Le Premier ministre, ministre de l’Économie et des Finances, Dr Boubou Cissé, et la directrice des Opérations de la Banque mondiale pour le Mali, Soukeyna Kane, ont signé, lundi, à Bamako, un accord d’appui budgétaire de 250 millions de dollars soit 148,7 milliards de Fcfa, visant à soutenir la mise en œuvre des priorités du gouvernement inscrites dans le document du Cadre stratégique pour la relance économique, croissance et le développement durable (CREDD 2019-2023).

 

Cet accord de financement, dont 210 millions de dollars en prêt de l’Association international pour le développement (IDA) et 40 millions en don, dans le cadre du Projet d’appui budgétaire des politiques de développement du Mali, est destiné à l’énergie durable et l’amélioration de la prestation de services pour une stabilité accrue.

Cet appui est le premier d’une série de deux soutiens budgétaires généraux programmés par la Banque mondiale pour les années 2019 et 2020.

Dr Boubou Cissé a souligné que le présent financement permettra de mettre en œuvre l’axe trois du CREDD qui comprend le renforcement de la stabilité macroéconomique, la promotion du secteur privé, l’amélioration de la qualité de l’approvisionnement en électricité à moindre coût, la promotion de la productivité et de la  concurrence dans le secteur agricole et la promotion de l’économie numérique.

Il permettra également la mise en œuvre de l’axe stratégique 1 qui repose notamment sur le renforcement de la décentralisation. Cela, grâce à l’amélioration de la gouvernance locale, à la décentralisation de la prestation des services publics et des compétences de base, et à la promotion des économies régionales et locales.

Le ministre de l’Économie et des Finances, a rappelé que le CREDD s’articule autour de cinq axes stratégiques et définit un cadre pour s’attaquer aux problèmes multidimensionnels auxquels le Mali est confronté aujourd’hui. Il a assuré que le gouvernement ne ménagera pas ses efforts pour honorer les engagements pris pour l’exécution de mesures liées à cet accord de financement. Afin, selon lui, d’assurer la bonne réalisation de cet appui budgétaire. Car, après cet accord de financement, le défi à relever par la partie malienne et la Banque mondiale est le décaissement effectif du montant avant la fin de l’exercice budgétaire. C’est-à-dire avant le 31 décembre 2019.

A cet effet, le chef du gouvernement malien a assuré que le gouvernement prendra toutes les mesures voulues, dans les délais souhaités, pour le versement de ce fonds.

De son côté, Soukeyna Kane a expliqué que, compte tenu des défis sécuritaires et du contexte de fragilité que connait le Mali, cet appui budgétaire, « d’un montant inédit » a pour triple objectifs de contribuer à la viabilité financière du secteur de l’énergie.

« Il s’agira, aussi, de mettre en place un mécanisme de subventions agricoles plus ciblé et plus efficace. Grâce aux économies ainsi réalisées, il sera possible d’augmenter la fourniture de services décentralisés en faveur des couches défavorisées de la population », a-t-elle ajouté.

En réponse aux inquiétudes soulevées, Soukeyna Kane a assuré que les ressources de cet appui budgétaire, approuvé par le Conseil des administrateurs de la Banque, le 12 décembre dernier, seront mises à la disposition du gouvernement avant le 31 décembre 2019. « Cela, une fois les formalités juridiques d’entrée en vigueur complétées », a-t-elle précisé, invitant l’ensemble des parties prenantes à redoubler d’effort pour une mise en œuvre rapide et complète des mesures soutenues par cet accord de financement afin de garantir ses résultats.

Elle a, ensuite, réaffirmé l’engagement de son institution à soutenir le rythme de nos réformes dans les mois à venir et à préparer le second appui budgétaire de cette série, dans les meilleurs délais.

PILIERS ET MESURES CONNEXES –Cet appui budgétaire s’articule autour de trois piliers dont le premier incite à la réduction du montant des subventions octroyées au secteur de l’électricité dans le budget général de l’Etat. Il vise à renforcer le contrôle du gouvernement sur la gestion du secteur de l’électricité et à éliminer d’ici à cinq ans la nécessité de le subventionner. A cette fin, a expliqué la directrice des Opérations de la Banque mondiale pour le Mali, le gouvernement « a validé un plan de redressement du secteur de l’énergie qui prévoit une série de mesures clés assorties d’un chronogramme précis pour renforcer la viabilité du secteur et accroître les revenus de la société Energie du Mali (EDM) ». Parmi ces mesures, le relèvement des tarifs d’électricité moyenne tension et la mise en œuvre du mécanisme de prépaiement.

Le rééquilibrage des comptes d’EDM résultera de l’augmentation prévue des importations d’énergies à la fois meilleurs marchés et plus propres que la production actuelle. Il dépendra aussi d’un meilleur mix énergétique privilégiant les projets d’énergie renouvelable.

Le deuxième pilier de l’accord vise à améliorer l’efficacité des subventions agricoles et du système foncier. Soukeyna Kane a, à ce niveau, expliqué qu’un programme de bons électroniques (appelé e-voucher) a été introduit pour étendre et mieux cibler le programme de subventions en faveur des agriculteurs les plus pauvres, tout en améliorant la transparence de la chaîne d’approvisionnement, en créant de meilleures conditions juridiques et institutionnelles pour le développement des marchés des intrants agricoles.

« Au demeurant, afin de garantir la sécurité foncière et attirer plus d’investissements privés dans le secteur agricole, l’opération vise également à améliorer le financement des commissions foncières et à renforcer leurs capacités de fourniture de services de médiation en cas de conflits fonciers », a-t-elle dit.

Quant au troisième pilier de cet appui budgétaire, il a pour but d’améliorer le déploiement décentralisé et la supervision des services sociaux. Il entend renforcer la prévisibilité et l’effectivité des transferts aux collectivités territoriales, notamment dans les secteurs de la santé et de l’éducation. « Cette mesure, accompagne l’engagement des autorités en faveur de la décentralisation comme outil majeur pour restaurer la paix et la stabilité du pays », a assuré Soukeyna Kane.

 

Rappelons que la signature de cet accord de financement est la 8è du genre avec la Banque mondiale depuis le début de cette année. Le montant total de toutes ces conventions signées s’élève à plus de 671 millions de dollars soit 382,5 milliards de Fcfa, en prêts et en dons.

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(AMAP)