Décidément, un malheur ne vient jamais seul. La nouvelle du second massacre d’Ogossagou, survenu un an après une première horreur, est tombée quand éclatait le scandale de l’acquisition de blindés défectueux, comme révélé dans nos colonnes.

Face à cette incurie monumentale, préfigurant peut-être d’autres désastres militaires pour cause de matériel défectueux, le chef de l’Etat n’a pu contenir sa colère. Selon les informations en provenance du palais, IBK serait plus que jamais déterminé à mettre des têtes sur le billot. Il a fallu en effet le courage du Général Drabo pour éventer la supercherie.

Le ministre de la Défense et des Anciens combattants, le Général Ibrahim Dahirou Dembélé, s’est même fendu, contraint qu’il était par les événements, d’un communiqué pour assurer que le remplacement des blindés non conformes (une façon de jeter un voile pudique sur la supercherie) serait en cours.

Pourtant, le MDAC affirme qu’il s’agit de 100 blindés, quand les annonces triomphales, par les services de la Primature, avançaient le chiffre de 130 blindés. Comme avec les avions Tucano, qui étaient au départ au nombre de six (6), avant d’être ramenés à quatre (4), prépare-t-on déjà les esprits pour un Typhoongate ? Que sont devenus les 30 autres véhicules supposés blindés, même en état de camelote, comme refusé par le Général Drabo ?

Comme pour dire que la hiérarchie a été particulièrement éclaboussée par cette énième affaire qui n’a pas encore fini de révéler tous ses dessous. Celle-ci survient à la suite de nombreuses autres affaires de surfacturations et surtout d’acquisitions de matériels défectueux, obsolètes et inadaptés, destinés à l’armée malienne ; aujourd’hui, une des armées les plus mal nanties de l’Afrique, en termes d’équipements, et qui subit, en conséquence, des revers de plus en plus sanglants. La chaîne d’acquisition de ce matériel est connue, des avions Tucano aux hélicoptères «katakatani», en passant par les chaussettes à 20.000 Fcfa la paire, etc.

Reste à savoir si le chef de l’Etat, comme dans le cas du second massacre d’Ogossagou, ira au bout de sa détermination dans sa «volonté» de sévir. IBK a habitué les Maliens aux limogeages spectaculaires de cadres défaillants de l’armée, à l’image du Général Mahamane Baby, l’inamovible chef d’état-major général adjoint, avant de les rappeler à de plus hautes fonctions dans la hiérarchie, avec toujours un galon de plus. Comme une prime à l’incompétence !

Moussa Touré

Source: Nouvelle Libération