Après les dozo, les peulh, c’est désormais autour des bozo de créer leur milice d’auto-défense pour, dit-on, de protéger leurs communautés. La création systématique de ces groupes de milices consiste une menace grave pour la stabilité du pays. Dans un pays en proie à l’insécurité, une milice à caractère sectarisme, racial est porteuse de germe de division, d’affaiblissement de la cohésion et de l’unité nationale. 

 

Un autre groupe auto-défense est créé. Cette fois-ci, par les bozo qui veulent aussi prendre en main leur sécurité en l’absence des forces de sécurité maliennes. Plus en détail, des responsables de cette communauté affirment : « Nous avons pris les armes pour nous protéger afin d’exercer notre métier de pêche. C’est dans cela que nous vivons, nous nourrissons nos familles, nous nous prenons en charge. Depuis que nous sommes nés, c’est ça que nous avons appris comme travail et c’est comme notre culture, notre identité Bozo au Mali. Aujourd’hui, nous nous sentons menacés, c’est pourquoi nous avons pris les armes pour nous protéger au travail pas pour faire du mal à une personne. On est ici chez nous. Si l’État n’a pas pu nous sécuriser, donc on va se sauver la vie. On a fait cette vidéo pour montrer au monde entier de quoi on subit. »

À ce rythme, chaque communauté va créer son groupe d’auto-défense pour assurer la sécurité de ses membres. Une contagion très dangereuse pour notre pays dont la cohésion sociale et le vivre ensemble sont plus que jamais mis à rude épreuve. Mais face à la peur et au sentiment d’abandon, c’est la règle de survie pour ces communautés même si la création de milices est loin d’être une solution à l’injuste, à l’insécurité, entre autres.

Pour preuve : les premières communautés à se lancer dans la mise en place des groupes auto-défense peinent toujours à empêcher les tueries en leur sein, l’assassinat, le drame dans leur terroir. En tous cas, selon des experts, ces groupes d’autodéfense, comme l’on a vu, ont apporté des solutions immédiates, mais précaires à la carence sécuritaire constatée dans la vie des communautés. Ils ont surtout contribué à aggraver l’état d’insécurité dans certaines localités, en concurrençant les forces loyales et même en les combattants dans une certaine mesure.

Face à la situation, c’est à l’État de s’assumer. Mais hélas, à cause de la faiblesse de ses moyens et du manque d’autorité de la force publique, c’est une mission presque impossible pour lui. En outre, le pouvoir a créé une jurisprudence en laissant des communautés le soin de créer les moyens d’assurer leur défense contre, comme disent-elles, des ennemis. Pire, aujourd’hui, l’État est incapable de désarmer ces groupes auto-défense.

Et continuant à faire du semblant face à la prolifération des milices, implicitement l’Etat cautionnerait l’affaiblissement du tissu social et le vivre ensemble sur son territoire. Hier, c’étaient des communautés du Nord. Comme un phénomène contagieux, aujourd’hui, ce sont les Dogons, Peulhs et Bozo. Demain, ce serait le tour de quelle autre ethnie ?

À ce rythme, le pays risque de se retrouver avec une multitude de milices d’auto-défense qui peut avoir comme conséquence, le risque d’une guerre civile. En somme, le Mali est en train de glisser dans l’anarchie.

Par Sikou BAH

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