Le stade de développement des cultures présage de bonnes récoltes

La campagne agricole 2020-2021 a bien démarré dans le Cercle de Diéma où, cette année, elle est survenue un peu tôt. Les premières pluies ont été enregistrées vers mi-juin. Ici en terre du Kaarta, l’hivernage commence véritablement à partir du 15 juillet.
à la date du 6 août 2020, la quantité de pluie recueillie est de 341,2 mm en 19 jours, contre 196,8 mm en 18 jours, l’année dernière, à la même période. Les pluies sont équitablement réparties dans le temps et dans l’espace.

 

Le stade de développement des cultures se présente comme suit : le mil est en début tallage, début montaison pour le sorgho et le maïs, l’arachide au stade de ramification ou début floraison, le woandzou (tiganikourou en bambara) et le niébé sont au stade ramification. L’évolution des cultures est satisfaisante dans l’ensemble. Toutefois, il faut signaler des dégâts légers constatés sur certaines spéculations, mil, sorgho et maïs, causés par des déprédateurs, oiseaux granivores, sautereaux et chenilles.

On assiste au remplissage progressif des cours d’eau et des mares, facilitant ainsi l’abreuvement quotidien des animaux. Les pâturages sont abondants. Les animaux ont retrouvé leur embonpoint. Les mouvements du cheptel sont réguliers, ils s’effectuent du Sud vers le Nord. Les marchés à bétail sont bien approvisionnés. Après la fête de Tabaski, les prix des animaux ont chuté.

Ce producteur et planteur de Dioumara-Koussata, en quête de carte d’identité, rapporte que dans plusieurs parties de son champ de mil, qui renferme suffisamment de fumier, les tiges ont follement poussé, et peuvent dépasser la taille d’un chien. Il était obligé de ressemer le mil, car tous ses semis ont été dévorés par une espèce d’oiseaux, à long bec, appelé n’tolé. Il n’a pas voulu cultiver de la pastèque à cause du faible rendement l’année dernière de cette culture de rente. «Aujourd’hui, je devais semer du niébé, explique-t-il, mais j’étais obligé de venir à Diéma pour une commission».

Il dispose d’un hectare et demi de plantation d’eucalyptus et de manguiers, «mais malheureusement, regrette l’homme en pinçant les lèvres, ces derniers sont tous morts à cause des termites blanches qui se sont attaquées à leurs racines». Il affirme être en rupture d’engrais. Il a partagé avec quelques voisins le seul sac qu’il conservait. Quant à la question de savoir si la campagne réussira, notre interlocuteur demeure optimiste, mais il émet des réserves. «Il faut, déclare-t-il, avec insistance, que les pluies continuent de tomber jusqu’à la fin du mois d’octobre. Ainsi, mes frères et moi, nous allions remplir nos greniers», dit-il en démarrant sa moto.

Bakary Dia, est notable à Nianka, Commune rurale de Diéoura. L’une des techniques culturales de ce producteur consiste à semer tôt dans la terre sèche, avant même les premières pluies, appelées pluies des mangues, qui sont supposées «laver les mangues» avant de les consommer. «Quand on a près de quarante bouches à nourrir, déclare-t-il, on n’a pas le droit de badiner avec la terre. Il faut travailler afin de ne pas vivre au crochet des autres», déclare-t-il. Quand l’hivernage arrive, il abandonne ses activités de marabout, pour prendre la direction du champ, accompagné de ses enfants.

Il apprécie la fertilité des sols constitués, en grande partie, d’argile. Le seul problème de ce genre de terre, c’est quand il pleut, il faut la laisser assécher un peu, deux à trois jours, avant de semer ou désherber. «Nous, on ne connaît pas d’engrais. Rares sont ceux qui en utilisent dans leur champ, à cause de la bonne qualité des terres», explique-t-il. Il estime sa production annuelle à plusieurs centaines de «moudes» de céréales (un moude est l’équivalent à 3 kg).

Ce producteur agricole natif de Diéma a été désigné en 2005, «Paysan pilote». Il a reçu, à l’époque, des mains de l’ancien Premier ministre Ousmane Issoufi Maïga, en visite dans la localité, un tracteur, sur cale actuellement. Mahamadou Koïta, marié et père d’une nombreuse famille, dispose d’un champ d’une dimension de 8 hectares. Ses cultures semblent un peu en retard, la taille de son mil pouvant cacher seulement un poulet. Le seul conseil que retient cet homme, qui ambitionne d’apporter sa «modeste contribution au développement du secteur rural», c’est de suivre correctement le calendrier agricole.

BONS PRÉSAGES- Sékou Sissako, notable à Diéma, se fie aux signes précurseurs pour se décider. Cette année, en début d’hivernage, un vent poussiéreux et opaque réduisant la visibilité, a soufflé du Sud, du côté de Kita (Ouest). « Indiscutablement, poursuit l’homme, la campagne sera excellente, mais s’il (Ndlr, le vent) était venu du Nord, vers Nioro, ce serait catastrophique : la disette allait s’installer. L’un des signes sur lequel il fait ses programmations, pour dire que l’hivernage sera propice, est un groupuscule d’étoiles entassées dans le ciel, qui apparaît à l’est, à partir du 7ème mois. On les appelle «Gnougougnougou».

Il existe d’autres bons présages. Par exemple, si au cours du 6è mois, la première pluie tombe, les propriétaires de maisons en banco, commencent la réparation de leurs abris, en utilisant parfois les flaques d’eau. Daouda Sacko, un jeune originaire de Tinkaré, situé à 5 km de Diéma, soutient que la campagne a réussi. Mais il craint surtout l’apparition des déprédateurs qui causent d’importants dégâts aux cultures. Le petit champ d’arachide de Diatou, situé sur le versant de l’affluent d’une mare, est immergé en ce moment.

La dame attend le retrait des eaux pour pouvoir faire l’entretien de sa superficie. Salifou fait partie des personnes qui ne croient pas à la réussite de la campagne cette année. «Avec l’apparition précoce des cantharides, soutient-il, l’hivernage tire vers sa fin. Généralement, ces insectes sortent quand le maïs entre dans sa maturation», analyse-t-il. Une femme ajoute que cette période de ‘tiotiokalo’ (période d’abondantes averses), signale la fin des pluies.

MESURES DE SÉCURITÉ- Pour des raisons de sécurité, le maire de la Commune rurale de Diéma, Abdoulaye Sissako, a pris des mesures drastiques pour interdire la pratique des hautes cultures telles que le mil, le sorgho et le maïs, dans les concessions et aux alentours. On suppose que des individus mal intentionnés pourraient en profiter pour commettre leur forfait. Ainsi, toute personne, qui ne se plie pas à ces mesures, sera sanctionnée, conformément aux textes en vigueur en matière de cultures intra domiciliaires.

Cette année, il n’existe nulle part dans la ville, dans les concessions et aux alentours, de hautes cultures. à défaut de cultiver du mil, du maïs ou du sorgho, certains ont préféré laisser carrément leurs espaces nus. Ces mesures du maire ont fait l’objet de contestations de la part de nombreux habitants, même si elles ont été accueillies favorablement par d’autres. De l’avis de certains, le fait de ne pas cultiver dans les maisons et aux alentours risque d’impacter négativement sur la sécurité alimentaire. Ces petits champs de proximité que les femmes entretiennent permettent de renforcer l’autosuffisance alimentaire, au niveau de plusieurs familles à Diéma.

De l’avis de Seydou, habitant, ces nouvelles dispositions du maire permettront d’éviter la prolifération des moustiques et, du coup, réduire la prévalence du paludisme dans la zone. Cette année, son épouse n’a pas fait de maïs dans la cour de leur maison. «C’est pourquoi, explique-t-il, on dort tranquillement».

«Ce n’est pas la présence des hautes cultures qui attire les moustiques, mais plutôt le manque d’hygiène. Il faut assainir notre environnement si nous voulons rester en bonne santé», renchérit un autre. Bama, lui, explique que même sans les mesures du maire, les cultures à domicile sont formellement interdites. D’après lui, les populations doivent être suffisamment sensibilisées pour l’abandon de cette pratique vieille de plusieurs siècles.

SUIVI – Selon le chef du Secteur de l’agriculture de Diéma, Soumaïla Coulibaly, assis dans son bureau, aux petites dimensions et aux murs lézardés, les activités de suivi des producteurs agricoles se poursuivent normalement sur l’ensemble des cinq sous-secteurs (Diéma, Béma, Diangounté Camara, Lakamané et Dioumara).

Les conseils prodigués aux producteurs agricoles sont relatifs aux bonnes pratiques culturales. Il s’agit, entre autres, de pratiquer la Régénération naturelle assistée (RNA) et autres mesures de lutte antiérosive, faire le trempage des semences, investir davantage dans les semences de variétés hâtives et améliorées à cycle moyen et résistant à la sécheresse aussi bien pour les cultures vivrières que celles de rente, privilégier des méthodes favorisant l’économie de l’eau du sol, promouvoir l’agroforesterie, interagir avec les techniciens de la météorologie et des services d’agriculture et hydraulique pour avoir des informations agro-hydro-météorologiques et des conseils sur les variétés et techniques à utiliser durant la campagne.

Ouka BA
Amap-Diéma

Source : L’ESSOR