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La TDRL, ça vous parle ?

Trouver des compatriotes en grand nombre qui payent la Taxe de Développement Régional et Local… cela relève très souvent du challenge. Tant à Bamako que de nos localités de l’intérieur, les Maliens se montrent plus que réticents à l’idée d’honorer une taxe dont ils affirment douter de l’emploi. Aux élus municipaux d’en tirer donc toutes les leçons.

Voici quelques réactions de citoyens que nous avons recueillies.

 

Fatoumata Thiéro, informaticienne : Je ne prête pas beaucoup attention au paiement de la TDR. Je ne l’ai jamais payée.

 

Abdoul Karim Koné, enseignant : J’ai eu à payer cette taxe une fois. Mais de façon involontaire, je voulais faire une demande pour l’installation d’eau.

 

Mohamed Togola : A vrai dire, je suis au courant de la TDRL, mais je ne m’en acquitte pas. Les mairies ne s’investissent pas autant que ça dans le développement des communes ; ça n’encourage vraiment pas à payer.

 

Modibo Samaké : Je paie cette taxe-là occasionnellement. Je me rappelle encore, la dernière fois que je l’ai payée, c’était quand j’ai voulu faire une déclaration de mariage.

 

Aïchata Sidibé, infirmière : Je n’ai jamais payé la TDRL parce que je ne me sens pas concernée.

 

Modibo Sidibé, infographiste : J’ai une fois payé la TDRL. A part cette seule fois, je ne l’ai plus honorée.

 

Ismaeïla Dembélé, infographiste : C’est la première fois que j’entends parler de cette taxe et de la loi qui l’encadre. Je ne savais pas que cette loi existait.

 

Amadou Niaré, boutiquier : Je n’ai jamais payé la TDRL. Pour moi, elle n’est pas aussi importante car, même avec les impôts que nous payons, nous ne constatons pas grand changement au niveau de nos communes.

 

Oumar Baradji, moto-taximan : La gestion de la plupart de nos maires n’est pas saine du tout. Donc, pourquoi leur verser une taxe qu’ils se feront le plaisir de détourner. Il faudrait d’abord que nos élus municipaux améliorent leur gestion fiscale.  Ainsi, nous allons payer ce qu’on doit à la mairie.

 

Fatimata Touré, secrétaire : Je ne paie pas tout simplement parce que le mécanisme de gestion des mairies maliennes n’encourage pas au paiement de la taxe.

 

Adama Dembélé, enseignant : Payer les taxes pour le développement régional et local est un devoir pour chaque citoyen malien.  Ceci fait de nous de vrais citoyens maliens. Nous nous plaignons tout le temps que les rues ne sont pas propres ou bien que les chaussées ne sont pas bien aménagées. Si chaque Malien paye la TDRL, alors, le travail sera fait par les maires. Quant à moi, chaque année, je paye pour moi car je souhaite de tout cœur que le Mali avance sur tous les plans. Même si nos maires ne font pas bon usage de l’argent, au moins remplissons notre devoir de Malien.

 Dabo Cissé, enseignante : Je pense que les Maliens doivent payer, car cet argent nous sert à beaucoup de choses comme l’assainissement des quartiers, la réparation des voies communales etc. Me concernant, je paye et j’encourage tous les citoyens aussi à payer.

Deborah Diarra, agent médical   : Je pense que l’argent de la TDRL ne sert à rien dans ce pays car nombreuses sont les personnes qui payaient mais qui ont fini par arrêter, y compris moi-même. Par la simple raison que les travaux ne sont pas exécutés par nos maires. Et nous ne savons même pas dans quoi l’argent est investi.

Amadou Cissé, électricien : Pour moi, payer la TDRL est un devoir pour tout Malien. Je paye la mienne chaque année et je pense que même si les travaux ne sont pas faits à la lettre, les gens ne devraient pas se décourager. Un jour, le changement va prendre le dessus.

Tidiani Konaté, électromécanicien : Pour ma part, je ne paye plus la TDRL. Avant, je le faisais, mais il n’y a jamais eu de changement. Les routes goudronnées sont toujours dans un état critique car la moitié de l’argent rentre dans les poches des dirigeants municipaux. Je ne vois vraiment pas l’importance de se privée de son argent pour un développement qui n’a jamais eu lieu.

Koly Cissé, médecin : Pour moi, il est inutile de payer la TDRL. C’est pourquoi, je refuse de m’en acquitter. Pourquoi donner de l’argent à des administrateurs municipaux qui s’en remplissent les poches ? Avant, moi-même je payais ; mais j’ai vu qu’il n’y a rien qui évolue dans ma commune. Dès lors, j’ai arrêté le paiement.

 

Daouda Diarra, agent commercial : Je ne vois pas l’importance de la TDRL car l’argent ne rentre pas dans la caisse municipale. Au contraire, tout est accaparé par les maires qui ont fait des caisses des mairies leur propriété personnelle. Cela ne marche pas. Et tant que cela est, je refuse net de payer cette TDRL.

Payer de l’argent pour un développement incertain ? Moi, jamais.

Maminata Dembélé, restauratrice : C’est quand même un sacré paradoxe ! Des maires ripoux à qui il faut qu’on verse 3000FCFA gratuitement ! Il n’en est pas question. Je préfère donner cet argent à des nécessiteux ou à des œuvres de charité. Hors de question que je transpire toute l’année à chercher ma pitance pour aller en faire cadeau aux maires qui n’ont aucun souci du développement de leurs localités. Je ne paierai pas cette taxe.

 

Fatoumata Dionsa, comptable :  Je n’ai jamais payé la TDRL. Au Mali, les gens n’aiment pas les taxes. Et cela se comprend. On ne sait pas où va l’argent de ces taxes-là. Bamako est une ville sale et tout le monde le sait. Si on faisait l’entretien de la ville et de ses environs avec l’argent que rapportent ces taxes, ça pourrait encourager les gens à s’acquitter de leur TDR.

 

Jean Baptiste Diarra, enseignant : Depuis que j’ai commencé à travailler, je paie la TDRL. Même si beaucoup restent pessimistes à l’idée du développement de nos communes, je continue de payer car c’est avant tout un devoir moral et citoyen.

 

Mahamoud Tamba Makadji, peintre : Je n’ai aucune confiance ni en nos maires ni en leurs conseillers. Ils sont à leurs postes pour des fins personnelles et non pour le progrès de nos circonscriptions. Je ne céderai pas un franc de mon argent. La TDRL n’est pas investie là où elle le devrait. Pourquoi alors s’en acquitter ?

Propos recueillis par

Siguéta Salimata DEMBELE et Ketsia Konaté

Source: Les Échos- Mali