Paradoxe ! les boulangeries foisonnent, mais il y a très peu de pain de qualité. Ce qui est servi sur le marché étant très peu différent du fameux “tapoula” vendu par les femmes à l’entrée des mosquées et dont les enfants raffolent. En effet, avec le pain fourni par les boulangeries, il faut enterrer l’expression “casser le pain” puisqu’il n’existe plus de pain cassant, mais du pain que l’on coupe difficilement à la main parce que s’étirant comme du caoutchouc.

Les conditions d’hygiène, n’en parlons point ! Si les règles étaient vraiment appliquées par nos services de contrôle, la plupart des boulangeries seraient fermées à cause des toiles d’araignée qui pendent, le personnel non équipé travaillant torse nu dans cette atmosphère de chaleur favorisant la sudation, manipulant le pain à mains nues dans des conditions douteuses. Un de nos amis médecins ne s’était pas trompé en nous disant qu’il n’y a pas plus dangereux que le pain acheté à la boutique du coin, où il est négligemment déposé sur un comptoir poussiéreux, libéré aux mains des acheteurs qui peuvent le tâter, le tourner et le retourner comme ils veulent pour faire leur choix.

Le boutiquier, lui-même, se saisit du pain avec la même main qui vient de manipuler d’autres produits comme le savon, l’huile, sans compter l’argent qui passe dans toutes les mains.

Mais entre la boulangerie et le boutiquier, le pain subit aussi le supplice des distributeurs qui le transportent à bord de moto dans des conditions indignes du troisième millénaire, traversant les flaques d’eau avec les éclaboussures que cela engendre et travaillant sans gant pour manipuler le pain avec les mêmes mains qui conduisent la moto et saluent tout le monde au passage. Si le distributeur et le boutiquier sont enrhumés, je ne vous dis pas le reste !

Il est temps que les autorités se penchent sur cette question du pain car à défaut d’avoir de la qualité, sauf dans quelques coins très courus à présent, qu’on n’y mette au moins l’hygiène en bannissant les comportements insensés.

                              A.B.N. 

Source: Aujourd’hui-Mali