Salut à toi, me voila de retour après un long périple dans le delta, pendant lequel j’ai rencontré beaucoup de tes parents et appris beaucoup de choses. Tu as le bonjour de Sambourou, et Amadou Dioro et Hindi. La vie tente de reprendre progressivement son cours normal, malgré les conséquences très visibles et l’insécurité endémique. Dans le  bled, on assiste à l’émergence de nouveaux  môgôs puissants. Par le faite qu’ils détiennent la gâchette, ils en imposent aux autres et malheur à toi s’ils posent leur regard sur ta fiancée. L’ancienne hiérarchie sociale a été bouleversée, certains de tes anciens matioudôs se comportent en maîtres. Même les gnièibè, ou les prestataires sociaux n’ont plus de quoi à vivre. Nombreux sont ceux qui se sont refugiés à Bamako ou l’on peut célébrer les mariages et baptêmes avec faste. Ceux qui sont restés au village vivent la galère, car le système interdit toute réjouissance pour quelque motif que ce soit. Ton vieux Bambado a maigri, je me demande s’il se souvient encore de ton arbre généalogique. Ainsi va la vie. La petite forêt qui nous permet de garder le bétail est parti à lambeau car les gardiens ont été chassés par les nouveaux maitres. La sécurité collective est assurée par les Dozos qui sont chaque fois harcelés par des assaillants venus de Kokeri. Le samedi passé les assaillants ont abandonné beaucoup de morts à Mamadaga.

Cher cousin

De retour j’ai passé quelques jours chez Yabaro. L’affluence exceptionnelle du bétail dans cette zone doit préoccuper des gestionnaires de notre communauté de destin. En l’absence d’un plan d’aménagement du territoire, il sera difficile de concilier les intérêts des nouveaux venus avec ceux de leurs hôtes autour des points d’eau. Les récoltes sont presque finies et au-delà des apparences certains ont faim. Certes ils sont minoritaires, mais il va falloir anticiper sur le pre-positionnement des secours car ventre affamé n’a point d’oreille.

Cher cousin

Les chercheurs de pouvoir de leur coté, sont préoccupés par les incertitudes qui entourent la tenue des prochaines élections. En attendant, c’est la ruée vers l’ASMA du premier ministre. Ce parti a ouvert ses portes à tous les mecontents des tisserands.

Boris Tretor apparemment n’attend pas se laisser faire. Il entreprend depuis fort longtemps des contacts poussés avec certains de nos frères très fâchés. Il parle de convergence de vue, mais moi je pense plutôt à une unicité d’action pour déboulonner le premier ministre.

En haut d’en haut, les anciens amis ne se parlent plus, les secrets pleurent quand les amitiés se rompent dit un vieil adage de Niagassola. Tout se sait maintenant entre les barbus et Koulouba, et le peuple a déjà fait sa religion. Chacun bombe le torse pour faire comprendre à l’autre de quoi il est capable……Tu comprends bien que je veux parler des barbus et Simbo 3, des désormais ex amis qui en 2013 se sont unis pour truster le pouvoir. L’autre jour le barbu Galadjo et son associé le barbu sahel ont fait le plein de stade devant les yeux jaloux des politiciens. Au-delà des discours alambiqués, je pense que Galadjo et son ami du sahel ont envoyé un message fort à Simbo 3. A ce dernier de comprendre qu’il faut une paix au sud pour ne pas pousser les barbus à s’unir derrière Galadjo. Je pense bien qu’il tirera les leçons de ce qu’on a vécu chez Chadly Ben jedid.

Chers cousin

La grande messe de la bière et du sexe vient de fermer ces portes, le rendez vous a été prit pour l’année prochaine. L’affluence n’a pas été comme les autres années parce que les gens sont très pauvres et les toubabous se font de plus en plus rares à cause de ce que tout le monde connait.

Néanmoins certains continuent de croire en apportant des innovations dans l’objectif d’élargir la base de la participation des artistes.

Je te quitte et à la quinzaine prochaine.

Par ton cousin Mory fing.

Source: Delta Tribune