Jamais, l’armée malienne n’a autant été mal gérée qu’étant sous la houlette de la famille présidentielle. Jamais, les soldats maliens n’ont autant été insultés au point de frôler la démoralisation qu’étant dirigés par une hiérarchie caractéristiquement corrompue. Karim Kéita, fils du Président de la République, IBK, s’est récemment livré à d’inexcusables déclarations sur une antenne de proximité. Ces propos, de par leur extrême gravité, n’ont pas manqué de susciter la plus grande exaspération chez les soldats maliens.

Karim, en effet, non moins président de la commission-défense de l’Assemblée nationale, a déclaré, le jeudi 7 novembre dernier, qu’il n’existait aucun moyen pour que les soldats maliens morts au front, puissent être transportés vers leurs familles respectives pour être inhumés dignement. En d’autres termes, ces militaires loyalistes, techniquement appelés « premiers citoyens » de la République, en raison de tout ce qu’implique leur ultime sacrifice pour la nation, sont très souvent enterrés comme ils sont été sauvagement tués sur différents champs de bataille. Cela, sans le moindre honneur militaire.

C’est, par conséquent, le lieu de confirmer des propos récemment tenus par l’Honorable Soumaïla Cissé, Chef de file de l’opposition, lors d’un meeting de son parti et lesquels propos n’ont pas manqué de créer un vif émoi au sein de l’opinion nationale. « Les soldats maliens sont enterrés d’une des plus indignes des manières. Après qu’ils aient été tués au front, les dépouilles de nos braves sont horriblement entassées dans une grande fosse et enterrées sans même qu’on ne leur enlève leurs tenues et chaussures », a-t-il déclaré. « Les familles des soldats maliens morts, n’ont plus droit à leurs dépouilles », a-t-il ajouté devant une foule de concitoyens, à la fois, stupéfaite et révoltée.

Karim, sans donc songer au possible élan de démoralisation que d’aussi graves révélations pourraient provoquer au sein de l’armée, s’est gaillardement permis d’évoquer un « manque de moyens » de l’Etat pour ramener les soldats morts au bercail afin qu’ils puissent bénéficier de la suprême reconnaissance nationale due à leur engagement patriotique. Pourtant, une partie des ressources budgétaires, à coûts de milliards, et qui sont engloutis sans traçabilité par des réseaux mafieux solidement implantés au sein du système de gestion publique, en complicité avec la hiérarchie militaire, pourraient largement servir à enterrer dignement ces centaines de jeunes soldats maliens chaque jour massacrés comme des insectes sans presque aucun remord des plus hautes autorités.

Aussi, les centaines de millions grivoisement injectées dans la java et autres plaisirs de luxe à Bamako, aussi bien que les ressources incalculables goulument dépensées par Karim Kéita dans des voyages de jouissance pendant des weekends à l’étranger, pourraient être rationnellement économisées pour servir à soulager l’amertume de ces milliers de soldats qui attendent, chaque jour, d’être tués avant qu’une avalanche de compassions hypocrites et frustrantes du Gouvernement pleuve sur leur mémoire. C’est comme si ces nombreux morts ne signifiaient plus rien pour le sommet de l’Etat au point que le fils du président se permette, avec une légèreté déconcertante, de faire entendre que l’Exécutif n’avait pas les moyens de leur offrir des funérailles dignes et nationalement honorables.

C’est pourquoi, l’artiste malien, Salif Kéita, dans sa dernière vidéo qui a enflammé la toile, a ouvertement demandé à IBK de faire porter des tenues militaires à ses propres fils, Karim et son frère cadet Bouba, et les envoyer au front afin qu’il puisse, lui-même, mesurer l’angoisse quotidienne de ces milliers de familles de soldats. Au lendemain des propos graves, tenus par Karim Kéita au sujet d’une supposée incapacité financière de l’Etat à inhumer respectueusement les soldats morts, les hommes en tenue sont entrés dans une colère noire qui a manifestement porté un coup sévère à leur moral.

Source: La Sirène