Le massacre auquel nous assistons encore au Centre du Mali est tout simplement inadmissible après toutes les atrocités déjà commises sur les populations.

Le hameau de Sobane Da, aujourd’hui meurtri et martyrisé, nous prouve à suffisance jusqu’où la déliquescence de l’État malien est avancée et si on n’y prend garde, nous n’aurions même plus nos yeux pour pleurer. On avait nourri l’espoir que l’État prendrait des dispositions efficaces et efficientes après ce qui s’est passé à Ogossagou pour que l’ennemi n’ait plus jamais le temps de commettre de telles atrocités et de repartir en toute tranquillité. On se rend compte à présent que la réalité est loin de nos espérances. L’État malien semble être en totale putréfaction ; les forces de sécurité nationales et internationales s’avèrent plus qu’impuissantes pour donner le moindre espoir. On comprend mal que des forces organisées avec les moyens qui sont à leur disposition et la formation à des niveaux très élevés se fassent chaque fois surprendre par des gens sans formation, agissant par petits groupes.

Il n’y a plus d’illusion possible après tout ce qui se passe que l’État ne peut plus faire face à la sécurité des populations, la politique du médecin après la mort nous conduit chaque jour vers un désastre annoncé qui va non seulement achever l’État et en même temps plonger les populations dans un cycle infernal de vengeance et de revanche.

Il est grand temps que chaque Malien prenne conscience du péril qui nous guette et que les populations à tous les niveaux s’organisent si elles ne veulent pas être des proies faciles. On l’a toujours décrié : les Nations unies ne sont jamais une solution à une crise sécuritaire. Si un Etat est défaillant, alors bonjour les dégâts et c’est ce qui se produit actuellement chez nous !

Reste que le Mali est un pays béni, un pays qui a des ressorts solides grâce aux liens de lait et de sang qui nous unissent.

La présence même des forces étrangères parmi nous constitue un handicap pour nous car, leur rôle est ambigu. Si elles ne nous aident pas, elles peuvent s’avérer dangereuses si elles collaborent avec les ennemis. Des hélicoptères et des drones atterrissent en tout lieu sur le territoire sans que personne ne sache dans quel but, et chaque jour qui passe, la situation devient pire. Prenons notre courage à deux mains en leur demandant tout simplement de rentrer et redéployons notre armée sur toute l’étendue des zones menacées. Nous avons juré sur l’honneur de défendre notre pays, même au prix de notre vie. Aucun militaire ne doit être en vie pour assister à la dislocation de notre pays. La forte concentration de nos militaires dans la capitale pendant que les nouvelles recrues sont exposées à la mort sur les champs de bataille est une insulte pour notre armée. Que nos militaires prennent conscience qu’ils sont les derniers remparts pour la défense de notre pays et aucun général ne peut être fier de rester à la maison ou au bureau pendant que le pays est sur le point de disparaître sous les coups de boutoir de gens moins aguerris et peu formés comme eux.

L’État, les militaires, les patriotes convaincus, la société civile doivent se mobiliser sans plus tarder pour prendre le taureau par les cornes en se mettant au-devant de la scène pour redonner espoir aux populations qui ont besoin d’être remotivées.

AlmatarMahamar Touré

Source: Le Démocrate