L’armée malienne entamera d’ici le 10 février au plus tard son déploiement vers Kidal (nord) afin de reprendre le contrôle de cette ville symbole qui échappe de longue date à l’autorité de l’État malien, ont convenu les principaux acteurs de l’opération selon l’AFP. La commission technique de
sécurité (CTS)  réunie en présence des représentants des forces maliennes, de l’ex-rébellion, de la mission de l’ONU (Minusma) et des différents intervenants étrangers au Mali, avait décidé, jeudi 6 février 2020, début de l’opération de redéploiement et « au plus tard le 10 février.

 

Dans un contexte de grave détérioration sécuritaire au Mali et au Sahel, le retour de l’armée
nationale à Kidal, aujourd’hui sous le contrôle d’ex-rebelles, est anticipé comme une affirmation forte
d’un rétablissement de l’autorité de l’État malien, qui ne s’exerce plus sur de larges pans du
territoire. Dans les faits, les forces maliennes entreraient effectivement dans Kidal quelques jours
après s’être mises en mouvement, le temps de rallier la ville par la piste à partir de Gao, environ 200
km plus au sud, où se trouvent déjà quelques centaines de soldats affectés à cette mission. Le
communiqué de la Commission technique de sécurité (CTS) ne laisse pas apparaître dans quelle
mesure l’opération peut encore être retardée par des impondérables. Le président de la commission,
le général Dennis Gyllensporre, commandant de la force de l’ONU, estimait le 24 janvier déjà que le
déploiement pouvait avoir lieu au 1er février, selon la Minusma. Le retour de l’armée malienne à
Kidal est considéré comme déterminant pour la mise en oeuvre de l’accord de paix d’Alger de 2015.
L’application de cet accord passe pour un facteur primordial d’une sortie de crise au Mali, confronté
depuis 2012 aux insurrections indépendantistes, salafistes et djihadistes et aux violences
intercommunautaires qui ont fait des milliers de morts. Malgré la présence de bases françaises et des
forces onusiennes, Kidal est sous le contrôle d’ex-rebelles séparatistes touareg qui se sont soulevés
contre le pouvoir central en 2012 avant de signer un accord de paix à Alger trois ans plus tard. La
mise en œuvre de l’accord piétine et le sort de Kidal est une source de fortes crispations. Les voisins
du Mali y soupçonnent ou y dénoncent des alliances entre séparatistes et jihadistes. Pour eux, Kidal a

servi de base arrière aux attaques jihadistes. Kidal donne aussi lieu à des accusations contre la
responsabilité imputée à la France dans la situation particulière de la ville, mises en cause que Paris
réfute, mais qui nourrissent certains discours contre la présence militaire française au Mali.
Symboliquement, ce sont des unités dites « reconstituées » de l’armée malienne qui doivent retourner
à Kidal. Ces unités comprennent d'anciens rebelles intégrés dans l’armée conformément à l’accord
d’Alger. Le retour de l’armée malienne à Kidal est censé préluder au déploiement d’autres unités
reconstituées; à Ménaka, Gao et Tombouctou.
Pour le ministre malien des Affaires étrangères, Tébilé Dramé, de la réussite de ce déploiement
découlera du retour de l’administration malienne et des services sociaux de base à Kidal. « D’ici le 10
février, la nouvelle armée nationale entrera à Kidal pour s’acquitter de ses missions régaliennes et
cela se passe dans une bonne intelligence totale avec les mouvements signataires de l’accord d’Alger
», a-t-il fait savoir.

Source AFP avec  K. Komi Le Combat