Le capitaine Amadou Sanogo (d) a contraint Cheick Modibo Diarra à la démission, le qualifiant de «point de blocage». REUTERS

Le capitaine Amadou Sanogo (d) a contraint Cheick Modibo Diarra à la démission, le qualifiant de «point de blocage». REUTERS

Il y a tout juste un an, le 22 mars 2012, le Mali était le théâtre d’un inattendu coup d’Etat. Le capitaine Sanogo, à la tête d’une junte militaire, renversait le président Amadou Toumani Touré. Un an après, le capitaine Sanogo et les hommes du camp de Kati sont toujours là et interviennent dans la gestion politique de la transition. Comment expliquer cette situation ?

C’est l’accord-cadre concocté en avril dernier par la médiation burkinabè de la Cédéao qui a consacré la junte et son chef le capitaine Sanogo comme acteurs politique de la transition.

Cette insolite cohabitation entre le coup d’Etat et la Constitution débouche très vite sur un premier drame. Le chef de l’Etat fait l’objet d’une tentative d’assassinat. Le 12 mai, une horde de partisans putschistes chauffés à blanc investissent le bureau de Dioncounda Traoré et le passent à tabac. L’enquête après le dépôt d’une plainte contre X n’a toujours pas abouti.

Deuxième acte, le Premier ministre est débarqué. En décembre, Cheik Modibo Diarra qui a perdu les faveurs de la junte, est interpellé et démis par les hommes de Kati.

Les 9 et 10 janvier dernier, alors que les groupes jihadistes qui occupent le nord du pays progressent dangereusement vers le sud, des manifestants pro-junte descendent dans les rues de Bamako pour réclamer le départ du président. Dans la nuit, Dioncounda Traoré se retrouve consigné. Un nombre important de militaires se déploie autour de son domicile. L’événement, passé inaperçu, a probablement convaincu le président français François Hollande de donner très vite le 11 janvier le feu vert à l’intervention militaire française.

Faiblesse du pouvoir politique

Depuis un an, les putschistes du 22 mars tirent ainsi les ficelles, se permettent d’arrêter élus, hommes politiques et journalistes sans rendre compte au pouvoir civil qui a échoué à s’imposer.

Depuis un an, le Mali ressemble ainsi à un bateau à la dérive qui a bien du mal à trouver son cap. L’accord-cadre d’avril 2012 a placé le pays sous un régime transitoire, instable, avec un exécutif civil sous surveillance des ex-putschistes.

« Le péché originel, c’est cet accord-cadre », explique un acteur politique malien qui voit là l’origine de l’immobilisme institutionnel. « Le président de transition et son Premier ministre font ce qu’ils peuvent », reconnaît un universitaire. Mais ils n’ont pas su envoyer des signaux politiques, forts, indispensables, pour construire un projet d’avenir. La commission de réconciliation, par exemple, tarde à se mettre en place.

Pour le politologue Mamadou Sanaké, la responsabilité est générale. La classe politique gagnerait à faire sa propre introspection pour redevenir une force de proposition au service du peuple et non une simple machine électorale. Selon un diplomate malien, la classe politique est décrédibilisée par des années de corruption et de prébendes. Quant à la société civile, elle est aussi depuis trop longtemps absente du débat.

Selon ces observateurs, l’attente du peuple malien est pourtant immense. Le peuple est fatigué par la médiocrité de ses représentants et avide d’un changement profond vers un Etat véritablement démocratique.

 

A Bamako, une population déçue

Reportage

Je pense que le coup d’Etat n’a servi à rien et qu’il a même fait reculer le pays pendant vingt ans.

Par RFI