Après avoir alerté sans gain de cause son ministère de tutelle et même le Premier ministre chef de Gouvernement ainsi que le Président du conseil national du patronat du Mali (CNPM) sur certaines pratiques de corruption, d’enrichissement illicite et de concussion au sein de la direction générale du commerce, de la consommation et de la concurrence (DGCC), la section syndicale SYNTAP/CDTM de la DGCC a fait recours aux médias pour persister dans sa lutte. Par le truchement d’une conférence de presse animée le lundi 09 décembre 2019 à son siège, les défenseurs des droits matériels et moraux des employés de la DGCC ont tapé du poing sur la table.

9 à 15 millions de nos francs sinon plus, sont illégalement perçus au seul poste de contrôle de Samè sur les camions chargés de marchandises essentiellement importées ; peut-on retenir du décor planté par M. Abdel-Kader DIARRA, le secrétaire général de la section syndicale SYNTAP/CDTM de la DGCC. Dans son exposé des faits, cet inspecteur des services économiques et agent lui-même de la DGCC, a laissé entendre que des agents de la Direction régionale du commerce, de la consommation et de la concurrence du District de Bamako, dans le cadre d’un système que le syndicat qualifie de mafieux et orchestré par un triumvirat, se positionnent aux postes de contrôle notamment celui de SAME et ce, 24 heures sur 24, sans aucune base juridique. « De là-bas, ils interceptent les camions chargés de marchandises essentiellement importées, et exigent en fonction du volume et de la nature des marchandises une somme comprise entre vingt-cinq mille francs CFA (25.000 FCFA) et cent cinquante mille francs (150.000 FCFA). Ces montants sont perçus sans délivrer de reçus, encore moins de quittances du trésor public en contrepartie. Cette pratique, appelée à juste raison par lesdits agents ‘’la convention’’ génère par semaine neuf millions (9.000.000) à quinze millions (15.000.000) de nos francs, si non plus et pour le seul poste de Samè. Et chaque vendredi, le triumvirat se retrouve pour partager le montant obtenu sur la base d’une clé de répartition établie à cet effet. Les autres postes à savoir Zantiguila, Faladiè (cour de la douane), Sebenicôrô et SOTERCO (route de la zone industrielle) sont aussi occupés par les mêmes agents en violation flagrante de l’Arrêté interministériel N°08-3314/MET-MEF-MEA-MSIPC-MEP-MA-MEIC-MATCL-SG du 26 novembre 2008, fixant les modalités pratiques de la mise en œuvre du plan régional de contrôle sur les axes routiers inter Etats de l’UEMOA » a développé M. Diarra.

Selon le principal conférencier, la direction générale du commerce, de la consommation et de la concurrence (DGCC) qui doit œuvrer sur la base des trois lois que sont: la Loi N°2015-036 du 16 juillet 2015 portant protection du consommateur, la Loi N°2016-006 du 24 février 2016 portant organisation de la concurrence, et la Loi N°2018-033 du 12 juin 2018 relative aux pratiques commerciales frauduleuses, se voit muselée à cause des passavants illégaux et ‘’pécuniaires’’ délivrés par lesdits agents aux différents postes cités plus haut.

L’occasion de cette rencontre avec la presse a été jugée aussi opportune par les conférenciers de dénoncer des abus de pouvoir dont fait preuve la hiérarchie de la DGCC à l’endroit de certains employés. Et à M. Abdel-Kader Diarra d’enfoncer le clou : « La section syndicale persiste et signe que la majeure partie des abus de pouvoir au sein du service est due au contrôle et à la sauvegarde de la manne financière que procure cette corruption à ciel ouvert. Comme abus de pouvoir, nous notons les mutations arbitraires, les conflits de compétences, le rejet des cadres de concertations et d’échanges au sein du service, la gestion opaque des fonds spéciaux dont le prélèvement est prévu par l’Arrêté n°2017-1932/MC-SG du 19 juin 2017 portant répartition du produit des amendes, confiscations et pénalités constatées et prononcées en matière de commerce, de protection du consommateur et de Concurrence… » a dénoncé M. Diarra selon qui si rien n’est fait, la section syndicale SYNTAP/CDTM de la DGCC se réserve le droit de saisir les juridictions compétentes, l’UEMOA et la CEDEAO pour la circonstance.

André SEGBEDJI

Source: Autre Presse