Les jeunes leaders politiques de tous bords, les responsables associatifs, les leaders d’opinion, les artistes se sont réunis ce samedi 15 juin dans l’après-midi au monument de la paix à Bamako. Objectif : se recueillir à la mémoire des victimes de l’attaque contre le village de Sobane Da.

Dès 16 heures ce samedi 15 juin, au monument de la paix à Bamako, ils étaient une centaine à se recueillir en mémoire des 35 vies fauchées à Sobane Da lors d’une attaque le 10 juin 2019. Parmi eux, des anonymes, mais aussi des responsables des partis politiques et de la société civile (Aboubacar Sidiki Fomba, Cheick Oumar Diallo, Souhel Moulaye, Abdramane Diarra, Master Soumy, Adam Dicko, Malick Konaté, Djimé Kanté, Moussa Nimaga, Abdoul Niang…)

Des mains croisées, des têtes baissées, des visages fermés, des regards perdus dans le lointain, des jeunes pour la plupart, c’est comme une grande famille unie dans le deuil que sont apparus les jeunes à la place du monument de la paix.

Maintes fois, on a vu cette même scène, un jeune qui noue un ruban noir au bras d’un nouvel arrivant, on remarquait sur les pancartes : « Je suis malien, je suis Dogon, je suis Peul », le tout devant une grande banderole avec la mention : «  la jeunesse malienne en deuil, à la mémoire des 24 enfants lâchement tués au village de Sobane-Da.»

Si l’heure est au recueillement et à la tristesse, certains avouent leur amertume face à la situation qui prévaut aujourd’hui dans le centre du Mali : « Quelque part, nous sommes tous responsables de la situation. Mais que des jeunes des partis politiques antagonistes se rassemblent est déjà un bon signe », a déclaré Djimé Kanté.

Pour l’artiste Master Soumy, il ne faut pas s’arrêter en si bon chemin. « Nous devons, ensemble, prendre d’autres initiatives pour montrer notre tristesse afin que ces tueries prennent fin. Le monde entier est aujourd’hui présent au Mali. Les soldats présents au Mali dépassent tout entendement. Toutes les forces sont présentes au Mali : Minusma, Barkhane, G5 Sahel… Ils sont venus de partout. Mais nous sommes toujours dans le pétrin. Il est temps que les autorités maliennes, les amis du Mali et le monde entier nous disent la vérité », explique le rappeur.

« Nous avons perdu 35 personnes dont 24 enfants bien désarmés face aux kalachnikovs qui les ont tué », selon Moussa Camara qui est venu de Kati pour être présent à la cérémonie.

Cheick Omar Diallo, le président de la jeunesse du parti ADP Maliba et initiateur de la cérémonie de recueillement, explique que le but du rassemblement est de prier pour les enfants tués. «C’est aussi pour dénoncer l’inacceptable. Il faut que ce qui s’est passé ne se reproduise plus jamais.»

Après les différents témoignages, il y a eu l’allumage symbolique des bougies pour chaque victime par les responsables de la jeunesse des partis politiques et par les leaders de la Société Civile présents. Puis, des religieux ont prié pour le repos des disparus et le retour de la paix au Mali.

En cercle autour du monument, main dans la main, l’hymne national du Mali a été entonné ensemble pour clore la cérémonie.

Dans la soirée du dimanche 10 juin dernier, des hommes armés, soupçonnés d’être des terroristes, selon le gouvernement malien, ont mené une incursion dans le village de Sobame Da, situé dans le cercle de Bandiagara. Bilan: 35 morts, des portés disparus, plusieurs animaux abattus et des maisons incendiées. Le mercredi 12 juin 2019, les autorités maliennes ont  décrété trois jours de deuil national en hommage aux victimes de l’attaque contre le village de Sobane Da le 10 juin 2019.

 Madiassa Kaba Diakité 

Source: Le Républicain