Le Mali n’en finit pas avec les rebondissements dans la mise en œuvre de l’accord de paix censé sortir le pays de l’impasse dans laquelle il se trouve, il y a de cela bientôt des années. Le dernier fait en date est l’hécatombe du 18 janvier dernier qui a laissé une soixantaine de morts sur le carreau, perpétrée par un kamikaze dans un camp à Gao, où étaient regroupés les combattants de plusieurs groupes armés et des soldats maliens, à la veille de ce qui devait marquer le début effectif des patrouilles mixtes. Quelque trois semaines après cet acte barbare qui visait à porter un coup d’arrêt « au processus de paix et de réconciliation», les protagonistes ont réussi à renouer le fil du dialogue et à se retrouver autour d’une même table à Bamako, dans ce qu’il est convenu d’appeler la réunion de la dernière chance, pour relancer la machine et essayer d’avancer dans le sens de la mise en œuvre dudit accord. La question que l’on se pose, est de savoir si cette fois-ci sera la bonne. Et si les activités prévues pourront effectivement se tenir, dans les délais impartis, en l’occurrence l’installation des autorités intérimaires à Gao et à Tombouctou cette semaine, et le démarrage des patrouilles mixtes, la semaine prochaine. La question mérite d’autant plus d’être posée qu’à observer l’évolution de la situation au Nord-Mali, l’on finit par y perdre son latin ; tant elle manque véritablement de lisibilité. En effet, il y a de quoi être perdu ou ne rien comprendre dans cette crise où l’on a le sentiment que quand on avance aujourd’hui d’un pas, l’on recule d’autant sinon de plus, le jour suivant. Et ce n’est pas la première fois que l’on y tente des actions qui restent sans effets probants ni suite conséquente.

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Il appartient aux Maliens de prouver qu’ils ont foi en leur processus de paix

Si fait que l’on se demande, dans la foulée, si à la veille de cette nouvelle échéance, il n’y aura pas un autre développement qui viendra remettre les choses en cause ou les renvoyer aux calendes…maliennes. En tout cas, l’on ne peut s’empêcher de nourrir des appréhensions, tellement les protagonistes de cette crise nous ont habitués à des revirements spectaculaires ou autres attaques venues d’on ne sait où, à chaque fois que la situation est sur le point de connaître une avancée significative. C’est pourquoi l’on ne saurait véritablement dire s’il faut se réjouir de cette nouvelle tentative de relancer le processus, tant au Mali, il est quasiment devenu difficile de faire le tri entre les bonnes et les mauvaises nouvelles. Avec, à la clé, toujours de petits blocages qui finissent par entamer l’optimisme des plus crédules. Toutefois, l’on pourrait voir dans cette tentative de relance du processus, la volonté des acteurs de ne pas lâcher prise. Mais à cela, il faudrait nécessairement ajouter un zeste de bonne foi de la part des différents protagonistes pour espérer véritablement sortir de cette crise qui n’a que trop duré et qui n’en finit pas d’endeuiller le Mali et ses partenaires engagés dans cette guerre pour la paix. En tout état de cause, il appartient aux Maliens de prouver qu’ils ont foi en leur processus de paix et de se donner les moyens pour parvenir à leurs fins. Quant à la communauté internationale, elle devrait maintenir la pression sur les différents protagonistes, de telle sorte qu’ils sentent les risques qu’il y a à entraver le processus de paix. C’est à ce prix que l’on pourrait espérer voir poindre le bout du tunnel dans cette crise où toutes les bonnes initiatives semblent se perdre dans les vents chauds et autres tempêtes de sable du désert malien.

Outélé KEITA

Source: lepays