A Taoudénit, les Oulad Idriss et les Oulad Ich contestent le choix de Bamako. A Tombouctou, le CJA monte les enchères

Après la mise en place des autorités intérimaires de Kidal le 28 février, suivies de celles de Gao et de Ménaka (les régions les plus difficiles), on pensait que les étapes de Tombouctou et Taoudénit ne seront plus qu’une question de formalité. Mais la réalité du terrain a changé la donne puisque les leaders de la rébellion à Taoudénit ont été, selon eux, marginalisés. Il s’agit des fractions très influentes, à savoir les Oulad Idriss et Oulad Ich. Ce sont les argentiers du coin, mais aussi les guerriers. Ils possèdent des véhicules, armes et munitions. Ils ont aussi des combattants aguerris.

Mohamed Ag Intallah haute conseil unicite azawad hcua groupe armee touareg mnla bandits

Les Oulad Idriss et les Oulad Ich sont majoritairement de la CMA d’Alghabass Ag Intallah. C’est bien eux qui sont les acteurs clés du processus de paix à Taoudénit. Leurs leaders Dina Ould Daya de Ber et Taher Ould Elhadj, l’ancien maire de Salam, ne se reconnaissent pas en Hamoudi Ag Sidi Ahmed Aggada, opérateur économique de son état, nommé par Bamako pour présider l’autorité intérimaire de Taoudénit. Ils considèrent ce dernier originaire d’Arawane comme un « étranger » à leur lutte. Ils affirment que Hamoudi ne comprend pas la langue du tiroir et ne connait pas les populations de la localité. Pour eux, la nomination de Bamako est « injuste et complaisante ». Hamoudi, selon eux, ne peut rien gérer.

En réalité, c’est une question d’intérêt et de jalousie entre Arabes de la région. Ceux d’Arawane sont sédentarisés, métissés, plus enclins à accepter un Mali UN et INDIVISIBLE. Ce sont des véritables opérateurs économiques, des intellectuels, engagés dans le développement du pays, alors que les autres sont cités très souvent dans des affaires peu méritoires.

Cet antagonisme entre les Arabes d’Arawane et les autres constitue les tares congénitales de cette région de Taoudénit, qui pourrait être une mort-née. Les difficultés à venir du Mali sortiraient plus de Taoudénit que de Kidal. Pour le moment, c’est le blocage total. Aucune négociation sérieuse n’est enclenchée. Les  Arabes d’Arawane sont menacés dans leur intégrité physique par les autres, porteurs d’armes, qui contrôlent les check-points de la ville de Tombouctou, au grand dam de l’armée nationale.

De l’autre côté le CJA, majoritairement des Arabes de Goundam, a mobilisé le banc et l’arrière banc pour se faire entendre dans la Cité des 333 saints. Il s’oppose à la mise en place des autorités intérimaires. Et pour cause : Ce dissident du MNLA exige qu’il soit intégré dans tous les compartiments du processus de paix. Des hommes, des véhicules, des armes et autres matériels de guerre sont positionnés à la rentrée de Tombouctou, sur la route de Goundam. Les pourparlers qui ont commencé avec le CJA ont pris l’allure d’une surenchère « inacceptable », selon une source proche du ministre Ag Erlaf. Ils ont donc été suspendus. Personne ne sait de quoi sera fait demain ?  A suivre.

Chahana Takiou

Source: 22 Septembre