selon RFI, une vingtaine de villageois, peut-être 24 ont été enlevés alors qu’ils participaient à des récoltes, dans des champs de la commune de Dogofry, proche de Farabougou. Certaines sources évoquent également des cultures incendiées, mais il s’agirait en fait, selon un élu local, de feux de paille dont l’origine reste à déterminer.

Le média n’hésite pas a dénigrer l’initiative de l’armée malienne, qui rappelons-le, était seule dans cette opération, sans une aide quelconque des troupes d’occupation étrangères dans le pays.

En début de semaine, les terroristes se disaient prêts à libérer la zone, à condition que les chasseurs traditionnels dozos de Farabougou déposent les armes. Refus catégorique des chasseurs. Les terroristes ont ensuite, selon les termes d’un médiateur, « fait monter les enchères », exigeant de récupérer les armes des dozos. « On ne peut pas nous-mêmes armer les terroristes ! », souligne ce médiateur.

Sollicitée par RFI, l’armée malienne, présente à Farabougou depuis plus d’une semaine et qui encourage la poursuite des discussions, tout en promettant de nouvelles actions antiterroristes, n’a pas apporté de précisions.

L’armée nationale malienne semble se rebeller contre la France. En effet, Jean-Yves Le Drian était en visite ce 25 et 26 octobre au Mali, et la visite ne s’est pas vraiment bien passée. Car en dépit du fait que la France a tenté ces dernières semaines de se cacher derrière la junte et le gouvernement de transition, pour avoir un nouveau visage au Mali, semble être un échec. L’armée malienne et les Maliens continuent les discussions avec les terroristes dans la ville de Farabougou contrairement à la volonté du ministre des Affaires étrangères français.

Cela dit, la nouvelle politique de l’Élysée qui consiste à s’attaquer aux musulmans du monde entier n’arrange pas vraiment les choses pour la France au Mali.

En effet, vu la vague de protestation qu’a provoquée le président français à travers son appui aux caricatures du noble Prophète de l’Islam, la présence française est de plus en plus sur la sellette !

Et pour cause, dans la capitale malienne, des rumeurs circulent sur le risque d’attaques contre des expatriés et plus particulièrement envers les soldats français qui occupent le pays.

À l’heure où, dans certains pays, on brûle des drapeaux français, où les appels au boycott des produits tricolores se multiplient, des flammèches de contestation s’étendent à travers le Mali, en réaction aux propos d’Emmanuel Macron sur la publication des caricatures du Prophète. Dans la matinée de jeudi, des portraits du président français, grimé en chien, ont été brûlés par des manifestants à Kidal, ville sahélienne du nord-est du Mali. Visiblement, ce sont les propos du groupe d’habitant de kidal que la France n’a pas réussi à mettre dans les fameux accords de paix.

Une manifestation a eu lieu à quelques encablures d’une des bases militaires de la force « Barkhane », la principale opération extérieure française, dans le cadre de laquelle 5 100 militaires sont engagés dans la lutte contre le terrorisme. « Cela a duré une heure », relate un habitant de la localité.

La veille, plus d’un millier de personnes s’étaient rassemblées à l’intérieur et aux alentours de la grande mosquée de Bamako à la demande du Haut Conseil islamique du Mali (HCIM). Contrairement aux mouvements de colère de novembre et décembre 2019 contre la France, il s’agissait, cette fois, de dénoncer l’affaire et de montrer la position unifiée des musulmans du Mali sur le refus catégorique de toucher au prophète, l’élu, avec la moindre insulte », selon un communiqué.

« Nous ne renoncerons pas aux caricatures, aux dessins, même si d’autres reculent », avait promis Emmanuel Macron, mercredi 21 octobre, lors de l’hommage rendu à Samuel Paty, l’enseignant décapité à Conflans-Sainte-Honorine, le 16 octobre. « C’est une déclaration qui a mis le monde musulman en ébullition », observe Mahmoud Dicko, figure de proue de l’Islam au Mali. « Emmanuel Macron est un grand responsable de ce monde contemporain, il n’avait pas besoin d’une telle déclaration. Les dirigeants doivent réfléchir, car le monde a besoin que les hommes se comprennent », développe l’imam à la sortie de la manifestation pacifique, prédisant que « nous sommes à l’aube d’un grand bouleversement ».

Dans la capitale malienne, bulle de sécurité dans un pays ravagé par les violences depuis plusieurs années, les rumeurs d’attaques à venir contre des expatriés circulent et les recommandations se multiplient sur les téléphones. Pour ne pas s’exposer, certaines organisations non gouvernementales (ONG) ont imposé un couvre-feu ou un confinement à leur personnel le jour du rassemblement. En parallèle, des événements culturels censés avoir lieu le week-end ont été reportés. « Nous recevons, depuis vingt-quatre heures, des messages de personnes qui nous informent qu’il leur a été conseillé d’éviter les lieux publics », justifie un communiqué.

Les soldats français et étrangers sont très conscients qu’il est fortement possible que la population se retourne contre eux à tout moment.

La population malienne s’approche de plus en plus des zones où la présence de soldats français est très importante et Barkhane a aussi très bien compris que la population malienne est totalement imprévisible et qu’elle ne porte plus du tout les soldats étrangers dans le cœur ! Barkhane est donc sur un siège éjectable qui pourrait s’enclencher à tout moment.