Le Premier ministre, Choguel Kokalla Maïga, a présidé la Journée d’études sur Fily Dabo Sissoko ce samedi 18 juin 2022 à l’Université des Lettres et des Sciences humaines de Bamako (ULSHB) à Kabala. Au regard de la thématique choisie, il a d’abord souligné la grande importance de la cérémonie qu’il a qualifiée d’événement exceptionnel consacré à un homme dont l’itinéraire est tout aussi singulier. Un autodidacte «qui force l’admiration et le respect».

Le Chef du Gouvernement a ensuite remercié les institutions universitaires du Mali et des Etats-Unis d’Amérique, notamment l’Université de Floride, partenaire de l’ULSHB représenté, entre autres, par les professeurs Alioune Sow et Chérif Keïta. Avant de faire un rappel du parcours de Fily Dabo Sissoko dont le destin s’est joué, a-t-il révélé, le jour où il a eu l’audace, à l’Ecole normale de Gorée, de rédiger un commentaire sur “Les Aventures de Télémaque (de Fénelon)”.
Le commentaire repris dans le livre intitulé “La Savane rouge” résume à lui seul la nature de l’homme et rappelle l’actualité brûlante des relations franco-maliennes : «J’avais lu Télémaque et devais en faire un compte-rendu. Mon analyse porta sur l’absolutisme des souverains ; sur l’orgueil qui perd les conquérants et ruine leur puissance ; pour aboutir aux conclusions suivantes : rien ne justifie la conquête de pays étrangers ; aucun Etat, si puissant soit-il, n’a le droit d’en subjuguer un autre, quelles que soient ses intentions.
Il en résulte que la colonisation n’a pas de fondement moral ; que tout peuple asservi a le devoir de secouer le joug».
L’enfant de Niambia paiera chèrement cette audace d’un échec à l’examen de sortie mais qui se révélera plus tard salutaire lorsque son chemin croisera, à Ouagadougou, celui de l’administrateur des colonies, Fernand Froger, «qui reprit entièrement sa formation et, surtout, lui inculqua le goût de la lecture et la soif inassouvie de savoirs, faisant du modeste instituteur un des plus brillants intellectuels de son époque et réveillant, du coup, le génie qui dormait en lui», a ajouté le Premier ministre.
L’amitié de Fily Dabo Sissoko avec son cousin Mamadou Konaté, qui a survécu aux rivalités politiques, son combat pour la défense de l’authenticité de la culture africaine, l’émancipation de la tutelle coloniale, le devenir des colonies françaises et sa lutte contre le déni d’identité culturelle imposé aux Africains, telles sont quelques-uns des éloges de Choguel Maïga à cette sommité intellectuelle.
Fily Dabo Sissoko s’est, en effet, illustré, selon lui, par «une œuvre littéraire dont la qualité, la densité, la diversité et l’originalité séduisent les observateurs les mieux avisés» avec plus d’une trentaine d’ouvrages (essais, roman, recueils de poèmes et de nouvelles) et plus d’une dizaine d’articles sur les valeurs traditionnelles, le combat politique. Des talents confirmés en 1966 au Festival mondial des arts nègres à Dakar où la mention spéciale du jury lui a été attribuée à titre posthume pour son ouvrage “La savane rouge”, une distinction qui sera récupérée par le Mali, a promis le Premier ministre.
La Journée a été marquée par la qualité des communications sur plusieurs thèmes inspirés de l’œuvre de Fily Dabo Sissoko
CCRP/ Primature