Plusieurs centaines de personnes ont manifesté lundi contre l’insécurité et les assassinats à Bandiagara, dans le centre du Mali, confronté aux violences intercommunautaires et aux attaques jihadistes, a indiqué un collectif d’associations de jeunes du pays dogon.
“Nous avons enregistré depuis la dernière visite du Premier ministre (Boubou Cissé, en août) une cinquantaine de cas d’assassinats”, a déclaré à l’AFP le chef du Collectif des associations des jeunes du pays dogon (CAJPD), Adama Diongo, l’un des organisateurs de la marche, joint par téléphone.

“On ne comprend pas le mutisme du gouvernement. Est-ce que c’est pour montrer au monde entier que la situation est maitrisée, alors qu’elle ne l’est pas ? Nous sommes excédés !”, a-t-il ajouté.

Les manifestants de Bandiagara, localité qui accueille des déplacés chassés de leurs villages par les violences dans le pays dogon, entre Mopti (centre) et la frontière avec le Burkina Fasso, réclament notamment de pouvoir “rentrer cultiver” leurs champs, selon une banderole déployée en tête de cortège.

Selon des photos publiées par des médias maliens, des manifestants portaient également des pancartes où l’on pouvait lire “Vive DANA”, du nom du groupe armé dogon Dan Nan Ambassagou, officiellement dissous après le massacre d’Ogossagou le 23 mars (quelque 160 Peuls tués par des chasseurs dogons présumés), sans pour autant avoir cessé ses activités.

Dan Nan Ambassagou a affirmé le 5 septembre avoir été visé par des bombardements de l’armée malienne, qui a confirmé à l’AFP avoir “mené des opérations au centre pour assurer la sécurité des biens et des personnes”, sans plus de détail.

“Nous sommes sortis pour demander l’arrêt total du désarmement forcé, protester contre les bombardements des camps de Dan Nan Ambassagou (et réclamer) la sécurisation du pays dogon et la mobilisation contre la faim”, a déclaré à l’AFP une manifestante, Aminata Nantoumé.

Depuis l’apparition en 2015 dans le centre du Mali du groupe jihadiste du prédicateur Amadou Koufa, recrutant prioritairement parmi les Peuls, traditionnellement éleveurs, les affrontements se multiplient entre cette communauté et les ethnies bambara et dogon, pratiquant essentiellement l’agriculture, qui ont créé des “groupes d’autodéfense”, dont Dan Nan Ambassagou est le plus organisé.

Des accords de cessation des hostilités ont été signés début août par des groupes armés peuls et dogons, lors de la visite du Premier ministre. Mais plusieurs accords semblables sont restés lettre morte par le passé et les violences se sont poursuivies ces dernières semaines, attribuées tant aux groupes jihadistes qu’aux milices d’auto-défense.

Source: AFP