La société Energie du Mali (EDM sa) est, depuis quelques temps, très critiquée à cause des délestages intempestifs. Face à cette situation, ses responsables ont organisé, le mardi 17 octobre 2017 une conférence de presse au siège de la société. La conférence a été animée par Ladio Sogoba, Directeur Général Adjoint d’EDM en présence de Malik Diallo, chef de la cellule communication ainsi que plusieurs responsables de la structure. L’objectif de cette rencontre avec les médias était d’informer les populations sur le système de fonctionnement du réseau d’EDM et les difficultés auxquelles elle demeure confrontée dans la production et le transport de l’électricité.

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Plusieurs facteurs expliquent ces coupures d’électricité, selon le directeur général adjoint, Ladio Sogoba. «Nous avons connu des perturbations, depuis début octobre, dans la fourniture d’électricité à cause de la chaleur qui entraine une augmentation des charges et des incidents sur les réseaux local et interconnecté avec la Côte d’Ivoire»,  a expliqué le conférencier.

Selon lui, les lignes électriques sont dimensionnées pour un certain nombre de charges qui évoluent en fonction de la demande et se détériorent sous le poids de la surcharge. «Deux de nos liaisons et non des moindres : Kôdialani – Lafia (150 000 volts) et Lafiabougou – Darsalam (30 000 volts) ont connu des incidents du genre», a indiqué le technicien qui a également attiré l’attention sur le fait que la réparation est laborieuse et prend du temps, les câbles étant enterrés.

Par ailleurs, du 1er  au 15 octobre, 20 incidents majeurs ont été enregistrés sur le réseau local. La ligne interconnectée avec la Côte d’ivoire, de son côté, a connu environ huit péripéties. En outre, des véhicules renversent régulièrement des poteaux sur les lignes de Koulikoro et Kati. Et chaque fois qu’il y a un incident sur une liaison, le courant se coupe en attendant de transférer les charges sur une autre liaison, a-t-il ajouté.

D’autres facteurs extérieurs ont également été mis en cause. Ainsi par exemple, le Sénégal a cessé, depuis le 1er  mai dernier, de vendre l’électricité à la société pour faire face à ses déficits. La Mauritanie elle aussi a réduit la part d’électricité qu’elle lui vendait. A cela, il faut ajouter la baisse du niveau de l’eau, cette année, liée à la mauvaise pluviométrie. Conséquence : à Manantali, la quantité d’eau dans le fleuve se situe présentement, à 2,5 m en dessous du niveau de remplissage normal qui est de 11 milliards de m3.

Cette situation réduit la capacité de l’hydraulicité des barrages de Sélingué et de Manantali et exige, à son avis, une gestion rationnelle de l’énergie. Sur les 104 Mw qu’il doit à EDM, le barrage de Manantali en donne 61 aujourd’hui, a déploré le conférencier qui a aussi donné des explications concernant le fonctionnement du réseau électrique d’EDM.

Les questions des journalistes ont essentiellement porté sur les principales mesures visant à faire face à la situation. «Nous sommes en train de prendre des mesures pour réparer et sécuriser davantage ces réseaux», a-t-il laissé entendre, mais, pour lui, la solution durable passe par des investissements dans la construction de nouvelles centrales et le renforcement du réseau électricité afin de pouvoir faire face aux charges et à la demande.

Pour ce faire, « l’électricité comme tout produit marchand doit être rentable afin de pouvoir s’autofinancer», alors qu’EDM achète aujourd’hui le Kwh à 130 F cfa pour le revendre à 98 F cfa. Ce qui entraine une perte de 32 F cfa. Raison pour laquelle, «nous ne pouvons pas faire des investissements dans cette situation», a-t-il regretté.

Compte tenu de cette situation  financière déficitaire, les banques  ne prennent pas le risque de financer des projets d’investissement, a-t-il expliqué pour justifier les difficultés de la société à faire aboutir ses grands projets.

Aussi, pour développer le réseau, les populations doivent accepter une augmentation du coût de l’électricité, a-t-il estimé avant d’ajouter que l’Etat, qui accorde à EDM une subvention d’exploitation, sera à l’avenir, contraint d’aller vers une telle solution.

Mamadou DOLO

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