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L’énergie est la condition sinequanone du développement de l’agriculture, de la santé, de l’éducation. Or aujourd’hui, 600 millions de personnes en Afrique subsaharienne n’ont pas l’électricité, ce qui en fait une des régions les moins électrifiées du monde. La demande augmentant bien plus vite que la production des réseaux nationaux, des millions de nouvelles personnes sont sans électricité chaque année. Quant à ceux qui y ont accès, ils sont confrontés à des prix parmi les plus élevés de la planète et à de nombreuses coupures. Par ailleurs, l’une des principales sources d’énergie en Afrique est la biomasse (les matières organiques végétales ou animales), dont l’utilisation engendre souvent une très forte pollution de l’air et de graves conséquences sur la santé des populations. Il est donc urgent de trouver des solutions énergétiques diversifiées, rapides à mettre en place et durables. Dans ce cadre, les énergies renouvelables représentent une opportunité pour le continent. Des initiatives de la société civile s’appuyant sur les ressources telles que le vent, l’eau ou le soleil pour répondre à des besoins en énergie se développent. Pour approfondir le sujet nous avons rencontré Cherif Haidara, jeune entrepreneur franco-malien, fondateur d’Afrika Solar. Cette entreprise propose des lampes solaires écologiques, économiques et durables, fabriquées au Mali grâce à des matériaux de récupération. Une interview réalisée par Fanny Dauchez.

Pourquoi avoir choisi le secteur de l’énergie ?

Pour moi il y a quatre secteurs déterminants pour le développement du continent africain : l’agriculture, la mobilité (les ponts, les routes…), l’eau et l’énergie. Avant de lancer Afrika Solar j’avais organisé une conférence sur les énergies renouvelables. A cette occasion j’ai pu faire le point sur de nombreuses solutions qui existaient comme les marmites solaires, les fours solaires… Mon idée de lampe en découle ! Je pense que les initiatives privées telle que Afrika Solar peuvent jouer un rôle pour relever le défi de l’énergie en Afrique au côté des gouvernements et organisations internationales qui restent incontournables.

Quels sont les principaux défis de Afrika Solar ?

Notre premier défi est humain, il nous faut recruter et former des jeunes maliens motivés et responsables. Nous avons aussi un défi financier : les taux d’emprunt sont très élevés au Mali. Enfin concernant les ventes de lampes solaires, notre enjeu est de toucher les résidents maliens.

Si la diaspora répond favorablement à notre démarche, la population locale a plus de mal à s’approprier la notion de durabilité. En effet, cette dernière a tendance à ne prendre en compte que le prix à l’achat au détriment de la rentabilité sur le moyen et long terme. Rappelons que l’énergie solaire est gratuite et sans cesse renouvelée à la différence de la plupart des autres sources d’énergie. Par ailleurs nos lampes sont plus fiables car indépendantes des coupures d’électricité et plus respectueuses de l’environnement puisqu’elles sont réalisées avec du matériel de récupération. Il nous reste encore à sensibiliser nos prospects locaux sur ces problématiques.

Quelles sont les prochaines étapes pour Afrika Solar ?

La concurrence existe donc il nous faut innover et nous sommes toujours en recherche d’inspiration pour de nouveaux produits.

Tu as passé beaucoup de temps en Chine. Cette inspiration peut-elle venir de là bas ?

A travers l’association que j’ai fondé Cap Afrikasia, j’organise des voyages en Chine pour encourager les jeunes africains à mieux comprendre le marché chinois et à s’en inspirer. Nous avons plein de choses à apprendre de la Chine. Au delà de nos similitudes culinaires connues comme le riz et les épices, nous devrions pouvoir dégager des enjeux communs telle que la lutte contre la pollution. Un exemple me tient particulièrement à cœur : la ville de Chongqing est une ville qui était très polluée mais où les autorités locales font des efforts très importants pour la rendre plus verte. Il y a des initiatives là-bas que nous gagnerions à adapter en Afrique.

Afrika Solar revendique le « made in Africa ». Quelle est la valeur de cette appellation pour toi ?

Il y a un vrai savoir-faire, notamment artisanal, qui mérite d’être valorisé par des initiatives telle que Afrika Solar. Avec nos lampes nous promouvons le travail du bois. Je suis convaincu que le “made in Africa” a un bel avenir, même les chinois veulent en faire !