Depuis belle lurette, on se plait à dire que le Malien s’inscrit en faux contre la logique cartésienne qui dit que rien ne sert de courir, il faut partir à point. Chez nous au Mali, le citoyen lambda ne fait que courir et toujours courir et cela depuis la première Republique. «   Struggle for life or struggle for nothing ; quien sabe ? « . Les derniers évènements pénibles que vit le pays, nous incitent à croire que le Mali n’avance que grâce à un illogisme lubrifié tous les jours et souvent à bon escient.

En effet, comment comprendre que quand les amis se font tuer pour nous, nous ne trouvons rien d’autre à faire que de nous adonner à des querelles de chiffonniers ? Certaines revendications corporatistes se font jour au moment même où des coupes drastiques sont opérées sur les budgets de fonctionnement des services étatiques.La logique serait-elle en récréation ? On vient nous aider pour expulser les djihadistes poueux dans le Nord , en même temps on nous interdit d’aller libérer Kidal sans que nous ne disions mot laissant ainsi les zazouwadiens se livrer à leurs forfaitures puériles. La logique serait-elle en divagation dans les dunes de sable ? Pendant que les alliés détruisent les véhicules saisis sur les rebelles, et que d’importantes sommes d’argent tombent regulièrement dans la gibecière afin de doter nos sofas de logistique, l’on justifie notre absence à Kidal par le manque de véhicules adaptés. Ceux qui ont été détruits et ceux qui ont déjà été achetés seraient-ils en panne de carbotage ? La logique s’évapore-t-elle ? On nous impose une date butoire pour organiser les élections tout en sachant qu’une portion du territoire demeure encore occupée.

La logique serait-elle constipée ? Seul un guinarou pourra réussir une telle prouesse. On nous demande de dialoguer tout de suite avec ceux qui ont pris les armes et qui continuent de provoquer tout un peuple. Avouez que la logique, en pareille situation, aura la bouche pleine de tabac à chiquer.

Retournons à Bamako pour constater que malgré l’Etat d’Urgence, les mariages se font en toute pompe avec cortège et sirène sans qu’aucune autorité ne réagisse. La logique serait-elle polygame ? Au niveau du tribunal, le nombre exponentiel de divorce ne nous autorise-t-il pas à ne pas célébrer les mariages avec faste ? La logique va-t-elle se noyer dans le djoliba ? Dans les différents « grins » on ne parle que de la chèreté de la vie tout en sachant que si les poches se caractérisent par une sécheresse avérée, la mentalité n’est point conjoncturée au regard de nos dépenses quotidiennes. La logique élira-t-elle domicile dans le caniveau ? Nous applaudissons toujours la moindre petite augmentation de nos salaires en sachant bien que dès le lendemain, le prix des produits de première necessité empruntera l’ascenceur.

La loge -t-elle été cuite dans la marmite ? Chers lecteurs, il ne nous reste plus qu’à prier qui de droit pour que l’illogisme ne puisse phagocyter la logique dans les partis politiques à cette entame des élections sinon, il ne restera plus à notre démocratie si chèrement acquise qu’à se noyer dans la mare désacralisée de Katmandou. Epousons donc la logique et non une sirène aux yeux de hibou. Que Dieu sauve le Mali et les Maliens.

                                                Mamadou Roche KEITA