Le Gouvernement du Mali a livré comme à son habitude un communiqué sur les tueries au camp de gendarmerie de Sokolo. C’est un bis repetita, la même rengaine qui ne situe jamais les responsabilités. Aucune leçon n’est tirée.

C’est pénible de vivre cette chronique des journées d’hécatombe qui se suivent comme un chapelet que l’on égrène.
Combien de camps militaires ont été attaqués depuis 8 ans. Combien de villages ont été décimés.
Le premier camp à subir une massive attaque a été le camp militaire d’Aguel Hoc. C’était le 18 janvier 2012. Les assaillants étaient le MNLA et Ansar Eddine de Iyad Ag Agaly. Le camp qui était sous le commandement du Capitaine Amadou Traoré, a résisté jusqu’ à l’aube du 24 juin. 100 soldats sortis vivants de la confrontation y avaient été cruellement exécutés.
Depuis 4 ans le mode opératoire d’attaques des camps et des villages est le même. Des hordes d’hommes sur des motos, organisent contre eux des assauts meurtriers à l’aube, toujours à l’aube. Et à chaque fois ils surprennent les occupants.
Ils les tuent sauvagement, pillent, incendient avant d’emporter véhicules, et autres biens. Ils ont même répété l’opération dans les camps militaires de Léré, Diabali, Gourma Rharous, Dioura avec des résultats toujours tragiques pour nos forces armées et de sécurité. C’est révoltant de voir l’état abandonner ses obligations de préserver la vie de ses citoyens.
S’il est compréhensible qu’un village soit surpris, il n’est pas acceptable qu’un camp militaire le soit parce que par définition il doit être sur le qui vive à tout instant, toute heure de la journée et de la nuit en temps de paix. En temps de guerre, la vigilance doit être redoublée. Des mesures tactiques doivent être élaborées pour prévenir les attaques à venir.
Comment des dizaines de motos, de véhicules peuvent circuler bruyamment sur des centaines de mètres voire des dizaines de km sans que l’on ne s’en aperçoive et que l’on ne se prépare à les accueillir, ou à les intercepter en dehors du camp. Une fois passe encore mais tout le temps cela dépasse tout entendement.
Il n’est pas besoin de faire une école de guerre pour imaginer de telles mesures de prévention. L’explication de ces drames douloureux est dans le peu de soucis de ceux qui ont en charge la sécurité la défense, les renseignements.
Est- ce trop demander de protéger les alentours d’un camp, de disposer de possibilités d’informer à partir de postes de garde à 300÷500 mètres des 4 coins du camp indépendamment des villages alentours qui peuvent aussi servir.
Et puis où vont ces motos, ces véhicules volés, une fois leur forfait réalisé. Le ratissage toujours annoncé par le communiqué du gouvernement n’a jamais rien donné. Mais où peuvent se cacher les assaillants de Diabali, Léré, Sokolo? Pas besoin de voir un géomancien ou d’être une lumière pour comprendre.
Je continuerai à indexer la France mais tout de même il nous faut balayer devant notre porte et arrêter de livrer notre pays à nos ennemis.
Depuis Pau, les agressions se multiplient dans les trois pays du Burkina, du Mali et du Niger. La décision de privilégier le triangle du Gourma est remise en cause. Que faire?
– préparer les camps militaires autrement
– préparer les villages
– etc, les militaires qui aiment leur pays et ils sont légions le savent. Ils peuvent imaginer des stratégies pour contrer ces attaques.
Mais la balle est ailleurs
– Comment les autorités en charge des forces de défense et de sécurité à commencer par le Chef de l’Etat, Commandant Suprême des forces armées et de sécurité en passant par le Premier ministre (PM), les 2 Ministres de la Défense et de la Sécurité, les Officiers supérieurs, la Sécurité d’État, peuvent- ils assister impuissants à ces carnages qui se suivent avec le même mode opératoire?
– Comment peuvent- ils accepter sans imaginer des solutions préventives, ces massacres répétitifs de nos militaires dans les enceintes de leurs camps?
– Comment des dizaines d’hommes armés peuvent- ils traverser en motos bruyantes nos savanes, et circuler en temps de guerre sans être aperçus?

SISSOKO Cheick Oumar

L’Inter de Bamako