Au Mali, le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM) revendique dans un communiqué l’attaque menée samedi 14 avril contre le camp de la Minusma et de la force Barkhane à Tombouctou. Il dit avoir agi en représailles à deux raids aériens menés contre les jihadistes par l’armée française.

L’attaque contre le camp de Barkhane et de la Minusma samedi 14 avril a été conduite « par une poignée de candidats au martyre et un groupe d’infiltrés », indique le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM) dans son communiqué de revendication, publié sur les réseaux sociaux et reçu par l’agence privée mauritanienne ANI et le centre américain de surveillance des sites jihadistes SITE.

Le GISM ne donne pas d’autre indication sur le nombre d’assaillants, alors que l’état-major français avait fait état d’au moins quinze tués dans leurs rangs. Le mouvement jihadiste ajoute que l’attaque de Tombouctou a été lancée en représailles à des raids de Barkhane.

Ces deux raids aériens, menés fin mars et début avril par la force française au Sahel, ont éliminé « en martyrs » selon le communiqué du GSIM, trois éléments du groupe jihadiste dont deux cadres importants.

Le premier, Abou Abdallah Ahmed al-Chinguiti, est un Mauritanien d’une cinquantaine d’années qui a rejoint Aqmi en 2006. Il a combattu dans tout le désert sahélien, de l’Algérie à la Libye pour revenir au Mali en 2013. Ayman al-Chinguetti, comme on l’appelle aussi, était chargé de porter la bonne parole, de prêcher les idéaux du groupe jihadiste. Dans son communiqué, le GSIM déplore la perte de son « éducateur ».

Le second est Haidar al-Maghribi. Originaire de l’enclave espagnole de Melilla au nord du Maroc, il avait rejoint Aqmi en 2012. Spécialiste en explosifs, Haidar al-Maghribi formait les combattants aux armes lourdes comme le mortier.

Mais malgré ces pertes, le GSIM parvient à se remobiliser vite, comme l’explique Lemine ould Salem, journaliste spécialiste des questions jihadistes.

Ces groupes, même s’ils ont été chassés des villes qu’ils occupaient, même s’ils n’ont plus de bases arrières, on voit très bien qu’ils multiplient les actions. Avant le JNIM (ou GISM), c’était Aqmi, et avant Aqmi c’était le GSPC. Ce groupe, sous une forme ou une autre a eu vingt ans de présence dans cette région, vingt ans pour se familiariser avec des gens, avec des tribus, avec des villages, avec des campements, d’avoir des moyens de recruter. Aujourd’hui, une très grande partie des combattants de ces groupes se recrutent au sein des populations locales, touaregs, peuls. Ces groupes profitent des conflits locaux, s’érigent en défenseurs du plus faible et arrive à recruter facilement.
Revendication du GSIM: l’analyse de Lemine ould Salem
Depuis deux mois, les combats au Sahel montent en puissance. Offensives de Barkhane et représailles des groupes jihadistes sont de plus en plus spectaculaires. L’attaque à l’aéroport de Tombouctou était sans précédent. Tirs de roquette, véhicules piégés, assaillants déguisés en casques bleus… Il aura fallu quatre heures à la Minusma et aux soldats de Barkhane pour neutraliser une quinzaine de terroristes.