Le président malien s’interroge sur la stratégie des forces françaises au Sahel, une force de plus en plus critiquée. Les personnes impliquées dans cette crise se demandent si la France est vraiment disposée à libérer la région de la présence djihadiste. Le chef de l’Etat malien Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) estime que la France et ses forces coalisées possèdent bien les moyens de mettre fin au drame qui se joue actuellement sous le soleil sahélien. Aussi ne comprend-il pas les raisons qui font patiner toutes les opérations Serval et Barkhane engagées dans la région.

Dans un entretien accordé à RFI et France 24 en début de semaine, le président malien exprime ses doutes sur les réelles motivations des forces françaises engagées au SahelIBK trouve « préoccupante » la situation actuelle du Sahel. D’autant qu’on sent comme une sorte de « maîtrise du terrain » de la part des forces djihadistes depuis un moment. IBK s’interroge alors sur « ce qui ne fonctionne pas très bien dans le dispositif d’aujourd’hui qui fait que nous soyons perméables dans les attaques lancées contre nous », d’autant que des forces alliées sont présentes dans la région et possède toute sorte de moyens.

Une stratégie peu cohérente selon IBK

IBK ne comprend pas grand-chose à la stratégie de la France et des alliés et est très déçu par les résultats obtenus jusqu’ici. D’autant que selon lui, l’occasion d’en finir avec les insurgés de Kidal qui avaient pris le contrôle de l’Azawad s’était déjà présentée et les forces en présence n’ont rien fait pour s’en saisir et mettre fin à ce drame qui continue sous le chaud soleil du Sahel.

IBK qui a décidé de lancer un dialogue direct avec les chefs jihadistes Iyad Ag Ghaly et Amadou Koufa exprimait son incompréhension de la stratégie des alliés au Mali en ces termes : «J’ai dit que je ne peux pas comprendre qu’ayant fait les efforts que l’on sait au plan mondial, que l’on ait mobilisé une coalition mondiale pour lutter contre le terrorisme, et que cette lutte n’étant pas terminée, l’on débande les forces en un lieu où cela peut rebondir encore de manière fabuleuse et fâcheuse. Cela ne semblait pas tout à fait de grande cohérence».

IBK s’exprimait ainsi en référence à une décision des forces de l’Opération Serval d’alors œuvrant aux côtés des Forces armées maliennes (FAMa) pour stopper l’avancée des forces jihadistes en direction de Bamako, sécuriser la capitale malienne et permettre au pays de recouvrer son intégrité territoriale. L’opération Serval avait alors décidé de stopper les frappes aux portes de Kidal alors que l’on sait que cette ville est le bastion des insurgés djihadistes et que l’occasion était belle d’en finir avec eux. IBK ne comprend donc pas la stratégie française ayant justifié une telle décision avec tous les moyens dont disposait cette force.

Source: lanouvelletribune