L’hôtel le Cinquantenaire à Sikasso a été le cadre, le lundi 14 mai 2018, de la cérémonie de lancement officiel de la Zone économique spéciale (Zes) couvrant les villes de Sikasso (Mali), Korhogo (Côte d’Ivoire) et Bobo Dioulasso (Burkina Faso). Cette zone économique spéciale est appelée Sikobo (Si pour Sikasso ; Ko pour Korhogo et Bo pour Bobo Dioulasso). Ces trois villes deviennent ainsi un triangle géographique et une potentialité socio-économique pour les trois pays. La cérémonie était placée sous la coprésidence des Premiers ministres Soumeylou Boubèye Maïga (Mali), Amadou Gon Coulibaly (Côte d’Ivoire) et Paul Kaba Tiéba du Burkina Faso.

Selon le ministre de l’Economie et des finances, Dr. Boubou Cissé (présentateur du projet), la Zone économique spéciale (Zes) est une initiative des gouvernements du Mali, de la Côte d’Ivoire et du Burkina Faso pour renforcer leur coopération et l’intégration sous régionale de leurs peuples. Cette initiative entre dans le cadre des réformes entreprises par la Communauté économiques des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) et de l’Union économique et monétaire Ouest africaine (Uémoa). Elle vise la valorisation des opportunités de développement et d’industrialisation des Etats dans la perspective d’une union économique et monétaire en vue d’élever le niveau de vie des populations des Etats membres.

« Afin de réaliser ce but, l’action de la Communauté a porté sur l’harmonisation et la coordination des politiques et programmes nationaux, la création d’une zone de libres échanges et la création d’une union économique et monétaire. Dans ce cadre, plusieurs réformes ont été entreprises dans les domaines de l’agriculture, l’industrie et du commerce, des biens et des services. Ainsi, conscients des progrès réalisés dans le cadre desdites réformes et les dispositions pertinentes des traités instituant la Cédéao et l’Uémoa, le Mali, le Burkina Faso et la Côte d’Ivoire ont envisagé la création et la mise en place effective d’une Zone économique spéciale (Zes) en vue de lever les obstacles résiduels à l’intégration régionale, notamment : la faible complémentarité des économies nationales ; l’insuffisance des infrastructures socioéconomiques de base ; l’insécurité et un environnement économique et juridique peu incitatif à l’investissement privé » a-t-il précisé.

L’objectif de la Zone économique spéciale (Zes) est de « promouvoir un développement inclusif et durable en faveur de la réduction de la pauvreté et des inégalités dans un Mali uni et apaisé en se fondant sur les potentialités et les capacités de résilience en vue d’atteindre les Objectifs de développement durable (Odd) à l’horizon 2030 », a déclaré le ministre Boubou Cissé pour justifier la création de la Zes.

L’ambition de la Zes est de mettre en synergie toutes les opportunités de développement entre les trois pays de manière à rendre leurs économiques plus complémentaires, en particulier dans la zone transfrontalière. La Zes offrira ainsi un environnement propice pour réaliser des projets de développement qui leur permettront de régler toutes les problématiques liées aux différents défis industriels. « Ceci parce qu’elle sera une région géographique dotée d’infrastructures adéquates dans laquelle les lois économiques sont plus libérales, c’est-à-dire, plus avantageuses pour les entreprises que celles pratiquées dans le reste du pays. Elle permettra aussi d’attirer les investissements étrangers, de créer des emplois et surtout d’améliorer l’accès à la technologie. Ainsi, l’aire géographique concernée par le projet structurant est comprise dans un triangle constitué par les localités de Sikasso (Mali), Korhogo (Côte d’Ivoire) et Bobo Dioulasso (Burkina Faso). Ces localités frontalières des trois pays entretiennent depuis longtemps des dynamiques d’échanges et de développement autonome sur les plans social, culturel (triangle du balafon) et économique », a expliqué Dr Boubou Cissé.

Le triangle Sikasso-Korhogo-Bobo Dioulasso : réservoirs de ressources naturelles

En présentant les trois localités du triangle, Dr. Boubou Cissé dira que ces différentes villes regorgent d’un potentiel en ressources naturelles peu exploitées et disposent de certains facteurs de production (électricité, pistes rurales, routes nationales, aéroport) favorisant la concentration d’entreprises dans les domaines de l’agrobusiness, de l’agro-industrie, de la logistique et du développement de chaînes de valeurs dans les filières disposant d’avantages comparatifs ou compétitifs. « Ceci permettra d’attirer les investissements étrangers, de créer des emplois et surtout d’améliorer l’accès à la technologie. Les mesures incitatives à mettre en place au profit des entreprises seraient la réduction ou les exonérations fiscales temporaires, les aides directes comme les subventions à l’installation (prime à l’investissement, fourniture de terrains et de locaux à prix réduit). Il s’agira d’instaurer une combinaison d’incitations fiscales, de droits de douanes favorables, des procédures douanières simplifiées et des règlementations limitées pour accompagner la valorisation des opportunités existantes au sein de ladite zone », a-t-il argumenté.

Après cette présentation du projet de la Zone économique spéciale par Dr. Boubou Cissé, les trois Premiers ministres ont magnifié cet espace triangulaire de coopération régionale et de développement économique intégré (voir leurs interventions) avant de signer la Déclaration d’engagement au nom de leurs Etats respectifs.

Siaka DOUMBIA – Envoyé spécial

 SOUMEYLOU BOUBEYE MAIGE (PREMIER MINISTRE DU MALI) :

« La Zes est le départ d’une nouvelle ère de prospérité partagée pour nos pays et nos peuples »

Dans sa déclaration, le Premier ministre Soumeylou Boubèye Maïga a rappelé que le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire et le Mali sont intimement liés par les frontières communes ainsi que par les liens séculaires qu’ont tissés les populations des trois pays qui ont toujours vécu en parfaite harmonie. Pour le Premier ministre, la rencontre de Sikasso vise alors à rétablir les réalités historiques, culturelles et économiques qui ont toujours uni les trois pays en général et les populations des régions cibles en particulier. « En effet, nos concitoyens qui vivent sur ces différentes parties de nos territoires respectifs ont une histoire commune, partagent la même culture, comme l’illustre si bien le bel instrument en commun qu’est le balafon et ont développé entre elles des flux commerciaux antérieurs à l’ensemble des dynamiques d’intégration sous régionale. Le lancement de cette Zone économique spéciale procède alors de notre volonté de donner un nouveau souffle à la dynamique d’intégration dans laquelle nos pays se sont engagés dans le cadre de l’Union économique et monétaire ouest africaine et de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest. Il faut certainement le noter, malgré les avancées enregistrées en la matière, l’intégration économique tarde à atteindre l’envergure souhaitée. A titre illustratif, les échanges commerciaux entre les pays membres de la Cédéao n’ont représenté que 11,5 % de l’ensemble des échanges de la zone. Il s’agit alors pour nous, sur la base des avantages comparatifs de ces trois régions, de mutualiser nos moyens afin de desserrer les contraintes à l’investissement permettant ainsi de développer les nombreuses potentialités dont elles regorgent », a-t-il affirmé.

SBM : « La Zes est novatrice »

Pour le Premier ministre Soumeylou Boubèye Maïga, la Zes est novatrice à plus d’un titre car elle est bâtie autour de trois régions transfrontalières de trois pays frères. « Novatrice, elle l’est aussi car bien qu’étant ancrée dans les politiques d’intégration entre nos Etats, elle confère un rôle prépondérant aux Collectivités territoriales concernées, notamment dans la définition des filières porteuses et des moyens de les développer, les confortant ainsi dans leur rôle de maîtrise d’ouvrage du développement économique régional. Elle est enfin novatrice car privilégiant le partenariat entre nos Etats et nos secteurs privés. Il s’agit pour nos secteurs privés respectifs, dans le cadre de partenariats Public-Privé de contribuer à créer les conditions propices au développement des affaires, d’implanter des unités de production dans la Zone et de les développer », a-t-il avancé.

« La Zone économique spéciale est le départ d’une nouvelle ère de prospérité partagée pour nos pays et nos peuples », dixit SBM

Le Premier ministre s’est dit convaincu que la Zone économique spéciale est le départ d’une nouvelle ère de prospérité partagée pour nos pays et nos peuples. Au nom du président de la République Ibrahim Boubacar Keïta, il a remercié ses hôtes pour l’honneur qu’ils ont fait au peuple malien d’abriter la cérémonie de lancement officiel du Zes, mais aussi pour le choix porté sur la région de Sikasso pour être le cœur de la Zone. « L’histoire retiendra qu’un certain 14 mai 2018 à Sikasso, dans la Capitale du fier Royaume du Kénédougou, le Kénédougou de Tiéba et Babemba Traoré, que des frères venus du Burkina Faso, de la République de Côte d’Ivoire et de la République du Mali se sont retrouvés pour réconcilier nos pays avec notre histoire commune et posé les jalons d’un cycle vertueux de croissance et de développement », a-t-il affirmé.

Siaka DOUMBIA

La Ville de Sikasso a désormais les statues des Rois Tiéba et Babemba Traoré

La ville de Sikasso est désormais ornée par les statues géantes de ces derniers rois, Tiéba Traoré (4e Roi du Kénédougou, 1866-1893) et de son frère Babemba Traoré (5eRoi du Kénédougou, 1893-1898 et successeur du Roi Tiéba Traoré). Ces deux statues géantes ont été inaugurées le lundi 14 mai 2018 par le Premier ministre Soumeylou Boubèye Maïga accompagné de ses homologues du Burkina Faso et de la Côte d’Ivoire et leurs délégations respectives. La statue de Babemba Traoré  se trouve au rond point du Stade qui porte son nom. Et celle de Tièba Traoré fait face au camp militaire auquel il a donné son nom. Auparavant, le dimanche 13 mai 2018, le Premier ministre Soumeylou Boubèye Maïga et ses hôtes du Burkina Faso et de la Côte d’Ivoire avaient rendu une visite de courtoisie aux notabilités de la ville de Sikasso dont les familles fondatrices du Kénédougou.

S. D.

Par Aujourd’hui-Mali