Agacé par les frasques de l’Autorité Routière Fonds d’Entretien Routier (AR-FER), le Pôle économique a décidé d’entendre l’ancien DG de l’AR, Mory Kanté, le Directeur Technique, Moussa Savadogo, et le Régisseur de l’AGEROUTE, Mohamed Assaleck Maïga, ainsi que d’autres agents sur leur gestion qui a laissé un trou de 2,18 milliards de francs CFA (2.189.583.275F) dans la caisse de l’AR-FER. Pour cette raison,  25 agents défilent au Pôle  Économique et Financier.  

Le drame à l’Autorité Routière est révélé au grand jour grâce au travail du Pôle Économique. Le contenu du dossier d’enquête ainsi produit, a priori, met en cause les gestions orchestrés, de bout en bout, par l’ancien DG de l’Autorité Routière, Mory Kanté ; le Directeur Technique de l’AR, Moussa Savadogo ; des péagistes et du Régisseur de l’AGEROUTE, Mohamed Assaleck Maïga. Complaisance, légèreté et distorsion violant l’orthodoxie financière ont caractérisé la gestion de la période passée en revue.

Le rapport intégral du Pôle Économique atteste le non reversement  de plus de 2 milliards (2 189 583 275 F) de nos francs par l’Autorité Routière au titre des redevances d’usage routier collectées sur les produits pétroliers. Ce qui ne manque pas de susciter la curiosité sur la gestion de l’AR-FER.

Toutefois, il y a manifestement de vives inquiétudes face au management que tient à imprimer à leur structure les responsables de l’Autorité Routière.

À l’heure où nous écrivons ces lignes, beaucoup de choses se font pour améliorer la situation de l’Autorité Routière. Cependant, il est désormais acquis que le gouvernement ne doit pas se satisfaire des coups médiatiques mais de rapports d’experts extérieurs pour laver de tout soupçon la gestion de l’Autorité Routière qui intrigue plus qu’il ne convainc.

Défaillance dans la gestion

La gestion de l’Autorité Routière est enviable à celle d’une épicerie. Les règles minimales de gestion de fonds ont été royalement foulées au pied. Malgré la nomination d’un Chef comptable, la présence d’un Régisseur et d’un auditeur interne, de graves défaillances ont été notées dans le suivi des opérations de trésorerie et se sont caractérisés notamment par la manipulation d’une pluralité des fonds d’entretien routier qui n’a pas permis  un versement adéquat des fonds du fait de détournements ordonnés par l’ex DG de l’AR, Mory Kanté, actuel DG du cabinet privé ‘’Sahel Consulting SARL’’.

Les autorités maliennes vont-elle prendre des mesures pour tirer au clair ce dossier de détournement de fonds de plus de 2 milliards au niveau de l’Autorité Routière? En tout cas, le jeu en vaut la chandelle, rien que de part les pratiques d’outre-tombe qui ont eu cours dans le service de l’AR sous l’ex DG Mory Kanté, du Directeur technique, Moussa Savadogo et de leurs complices.

Avec le directeur Technique de l’AR-FER, Moussa Savadogo et l’ancien dirlo Mory Kanté, les détournements de fonds et bien d’autres phénomènes jugés diffus sont devenus courants au niveau de l’Autorité Routière.

Selon une enquête du Pôle économique, 2,18 milliards de francs CFA ont  disparu  dans la gestion des recettes de la redevance d’usage routier collectées sur les produits pétroliers. Vol ou détournement ? En tout cas au niveau de la Direction générale de l’Autorité Routière on entoure ces cas de vol de mystère.
Et si le ministre de l’Équipement et des Infrastructures pouvait ordonner, sans complaisance ni parti pris, la vérification de fonds en comble de tous les services de l’Autorité Routière, on devrait, peut-être, découvrir un grand réseau mafieux savamment monté  qui continue de saccager les fonds publics.

À en croire nos sources, ce genre de petit truand à l’Autorité Routière ne cesse de causer d’énormes préjudices à l’État malien, par leur façon de faire. À travers les détournements de fonds opérés, on voit qu’au niveau de l’Autorité  Routière les anciennes amours, sont encore présentes dans les têtes des cadres et agents évoluant au sein de cette entité administrative.

Le jeu est très facile, expliquent nos sources. Le Directeur Technique Moussa Savadogo, malgré qu’il soit relevé depuis un certain temps, par une décision du Haut  d’en haut, continue de tout piloter à l’AR. Et le hic qui titille, c’est qu’il perçoit  toujours des avantages avec la baraka de l’actuelle Directrice, Lala Koïta. Pire, les deux satrapes concoctent toujours ensemble des marchés.

L’Autorité Routière est en proie à un scandale sans précédent. En premier lieu, l’éthique et la déontologie sont foulés au pied depuis des lustres. L’arrivée de la nouvelle Directrice a permis une réglementation de pratiques frauduleuses au niveau  de l’Autorité routière. Normalement,  la réglementation engendre l’application rigoureuse des normes, mais on assiste, aujourd’hui, à une magouille et à un vol sans précédent. (Gardez votre souffle, nous reviendrons sur ‘’la gestion par procuration’’ de l’Autorité routière, depuis la nomination de la Directrice Lala Koïta

Alerte aux scandales

Selon un document dont nous avons une copie, les fraudes,  la mauvaise gestion,  les dépenses sans pièces justificatives et les  irrégularités à la pelle sont entre autres  des manquements à l’orthodoxie financière à l’Autorité Routière (AR). Ces pratiques ont fait perdre à l’État malien la somme de 2,18 milliards de nos francs au titre des redevances routiers collectés sur les produits pétroliers. Selon le dossier d’enquête remis à notre rédaction, il est reproché aux personnalités suivantes d’avoir détourné des sous. Il s’agit de l’ancien Dg de l’AR-FER, Mory Kanté, qui a porté atteinte aux biens publics courant 2010 à 2012 en subtilisant la somme de 39 millions et 14 millions de nos francs. Quant au directeur technique de l’AR, Moussa Savadogo, à l’époque des faits, il a porté atteinte aux biens publics courant 2010 à 2013 par le détournement de 12,5 millions des produits des dossiers d’appel d’offres et  la somme de 2,3 millions à la suite de modification  apportée sur un marché. S’y ajoute, la gestion du Régisseur de l’AGEROUTE, Mohamed Assaleck Maïga qui de 2006 à 2013 a porté atteinte aux biens publics par le non reversement  dans le compte de l’AGEROUTE, la somme de 32 millions de francs CFA issue des produits de la vente des Dossiers d’appel d’offres (DAO) et des 10% de l’ARMDS (Autorité de Régulation des Marchés Publics et des Délégations de Service Public) sur les DAO.

Ensuite, vient le cas de Djénébou Seck, chef d’équipe du poste de péage et de pesage de Manambougou, qui a frauduleusement dépensé, de 2008 à 2011 la somme de 25,10 millions de francs CFA.

Plus grave, au niveau des postes de péage informatisés, il y a des écarts entre les recettes collectées et celles enregistrées dans la comptabilité de l’Autorité Routière. Ainsi, il ressort des enquêtes que la dame Koudeidia Diarra, chef d’équipe du poste de Mamaribougou de 2009 à 2013 a détourné 29,8 millions FCFA. En même temps, M. Ousmane Sidi Keita du poste de Manabougou de 2012 à 2013 a détourné 5 millions.

S’agissant de la dame Aminata Traoré du poste de Bla 1, elle a effectué des dépensés non précisées et non justifiées, de 183,12 millions  de nos francs du 1er mai au 31 mai 2013 ; Fatoumata Sanogo a détourné la somme de 9 millions au  niveau du poste de péage et de pesage de Nioro du Sahel de mai 2009 à 2013 ; M. Ismaël  Ibrahim Tolo du poste de Zégoua de 2012 à 2013 a volé 12,11 millions ; Demba Camara du poste de Hèrèmakono de 2008 à 2013 a réalisé une fraude de 15,4 millions ; Alhousseini Gagouma du poste de Sienso de 2008 à 2013 a croqué 17,5 millions ;  Bakary Drabo au niveau du poste de Koury de mai 2008 à octobre 2014 a soustrait 12,9 millions ; Ousmane Ould Issa a volé au poste de Konobougou en janvier 2012  la somme de 6,4 millions.

Par ailleurs, Sory Kondo a détourné au poste de Kasséla la somme de 22 millions en 2008 ; Abdouramane Podiougou chef d’équipe de Kita depuis mars 2009, a fait des dépenses irrégulières de 165,3 ; Kadiatou Doumbia du poste de Bla 2 depuis 2008 a détourné 17,3 millions ; Moulaye Doumbia du poste de Markala depuis 2009 a volé 13,4 millions ; Abdoulaye Koné du poste de Zégoua de 2008 à 2011 a détourné 18,9 millions ; Moussa Traoré du poste de Sanankoroba  de 2008 à 2010 a volé 11,5 millions ; Moussa Sagara du poste de Sanakoroba depuis mars 2010 a détourné 19,3 millions ; Mamadou Doumbia du poste de Kayes depuis décembre 2006 a soustrait 25 millions ; Adama Savadogo du poste de péage de Diboli depuis 2008 a détourné 22,8 millions ; et Amadou Kaloga du poste de péage et de pesage de Kati depuis 2012 n’a pas reversé des recettes de 36,4 millions de nos francs. Au total, il y a eu un détournement record de 2,18 milliards de francs CFA sur les recettes de la redevance d’usage routier collectées sur les produits pétroliers.

Dans sa déclaration, le Directeur Technique de l’AR, à l’époque des faits, M. Moussa Savadogo ne reconnaît pas avoir détourné la somme de 12 millions. Il soutient : « À l’époque des faits, pendant la période sous revue, les produits de la vente des dossiers d’appel d’offres sont versés au Secrétariat du DG de l’Autorité Routière… Aucun texte ne prévoit les modalités d’emploi des produits issus de la vente des dossiers d’appel d’offres dans le cadre du fonctionnement du service, tantôt destinés à servir de perdiems aux membres de la commission des marchés ».

À qui profitent ces activités mafieuses? Si en réalité Mme la ministre des Infrastructures et de l’Équipement veut aller loin sur la feuille de route à elle confiée par le Président de la République, il ferait mieux de tirer au clair ce dossier de détournement de plus de 2 milliards en cours à l’Autorité Routière. Sa crédibilité en dépend aussi, même si elle peut cacher d’autres affaires managées par des proches. Sauf si ellel veut à l’instar de certains de ses prédécesseurs devenir « sinistre » des Infrastructures et de l’Équipement.

En tout cas à Mme le ministre des infrastructures et de l’équipement, vous avez un très bon dossier sur votre bureau. Activez seulement les mesures de répression. Et vous pourrez donner raison aux médisants de la république.

En attendant, nos enquêtes se poursuivent. Comment la nouvelle Directrice de l’Autorité Routière  gère actuellement son service? La réponse dans nos prochaines éditions.

Cyrille Coulibaly

Source: Nouveau Réveil