Communiqué de presse -Les institutions nationales de recherche agronomique des pays sahéliens, ainsi que le CORAF, le CILSS et le Cirad signent le 21 septembre 2018 la Déclaration de Ouagadougou.

Par cette déclaration, elles affichent leur ambition commune de contribuer activement aux objectifs de l’Alliance Sahel. Fondé sur les nombreux acquis de la recherche en partenariat, le défi est à la fois d’intensifier les efforts en termes d’innovation en intégrant les voix de toutes les parties prenantes mais aussi de changer d’échelle en termes d’impact pour les populations bénéficiaires.

Les pays du Sahel se situent aujourd’hui au cœur d’immenses défis. Ils doivent faire face aux effets et aux risques du changement climatique, à une pression démographique croissante, à une crise sécuritaire dans certaines régions, à une forte dynamique urbaine entraînant une redéfinition des relations villes-campagnes et nécessitant de forts investissements en infrastructures, etc.

Les rendements agricoles restent faibles voire déclinent. La gouvernance des ressources naturelles se complexifie et de nombreuses tensions apparaissent entre les communautés. Si la population sahélienne bénéficie en moyenne d’une production agricole suffisante, elle souffre néanmoins d’un problème d’accès, menant à des situations récurrentes de sous-alimentation ou de malnutrition. Les indicateurs de développement humains sont parmi les plus bas au monde.

Le cadre de l’Alliance Sahel

Pourtant de nombreuses innovations tant techniques qu’organisationnelles, issues de la recherche et favorables au développement, existent. Il est donc nécessaire de poursuivre ces efforts mais surtout de les intensifier et de mieux les coordonner en visant un changement d’échelle en termes d’impact pour les populations bénéficiaires. C’est avec cette ambition que les institutions nationales de recherche agronomique des pays sahéliens, le CORAF, le CILSS et le Cirad adoptent le 19 septembre 2018 la Déclaration de Ouagadougou.

Cette déclaration se place dans le cadre de l‘Alliance Sahel lancée en juillet 2017 par l’Allemagne et la France. L’Alliance vise à créer une plateforme de coopération internationale au service du développement du Sahel. Elle doit permettre une coordination des initiatives plus efficace et vise à améliorer l’appui apporté par les partenaires du développement dans la région.

L’union fait la force

Par cette déclaration, les institutions de recherche des pays du G5 Sahel, du Sénégal et de la France s’accordent sur plusieurs grands principes communs :

  • il ne peut y avoir de paix durable et de sécurité au Sahel sans un développement rural créateur d’emplois ;
  • la recherche doit être partie prenante des solutions à construire avec tous les acteurs concernés ;
  • les institutions de recherches agronomiques des pays du G5, auxquels le Sénégal, le Coraf et le CILSS sont associés, ont la responsabilité de proposer des orientations stratégiques et opérationnelles aux décideurs politiques et aux bailleurs, pour atteindre cet objectif de développement durable de la Région ;
  • l’avenir de la région constitue une des priorités majeures de la coopération scientifique entre l’Europe et l’Afrique.

Afin d’intensifier leurs actions et de changer d’échelle, les institutions signataires entendent mutualiser leurs acquis – innovations, réseaux d’acteurs, méthodologies et dynamiques participatives – et œuvrer de concert.

Cette nouvelle approche devra permettre d’accélérer le cours des projets de recherche ou de développement déjà existants et d’accroître l’impact de ces projets. Il s’agira également d‘assurer une contribution efficace de la recherche à la définition, la mise en œuvre et la réussite de nouvelles actions de développement.

Huit priorités stratégiques pour que le développement soit au rendez-vous de l’Histoire

Les priorités stratégiques et opérationnelles définies par les institutions signataires se fondent sur une approche de co-construction et de dialogue, intégrant une mobilisation de tous les acteurs. Elles proposent une articulation entre une ambition à l’échelle de la sous-région du Sahel et des actions localisées dans les territoires. Elles sont structurées selon six thématiques :

  1. L’accompagnement du développement territorial par des analyses prospectives, le renforcement des dynamiques participatives, l’élaboration de cadres d’action favorisant les innovations inclusives ;
  2. L’intensification écologique de toutes les filières par la gestion agro-écologique des systèmes de cultures , l’intégration agriculture-élevage , la réduction de pertes post-récolte, le développement de la transformation alimentaire et des marchés ;
  3. Le développement des cultures irriguées et la gestion des ressources naturelles et des aménagements hydroagricoles ;
  4. Une co-gestion du pastoralisme et de la santé animale tant en termes des productions animales, de la phytopathologie et de la protection sanitaire des animaux dans le cadre d’une approche « One health » ;
  5. L’adaptation au changement climatique par la mise au point de nouvelles variétés végétales et de systèmes de cultures plus résilients , une révision des pratiques agricoles et l’amélioration de la séquestration du carbone pour la fertilité du sol ;
  6. La gestion des milieux et des ressources naturelles pour valoriser la biomasse et les énergies renouvelables et la biodiversité .
  7. Le déploiement de systèmes alimentaires durables et sains permettant d’assurer la sécurité alimentaire et nutritionnelle des populations
  8. La contribution au renforcement des compétences des acteurs et à la consolidation des institutions de recherche, d’appui à l’innovation et de formations agricoles et rurales

Pour les signataires de la Déclaration, ces priorités paraissent incontournables pour que la réussite du développement soit au rendez-vous de l’Histoire.

*Les 12 signataires de la Déclaration de Ouagadougou :

  • Centre national de la recherche scientifique et technologique (CNRST), Burkina Faso
  • Conseil ouest et centre africain pour la recherche et le développement agricole (Coraf)
  • Comité permanent inter-Etats de lutte contre la sécheresse dans le Sahel (CILSS)
  • Centre national de recherche agronomique et de développement agricole (CNRADA, Mauritanie
  • Conseil national de la recherche agronomique et de développement agricole (CNRA), Niger
  • Institut d’économie rurale (IER), Mali
  • Institut de l’environnement et recherches agricoles (Inera), Burkina Faso
  • Institut national de recherche agronomique du Niger (INRAN)
  • Institut sénégalais de recherches agricoles (Isra)
  • Institut tchadien de recherche agronomique pour le développement (Itra)
  • West African Science Service Center on Climate Change and Adapted Land Use (Wascal)
  • Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirad)

Les 3 grands témoins :

  • Agence Française de Développement
  • Institut de Recherche pour le Développement
  • Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO)
L’Alliance Sahel

L’Alliance Sahel est une initiative lancée en juillet 2017 par l’Allemagne et la France qui regroupe aujourd’hui neuf acteurs : la France et l’Allemagne, la Commission européenne, la Banque mondiale, la Banque Africaine de Développement (BAD), le Programme des Nations-unies pour le Développement (PNUD) et récemment rejointe par l’Italie, l’Espagne et le Royaume-Uni.

L’objectif est de créer une plateforme de coopération internationale au service du développement du Sahel pour y intervenir davantage et mieux. L’Alliance Sahel doit permettre une coordination des initiatives plus efficace, et vise à améliorer l’appui apporté par les partenaires du développement dans la région.
A cette fin, l’Alliance Sahel intervient dans six secteurs prioritaires : l’emploi des jeunes, le développement rural et la sécurité alimentaire , l’énergie et climat, la gouvernance, la décentralisation et l’accès aux services de base, et la sécurité́.

La ministre de l’Economie, des Finances et du Développement du Burkina Faso, Madame Hadizatou Rosine Coulibaly, a présidé le 13 avril 2018, à Ouagadougou, l’atelier de lancement de l’Alliance Sahel au Burkina Faso, qu’elle a qualifié de « Plan Marshall » pour le Sahel.