Au cours de ces dernières semaines, depuis l’annonce de la crise sanitaire, nous assistons impuissament à un fait déplorable. Les prix des denrées alimentaires ont pris l’ascenseur. À l’approche du mois de ramadan, le sucre étant le plus prisé parmi les autres aliments dans les mets de la coupure du jeun, et de ce fait le plus consommé, votre canard s’est rendu au marché de Boulkassoumbougou pour en savoir plus sur le produit. 

 

Le sucre est un carburant énergétique nécessaire au bon fonctionnement des cellules, donc il a une place importante dans l’alimentation générale, et particulière dans le mois de carême où les musulmans s’adonnent au jeun. De 450 francs CFA le kilo dans le marché, ce produit a grimpé à 550 le kilo au jour d’aujourd’hui, une hausse spectaculaire. Cela est dû selon certains du fait  de l’État d’urgence sanitaire qui a créé une panique chez les citoyens. Le confinement qui empêche la libre circulation des personnes y est pour quelque chose. Ce qui est grave, cet état de fait s’est produit juste à la veille du mois de ramadan. Et tout le monde sait comment le sucre est prisé en ce mois béni de l’année. Avec une telle augmentation inattendue et l’apparition de la pandémie du coronavirus, les populations musulmanes ne savent pas à quel saint se vouer, une opportunité qui profite à beaucoup de commerçants. Ces derniers, sous prétexte que les frontières vont bientôt fermés et qu’il y aurait pénurie de marchandises ou un retard considérable, essayent de tirer au maximum profit de l’occasion. Au lieu de 450, le prix initial, soudainement, il est vendu à 550 soit une augmentation de plus de 20% dans le marché de Boulkassoumbougou. Finalement ces genres de pratique pourront faire aussi son lot de victimes en plus du coronavirus sachant que le sucre est l’un des produits le plus consommés au Mali. Les grossistes que nous avons approchés chantent  la même chanson «Nous avons augmenté nos denrées parce que bientôt les frontières vont se fermer à cause de la maladie. Nous serons en rupture de stock. Donc il vaut mieux anticiper et profiter pour faire plus de gain avant que nous soyons bloqués chez nous sans rien ». Ils disent que déjà, beaucoup de leurs marchandises sont en retard. Et le sucre consommé dans notre pays vient de l’extérieur donc forcément cela a des répercussions sur le sucre et d’autres denrées alimentaires.

 

Par ailleurs, il y a d’autres commerçants qui mettent cette augmentation de prix inédite au compte du gouvernement  qui n’a pas su prendre ses dispositions pour empêcher cela. Selon eux, dans les autres pays du monde, Europe, États-Unis et même plusieurs pays africains, leurs gouvernements viennent à leur secours en réduisant les taxes ou tout simplement en leur offrant de quoi tenir durant la pandémie, mais au Mali, rien de palpable n’a été fait par le gouvernement.

«  La plupart des commerçants profitent du  coronavirus pour augmenter les prix des marchandises et cela chaque fois qu’une crise pointe son nez. Donc ce n’est pas une première », nous confie une cliente du marché Boukassoumbougou,  Hawa Daou. « Avec l’approche du mois de Ramadan, certains commerçants font exprès pour augmenter les prix et juste à quelques jours du début du ramadan pour venir nous dire qu’ils ont baissé les prix. Une manière de tromper les gens. Mais ce qui est étonnant, le mois de ramanda qui est censé être le moment où tout le monde doit penser à Allah et faire la charité, avoir pitié de son semblable pour que le Bon Dieu aille pitié de nous, devient le mois de toute sorte d’escroqueries. Et ensuite, ces mêmes personnes se prennent pour des musulmans. Pourquoi ne pas vendre alors à des prix raisonnables les denrées alimentaires ? », s’interrogea un autre usager sur le  même marché. Et à un commerçant de conclure par des conseils « Seule la population peut changer la donne en exigeant aux commerçants de maintenir les prix stables en cette crise sanitaire. C’est déplorant de constater que les populations continuent à subir des agissements inhumains de ce genre, vu qu’en plus de la panique  que peut susciter la pandémie du coronavirus, s’ajoute le mois de carême. Chose pas facile. Donc j’appelle les autorités à prendre des dispositions urgentes contre cette situation enfin que les Maliens passent un mois de prière avec sérénité. Juste au nom de la solidarité et de l’Islam ».

 

Zenebou Maïga

LE COMBAT