Il est le promoteur de la société PAYME autrefois, Lemonway, société de transfert d’argent, à l’interne comme à l’externe au même titre qu’Orange Money, Mobicash et Wari. Du fait de son bras de fer, aujourd’hui devant les tribunaux, il n’arrive pas à être opérationnelle depuis quelques années. Selon Ibrahim Kanté : « cela fait environ deux ans que ses fonds (645 millions de FCFA), ses garantis (10 ha qui sont à côté de l’Aéroport et 40 titres fonciers), d’une valeur de plusieurs milliards de nos francs sont bloqués par cet établissement financier. Dans un souci d’éclairer les maliens sur ce que Kanté appelle l’arnaque du siècle, il nous a accordé une interview, le samedi 09 novembre 2019, à l’hôtel Radisson Blu.

Infosept : Bonjour, pouvez-vous présentez à nos lecteurs ?

Ibrahim Kanté : Je suis un jeune entrepreneur malien, fondateur de la société Lemonway, présente au Sénégal et en Côte d’Ivoire. Lemonvay, aujourd’hui PAYME, est un système de transfert d’argent comme Orange money, qui permettait aux uns et aux autres de faire le transfert au Mali et à l’étranger, donc, des achats. On a commencé en 2013, mais le lancement a été fait en 2014. Depuis lors, on a fait 2 à 3 ans d’activités au Mali. Après on a eu beaucoup de différends avec la BIM. Donc, nous avons délocalisé nos activités au Sénégal. Dès lors, nous avons eu une vingtaine de personnes au Sénégal qui travaillent à temps plein, trois au Mali, en Côte d’Ivoire aussi, on a une équipe, à l’étranger, aux Etats Unis, on a également une structure.

Qu’est qui vous oppose à la BIM?

Cette banque nous empêche de travailler parce que nous avons plus de 600 millions bloqués à son niveau.

Quel est le poids de votre société ?

La société pèse 800 millions de chiffres d’affaires avec Wari, qui fait le même travail que nous avec lequel nous avons une collaboration pour qu’ils terminent nos transactions, parce qu’ils ont plus de réseaux que nous.

Comment cela est arrivé ?

C’est suite à un financement que nous avons sollicité et qu’elle nous accordé via Ecobank. Sur conseil de cette dernière, nous avons transféré les fonds (900.000.000) à Dakar pour prendre le chemin inverse car la somme est assez élevée pour être transférer d’une banque locale à une autre. C’est cette transaction qui a été considérée par la BIM comme une tentative de fuite. Depuis ce jour, nos misères ont commencé avec cette banque. C’est pourquoi, elle a séquestré nos fonds, mais aussi nos garanties. Ils sont allés en référé pour bloquer nos fonds avec des hypothèses qu’on veut fuir et aller au Sénégal pour y travailler au lieu d’œuvrer avec eux. Ils ont eu un jugement plutôt favorable sur des hypothèses prétextant qu’on m’a appelé et on ne m’a pas eu comme si j’avais une interdiction de voyager alors qu’ils savent que nos activités sont en train de se délocaliser au Sénégal. Nos fonds sont bloqués sous des prétextes, l’échéance est tout juste 2021, ça fait deux ans qu’ils ont nos fonds. Je trouve que c’est très injuste! C’est un peu le but de mon combat actuellement. Les montants resteront bloqués dans nos livres jusqu’à parfait remboursement de notre créance en principal, intérêts et frais », peut-on lire dans la correspondance.

Etes- vous allez devant les tribunaux ?

Oui, elle a  porté plainte contre nous pour abus de confiance et détournement. Ce que j’ai aimé, c’est que le Procureur a eu le temps d’étudier le dossier, mener des enquêtes sur ce dossier, ce qui a abouti à un classement dudit dossier sans suite. Aussi, ledit Procureur m’a dit que je n’ai aucune infraction devant la loi et m’a même conseillé de les rapprocher pour qu’ils libèrent mes comptes. Et, c’est ce que nous avons fait. Mais, ils continuent de nous menacer en nous disant de ramener encore de l’argent sinon, ils vont liquider nos garanties. C’est dans ce cadre qu’on est parti au Maroc pour aller expliquer à leur Chef, lui montrer notre bonne volonté et lui rassurer qu’on veut toujours faire des affaires avec eux. Mais, aujourd’hui, rien.

Il y a eu un premier jugement, il y a deux ans, sommes en appel.  Il est important de rappeler que nous voulons discuter avec eux parce que nous nous sommes dit qu’un mauvais arrangement vaut mieux qu’un bon procès. On  leur a prouvé que nous ne sommes pas des fuyards, nous avons bien développé nos activités au Sénégal, mais nous gardons toujours nos activités au Mali.

L’échéance de la convention arrive à terme le 31 décembre 2020. A ce jour, on n’a pas utilisé nos fonds. C’est la banque qui a travaillé avec, qui les a utilisés pour faire, peut-être, des prêts avec. Aujourd’hui, nous, on ne sait même pas, ça a été un jeu pour eux, ils nous ont trainés dans ce financement, récupéré des fonds auprès de Ecobank, on s’est retrouvé les mains vides.

Qu’est-ce que vous réclamez aujourd’hui ?

Aujourd’hui, ce que nous demandons, c’est soit récupérer nos fonds, soit récupérer nos garanties. On ne va pas répondre à un engagement sur lequel on n’a même pas jouit. Il est inadmissible de liquider une entreprise sur des hypothèses, sans preuve. Même sans ces fonds, notre société va travailler au Mali. Cette situation a été une bonne leçon, mais, elle ne sera pas quelque chose qui va nous être fatal.

Ce qui nous intéresse, c’est que le Mali est en plein changement au niveau juridique. C’est l’arnaque du siècle orchestrée par la BIM. Elle nous empêche de travailler parce qu’on a, à peu près, 700 millions dans leur lit. Ces fonds sont bloqués alors que c’est un financement qu’on a légué via la BIM, avec Ecobank.

Propos recueillis par Mahamadou YATTARA
Source : Inf@sept