Dans le souci de susciter le débat entre les écrivains ou d’autres hommes de culture et le public, l’association Acte Sept vient d’initier un café littéraire et artistique, qui aura vu débattre, le samedi 5 juin dernier, le livre  » Mali, Château de cartes « , témoignage d’une crise de la Néerlandaise Mirjam Tjassing.

Selon le président de l’association Acte Sept, non moins président de la Fédération des Artistes du Mali, Adama Traoré,  » il nous faut aujourd’hui travailler sur la conception et la création des espaces de dialogue de ce genre « . Toute chose qui nous manque le plus dans ce pays, qui dérive de plus en plus dans les commérages. Ainsi, à travers l’initiation de ce café littéraire et artistique, l’association Acte Sept entend susciter des débats francs répartis sur des preuves tangibles, favoriser des échanges d’idées et apporter la contradiction. «  Parce qu’on ne peut pas construire une démocratie si l’on a pas la capacité d’accepter le dialogue, de pouvoir s’exprimer, de donner son opinion et accepter qu’il y ait des critiques. Donc, à travers un espace comme celui-ci, nous espérons développer ce sens critique. C’est cela l’objectif que nous visons à travers la création de ce café littéraire et artistique « , a expliqué Adama Traoré.

Pour ce dernier, le choix du livre de Mirjam Tjassing s’explique par le fait que n’étant même pas Malienne, cette femme, par amour du Mali, a pris des risques allant jusqu’à démissionner de son poste de diplomate pour pouvoir parler de la situation du Mali.  » En général, c’est la langue de bois qui prévaut chez beaucoup de ces diplomates mais elle, elle a décidé de parler avec passion. Donc, c’était important pour nous d’avoir ce regard extérieur d’une autre personne sur nous, parce qu’elle, elle est dans la justesse, elle est vraiment dans un cri du cœur par affection pour le Mali « , a-t-il plaidé.

Une seconde raison pour laquelle l’association a opté pour cet ouvrage est relative au fait que son auteur est une femme.  » Nous aimerions que beaucoup de femmes puissent prendre aujourd’hui la parole. Nous sommes dans un pays où la population est constituée à 51% de femmes, d’après les statistiques, et nous ne pensons pas que 49% puissent tirer 51%. Il faut créer aujourd’hui des espaces où les femmes puissent témoigner, dire ce qu’elles pensent et veulent « , a-t-il poursuivi.

Rappelons que ce livre de Mirjam Tjassing parle de son arrivée  au Mali en tant que Conseillère à l’ambassade des Pays-Bas, qui a coïncidé avec les évènements de Mars 2012, suite auxquels son pays avait décidé de fermer son ambassade. Le temps de déballer ses affaires, l’auteur voit tous les pays partenaires décider de quitter le Mali mais elle, à travers la Coopération des Pays-Bas, pense que c’est dans les moments de difficultés qu’on reconnaît les vrais amis. Elle décide alors de rester et d’essayer d’ouvrir les portes de l’ambassade et de prendre contact avec différentes couches socio-culturelles.

Dans son œuvre, l’auteur aborde plusieurs questions liées notamment à la sécurité, à la politique, à la culture, entre autres. En effet, contrairement à la communauté internationale qui, dans sa globalité, pensait qu’il fallait aller directement aux élections, dans cet ouvrage l’auteur raconte avoir toujours attiré l’attention sur la nécessité pour notre pays de repenser d’abord les fondamentaux, faire les réformes avant d’organiser les élections, afin d’éviter les crises répétitives. « Aujourd’hui, nous avons intérêt à lire ce livre et à nous demander dans quelle mesure nous ne pourrions profiter de cette transition pour procéder à la vraie refondation de l’Etat afin de repartir sur des bases beaucoup plus saines, au lieu de nous précipiter pour aller à des élections « , a conclu le président de l’association Acte Sept.

Moussa Bilaly SIDIBE

Source: l’Indépendant