Ni les canons à l’eau chaude ni les gaz lacrymogènes dont dispose les forces de sécurité maliennes ne semblent décourager les jeunes qui veulent marcher demain. Au-delà de l’opposition, de nombreuses organisations de la société civile et des activistes ont exprimé hier (31 mai) leur volonté de participer à cette manifestation pacifique. « Qu’ils nous tuent si c’est cela leur intention, mais nous allons marcher. Si nous ne marchons pas, il n’y aura même pas de campagne électorale», a laissé entendre Bakary Siriman Keita, un intervenant, membre du mouvement CRAJ.

Les religieux aussi étaient présents comme Badenya Ton dont le représentant, Badra Alou, a expliqué que leur Cheick (leader) est pour le maintien de la marche. «C’est nous et notre Cheick qui avons contribué à élire le président IBK en 2013. Je témoigne que c’est le peuple qui va marcher, ce n’est pas l’opposition. Tous les chefs religieux sont pour la marche », a témoigné Badra Alou.

Selon les organisations déterminées à marcher, en voulant interdire la marche, le président de la République et le gouvernement indiquent qu’ils ont des arrière-pensées électorales. Cette marche a été programmée pour protester contre la censure et la mainmise du régime d’Ibrahim Boubacar Keïta sur la radio et la télévision publiques; exiger l’organisation d’une élection présidentielle transparente et crédible. Elle veut aussi dénoncer la guerre civile au centre du Mali et l’instrumentalisation des difficultés de cohabitation intercommunautaire; exiger la fin des coupures d’eau et d’électricité.

Pour les jeunes, le communiqué du gouverneur interdisant la marche est une provocation de la part du gouvernement qui cherche à créer des troubles pour ne pas organiser des élections transparentes. «Nous avons organisé des marches ici depuis l’année dernière et une seule ampoule n’a pas été cassée, il n’y a pas de trouble. L’interdiction de cette marche est donc inacceptable», a déclaré Oumar Traoré, un des nombreux jeunes qui ne voulaient pas entendre parler du report de la marche.

En dehors des 122 partis et organisations membres de la Coalition pour l’alternance et le changement, de nombreux autres partis et de mouvements se sont exprimés pour le maintien de la marche. On notait la présence des représentants des chefs de partis, Me Moutaga Tall du CNID, Modibo Sidibé des FARE, Soumana Sacko de CNAS Faso Hèra et des candidats comme Mohamed Ali Bathily ainsi que Mamadou Igor Diarra. Tiébilé Dramé, Amadou Thiam, Djibril Tangara, Hamadoun Dicko étaient présents en plus de nombreux activistes dont des membres du CDR, Amadou Beidi Daou.

Dans un communiqué conjoint, l’attitude du gouvernement a été dénoncée par les organisateurs de la marche qui mettent le gouvernement devant ses responsabilités. « Les partis, mouvements, associations politiques, organisations de la société civile, personnalités et activistes, organisateurs de la marche pacifique du 2 juin ont appris avec consternation l’interdiction par le gouvernement, sans aucune raison valable, de ladite manifestation. Le prétexte avancé est l’état d’urgence en vigueur depuis 2015 », souligne le communiqué.

Et le même document indique que de 2016 à nos jours, ils ont organisé plusieurs manifestations rassemblant des dizaines de milliers voire des centaines de milliers de personnes, sans aucun incident. «Nous sommes, donc, très étonnés par la mesure gouvernementale qui viole la constitution et la loi. C’est très clairement un abus de pouvoir, une provocation et un trouble à l’ordre public », poursuit le communiqué.

Les organisateurs attirent l’attention de l’opinion nationale et internationale sur la violation de droits reconnus et protégés par la constitution et tiennent le président de la République et le gouvernement seuls responsables des tensions découlant de ce déni de droit. «Pour les organisateurs, l’interdiction de la marche du 2 juin est nulle et de nul effet. Ils invitent l’ensemble des forces démocratiques et populaires à sortir massivement, samedi 2 juin 2018 pour dire NON à la fraude électorale programmée, NON à la censure sur l’ORTM, NON à la guerre civile au Centre, NON aux coupures d’eau et d’électricité, NON à la vie chère, NON à l’insécurité grandissante!

Soumaila T. Diarra

Encadré

Les Signataires

1- la Coalition pour l’alternance et le changement (122 partis, mouvements ou associations politiques, organisations de la société civile et activistes) ;

2- la CNAS-FASO HERE ;

3- le CNID-FYT ;

4- les FARE ANKA WULI ;

5- PIDS

6- Coordination des associations et mouvements des personnes handicapées/Soutien Soumaïla Cissé

7- le FAD (Front africain pour le développement) ;

8- Anw Bè Faso Don ;

9- Badenya Ton et Alliés

10- les CDR (Collectif pour la défense de la République) ;

11- KAOURAL RENOUVEAU ;

12- Plateforme AN TE A BANNA-Touche pas ma constitution ;

13- Plate-forme WILI KA JO Débout sur les remparts

Source: Le Républicain