Le président de la République vient de confirmer dans son entretien accordé à Jeune Afrique que les avions achetés sous son magistère sont cloués au sol faute de maintenance appropriée. Ce que nous avons déjà écrit en rapportant les propos de l’alors chef d’état-major de l’armée de l’Air, le colonel-major Souleymane Bamba. Lisez plutôt.

Depuis l’historique déroute de notre armée en 2012, le débat fait rage autour des moyens mis à la disposition de nos forces pour sécuriser l’intérieur et les frontières de notre pays. Il n’est, malheureusement, pas sur le point de prendre fin avec la sortie du chef d’état-major de l’armée de l’Air, le colonel-major Souleymane Bamba.

«Nous avons deux hélicoptères cloués au sol et qui ne servent à rien». Si l’affirmation venait d’un simple citoyen, d’un soldat ou homme du rang, on ne l’aurait, presque, créditée d’aucune considération et l’aurait mise au compte du contexte actuel de contestation et de protestation tous azimuts. Seulement, c’est le chef d’état-major de l’armée de l’Air, le colonel-major Souleymane Bamba, déçu et très désabusé, qui s’exprimait ainsi.

Très bavard, comme c’est à la mode, désormais, au sein de la grande muette, il rappelle, chez nos confrères de Bloomberg news, dans leur parution du 13 juillet 2017, qu’Airbus a livré à notre pays, fin 2016-début 2017, deux hélicoptères Super Puma. Les deux hélicoptères achetés par le gouvernement, poursuit-il, ne servent à rien pour le moment et n’ont, d’ailleurs, servi à rien depuis leur arrivée.

«Les appareils sont cloués au sol parce que l’armée ne peut pas obtenir les pièces de rechange», argumente le haut gradé. Ainsi, notre pays a investi des milliards dans des équipements militaires à travers l’achat d’hélicoptères, et ces appareils ne servent à rien pendant que tous les jours on parle d’appui aérien.

À l’époque, le gouvernement n’avait pas encore changé et l’actuel Premier ministre était ministre de la Défense ; le Premier ministre n’était autre que Modibo Kéïta (qui s’y connaît en matière de gestion, de bonne gouvernance, signature d’accord etc.). L’information est donc facile à clarifier. Elle doit d’ailleurs l’être d’autant plus qu’acheter des hélicoptères, ce n’est pas comme si on achetait des chaussettes. Ce sont des milliards déboursés par les Maliens dont la gestion doit être obligatoirement justifiée.

Sur ce point, le ministre de l’Economie et des Finances, Boubou Cissé, est fortement interpellé. Lui qui peine à payer notre dette intérieure, mettant en danger la stabilité et menaçant la paix relative que nous connaissons, aurait-il accepté de mettre des milliards dans des hélicoptères qui ne servent à rien ? Quelles étaient ses motivations et celles de tous ceux qui ont participé de près ou de loin à cette supercherie ?

Affaire à suivre

Moussa Touré

 

Source: Nouvelle Libération