Les transports collectifs ont observé dans la journée d’hier mercredi 17 février 2021, un arrêt de travail pour marquer le rejet de la redevance péage par passage. Certains marchés de Bamako étaient également en arrêt d’activités au cours de cette journée, où les ‘‘frustrés’’ ont décidé de faire front commun contre le régime en place. Autant certains commerçants n’étaient pas pour la fermeture des commerces, autant certains transporteurs n’ont pas voulu respecter le mot d’ordre. Jusqu’à 11 heures, quelques Sotrama et quelques taxis continuaient à prendre les passagers. Au niveau du grand Marché, la majorité des commerces sont resté ouverts car ne se sentant pas concernés par cette grève qui selon Sekou A Sangaré, président du rassemblement des commerçants du Mali et président du Marché rose de Bamako :  « Au grand marché,  nous n’avons été informé que le matin même de la grève. Nous ne sommes pas concernés. Les personnes concernées sont les syndicats de commerçants qui ont déclaré aller en grève. »

Au niveau de certains carrefours , la Tour de l’Afrique à Faladié, et à Niamakoro, les apprentis chauffeurs faisaient descendre les passagers là où on exigeait un droit de passage. De l’évidence, tous les transporteurs n’étaient pas pour l’arrêt de travail d’hier mercredi.

Les faits se justifient par les difficultés financières du moment qui les poussent d’ailleurs à rejeter l’application de la redevance péage par passage. C’est donc face à un véritable dilemme que les transporteurs étaient confrontés hier mercredi. Autant ils ont pris la décision d’observer une journée de protestation, autant, ils se devaient de courir pour gagner leur pain. C’est dans ce contexte que certains ont préféré travailler en contournant souvent les carrefours, où les apprentis chauffeurs les attendaient.

Au carrefour de Niamakoro, le promoteur d’une moto taxi s’est fait descendre son client par les apprentis. Un autre a payé pour pouvoir continuer avec son client. Il en était de même avec un taximan qui a également payé un droit de passage aux apprentis pour pouvoir continuer son chemin. Le même phénomène était à la « mode » au niveau du carrefour de la Tour de l’Afrique, où pendant que les apprentis faisaient descendre les passages des taxis, certains Sotrama prenaient les clients.

Sur l’axe Yirimadio- Sotuba en passant par Missabougou, les Sotrama étaient visibles même si ce n’était pas en grand nombre comme pour dire que tout le monde n’a pas suivi le mot d’ordre. Pourtant, la redevance péage par passage n’est pas une chose nouvelle au Mali.

Selon l’arrêté interministérielle N°08-1390/MEF-MET-MATCL-MSIPC du 14 Mai 2008, il est créé un poste de péage/pesage à ZEGOUA sur la Route Nationale n°7 (Bamako-Bougouni-Sikasso-Zégoua-Frontière RCI). L’article 3 de ladite arrêté interministérielle souligne que ‘‘Le concessionnaire perçoit un droit obligatoire sur chaque passage de véhicule a quatre roues et plus’’.

Le montant du droit de passage est fixé, selon le même arrêté, à 500 FCFA pour un véhicule léger d’une hauteur inférieure à 2,55 mètres, 1.000 CFA pour les véhicules admis au transport public de plus de treize (13) personnes payantes; 500 FCFA par essieu pour tout véhicule poids lourds ou d’une hauteur supérieure ou égale à 2,55 mètres.

‘‘Ce droit obligatoire sur chaque passage au poste est révisable annuellement après évaluation des besoins d’entretien routier en fonction de l’évolution du trafic’’, précise l’arrêté interministérielle.

Malgré tout, l’application peine à passer depuis quelques jours alors même que le Département des transports a ouvert une véritable campagne de sensibilisation des transports .À chaque fois, la décision est confrontée à une farouche opposition des transporteurs surtout par le syndicat des gros porteurs qui peuvent effectuer plusieurs allers  et retours dans la journée entre Bamako et certaines localités proches.

Les syndicats brandissent à chaque fois, les difficultés financières du moment qui frappent les Maliens. En effet depuis plus d’une année, l’économie nationale tourne au ralenti à cause de l’apparition de la COVID-19 à laquelle s’est ajoutée  une crise politique et sociale qui a jalonné toute l’année 2020. Il apparaît donc évident que les populations souffrent.

De l’autre côté, les décisions de l’État se doivent d’être appliquées sauf qu’en pareil cas de figures, l’État semble faible. Les multiples reculs enregistrés dans l’application de cette mesure sont des illustrations parfaites de cette faiblesse de l’État pour imposer sa loi.

L’on serait tenté de dire ainsi que même si force doit évidemment rester à la loi, le moment serait peut-être mal choisi pour appliquer la mesure. La nouvelle date programmée pour l’application effective de la redevance péage par passage est pour le 1er mars 2021.

Mahamane TOURÉ

NOUVEL HORIZON