Sommet initialement prévu en décembre

* Il devrait déboucher sur une déclaration commune

* Paris attend une “clarification”, un modus operandi commun

PARIS, 13 janvier (Reuters) – Un sommet sur la situation sécuritaire au Sahel se tient ce lundi à Pau en présence d’Emmanuel Macron et des dirigeants du G5 (Mauritanie, Mali, Burkina Faso, Niger, Tchad) pour clarifier le cadre de l’engagement français dans la région et adopter une feuille de route commune face à une menace djihadiste persistante.

Initialement prévue le 16 décembre, cette réunion à huis clos qui se déroulera au château de Pau (Pyrénées-Atlantiques) en fin d’après-midi avait été annulée après une attaque, revendiquée par l’Etat islamique, contre la base militaire d’Inates au Niger qui avait causé la mort de 71 soldats nigériens.

Signe d’une sécurité précaire dans la région, le Niger a été une nouvelle fois le théâtre d’une attaque contre un camp militaire, jeudi, à Chinagodrar, toujours dans la zone dite des “trois frontières” entre le Mali, le Niger et le Burkina Faso, où se concentre l’essentiel des attaques de ces derniers mois.

Les autorités nigériennes ont fait état de 25 soldats tués et de 63 “terroristes neutralisés” mais selon quatre sources sécuritaires, le bilan pourrait être beaucoup plus important, avec 89 soldats tués, soit la plus lourde perte enregistrée par le Niger depuis le regain de l’activité des groupes djihadistes en 2015.

Face à ce “décrochage” des “armées malienne, burkinabée et nigérienne, qui ont toutes enregistré au cours des derniers mois des lourdes pertes”, il est urgent d'”identifier un ennemi commun, une zone prioritaire et un modus operandi commun”, souligne-t-on à l’Elysée.

“DÉCLARATION COMMUNE”

Le sommet de Pau visera donc à “élaborer une déclaration commune”, endossée à la fois par les pays du G5 Sahel et par la France, qui “permettra de clarifier les attentes de nos partenaires, d’aboutir à une convergence des objectifs”, avec une clause de rendez-vous fixée à dans six mois, ajoute-t-on.

Au-delà du “décrochage sécuritaire” des armées locales, la France, qui mobilise dans la région depuis 2014 quelque 4.500 soldats dans le cadre de son opération Barkhane, attend également de ses partenaires des prises de parole fortes face à la défiance des opinions publiques.

Ces dernières années, la présence française et celle de 13.000 casques bleus de la Minusma au Mali ont en effet été à plusieurs reprises remises en cause par habitants et militants qui dénoncent des “forces d’occupation” et ont organisé plusieurs manifestations, notamment au Niger.

“Je ne peux ni ne veux avoir des soldats français sur quelque sol du Sahel que ce soit alors même que l’ambiguïté persiste à l’égard de mouvements anti-français, parfois portée par des responsables politiques”, a prévenu Emmanuel Macron début décembre, après la mort de 13 soldats français, évoquant pour la première fois un possible retrait de la région.

“L’option du retrait a été mise sur la table, d’aller vers une décrue de notre engagement au Sahel mais tout cela va être corrélé à des jalons très précis : la mesure des résultats militaires et en miroir le respect des engagements politiques pris par nos partenaires sahéliens”, précise-t-on à l’Elysée. “On va se fixer des jalons très précis sur le plan militaire et le plan politique et à l’été prochain nous procéderons à l’examen de ces jalons. A ce moment là, toutes les options seront ouvertes.” (Marine Pennetier, édité par Sophie Louet)