Créée en 1991, la caisse d’épargne Kondo Jigima a fait faillite en 2013. Une gestion calamiteuse, sous la présidence de plus de 20 ans de Mohamed Adideye Maiga, serait la principale cause du cataclysme de cette structure qui avait pourtant pris une ascension fulgurante.

En effet, l’analyse de l’historique des caisses révèle que Kondo Jigima a effectué son extension avec le projet PRP (Programme de réduction de la pauvreté) entre 2003 et 2008 ; cela s’est traduit par l’ouverture des caisses à Kolokani (les 7 caisses sans Gueledo et sebekoro), Nara (toutes les caisses) et Kayes (Same, Kemene Tanbo, Djelebou, Karakoro, Kousané, Diamou, Sahel). Les facteurs qui pouvaient mieux garantir n’ont pas été maitrisés : la sécurisation des ressources, la gestion du flux financiers (Cf. gestion des fonds du PRP, non-respect des conditions de mise à disposition auprès des caisses ouvertes), la faiblesse du contrôle interne mis en place.

La mauvaise gestion des fonds

Pour les lignes de crédit du PRP, la direction sous la conduite de M. Maïga a utilisé ces fonds dans le fonctionnement et parallèlement, il devrait mettre en place un fonds de réserve à la suite de l’utilisation des fonds, ce qui n’a pas été le cas. Il y a également la  non maitrise des charges par les recrutements, les frais de fonctionnement, etc.

Le niveau du contrôle du dispositif était disproportionné par rapport à la taille du réseau. Faute d’organisation et de budget (peut-être), les zones faisaient l’objet de contrôle partiel. Le nombre d’inspecteurs était insuffisant pour la taille du réseau. La régularité des missions d’inspection n’était pas effective. S’y ajoute le non suivi des recommandations des missions d’inspection. Par exemple, des recommandations de 2006 demeuraient jusqu’en 2009. Conséquence : la caisse qui avait pris un bon élan, freine et tombe.

Depuis son effondrement en 2013 jusqu’à nos jours, des milliers de  sociétaires qui sont dans la déception et la désolation, attendent désespérément leurs sous. En difficulté financière, la caisse n’arrive plus à payer les liquidités des épargnants. Certains vivent dans la précarité la plus totale sans pouvoir accéder à leurs millions épargnés à Kondo Jigima. D’autres sont en conflit avec des parents car ils ont choisi de confier la gestion des économies communes à la caisse.

Avec le document de synthèse des activités réalisées dont nous avons copie et en se référant sur l’audit de la caisse,  il ressort clairement que les fonds recouvrés seraient détournés par l’actuelle équipe dirigeante de la caisse conduite par Mahamadou Sinayoko. Pour preuve, le total des sorties de l’utilisation des autres fonds de la période octobre 2014 à février 2016 s’élève à 237 million 199 mille 643 francs CFA. Sur ce montant global, les sociétaires n’ont eu droit qu’à seulement 8 millions 479 mille 730 francs CFA. Où est donc parti le reste de l’argent ?

Sur la même période, le total des montants recouvrés est de 199 millions 752 mille 570 francs CFA. Sur ce montant, les dossiers en contentieux traités par la Direction générale font un total de 35millions 760mille 660FCFA. A ce niveau aussi, c’est  le flou total.

Nous ne comprenions pas le fait que les fonds recouvrés prennent d’autres directions alors que les épargnants qui ont englouti des milliards de nos francs attendent depuis des années leur argent.

Afin de pouvoir mettre la main sur leur argent, les sociétaires ont mis en place un comité de crise dirigé par Moussa Traoré. Ce dernier a écrit une série de lettre avec comme objet : faire l’audit de la caisse d’épargne Kondo Jigima. Une première adressée au Premier ministre, Moussa Mara,  restée sans suite. Une deuxième au successeur de celui-ci, Modibo Kéita avec ampliation au Président de l’Assemblée Issiaka Sidibé, le président du Conseil Economique Social et Culturel, Boulkassoum Haidara et au ministre de l’Economie et des Finances, Dr.Boubou Cissé. C’est ainsi qu’il a été instruit à la Cellule de contrôle de caisse associative du Mali de faire l’audit en 2016. Le résultat a été remis à la Direction de Kondo Jigima le 1er janvier 2017. Depuis ce jour, ni l’Union du Kodo Jigima dirigée par M.Maiga, ni la Direction générale dirigée par M.Synagnoko, n’ont pu tenir une assemblée générale pour informer les sociétaires de la caisse.

Retard de la relance du réseau

Après l’audit, le Gouvernement a dit qu’il va relancer le réseau. Car le mandat de tous les organes était périmé. Pour ce faire, il propose entre autres : la tenue de l’Assemblée de renouvellement des instances pour décider de la continuité ou fermeture de la caisse ; le paiement des arriérés de charges de fonctionnement : salaires, loyers, eau, électricité ; la négociation avec les gros épargnants pour transformer les Epargnes Libre- EPL en Dépôt à Terme-DAT pour au moins 3 ans ; la mise en place du fonds de stabilisation pour les nouveaux crédits ; le suivi du remboursement des anciens  et nouveaux crédits ; le suivi du processus ; la relecture du manuel de procédures afin de prendre en compte la nouvelle configuration du réseau et procéder à la réduction du pouvoir de l’Union, le renforcement du contrôle et l’appui conseil auprès des caisses viables par le département.

En tout cas, il est temps de songer à alléger la souffrance des pauvres qui ont confié leur fortune à cette caisse. Ils ont voulu aider les institutions bancaires en évitant de garder leur argent à domicile ou de l’enfouir dans leurs champs. Ces gens, faute d’entrer en possession de leurs sous, ont vu leurs familles se disloquer, déploré la déscolarisation de leurs enfants et la rupture avec leurs épouses. Le rêve pour certains compatriotes de repartir en Europe par voie légale s’est également brisé.

En somme, on trouve toutes sortes de catégories de gens parmi les victimes de Kondo Jigima. Et le président du comité de crise des victimes de Kondo Jigima , M.Traoré, appelle à l’union sacrée de tous les épargnants afin de trouver les voies et moyens pour amener la caisse à les rembourser. Les sociétaires seront convoqués très bientôt pour une grande assemblée de mobilisation.

Tientigui

Le Démocrate