Présent au Mali depuis 1975, Serge Lepoultier, le président du Conseil des investisseurs européens au Mali (CIEM), est un spécialiste de la fiscalité. Elles sont 115 sociétés qui rapportent 20% des impôts recouvrés par l’Etat. Il estime que les entreprises structurées ont trop de charge en termes d’impôt, alors qu’elles souffrent de la concurrence déloyale du secteur informel délictuel. Il dénonce, en outre, une interprétation tendancieuse du Code Général des Impôts par les Inspecteurs des impôts. Conséquence : beaucoup d’entreprises quittent aujourd’hui le Mali pour d’autres cieux où les conditions sont plus favorables.

 

C’est à la suite d’une assemblée générale du CNPM que les patrons d’entreprises ont mis le doigt sur les insuffisances qui handicapent le secteur privé malien. A travers cette conférence de presse, ce secteur développe un plaidoyer visant à faire fléchir l’Etat dans la perspective des réformes pour améliorer le climat des affaires.

Pour le président du Comité des investisseurs européens au Mali, les entreprises structurées supportent trop de charges fiscales. Il a ainsi expliqué qu’en venant dans notre pays, l’investisseur doit d’abord chercher un local à travers lequel il s’occupe de l’impôt du propriétaire qui n’est pas soumis à l’impôt foncier. Ensuite, en recrutant des salariés, il gère l’ITS et en cherchant des prestataires, il va collecter les TVA et s’il fait des intérêts, il doit s’acquitter aussi de l’impôt sur le bénéfice.

» Comme vous voyez, vous êtes responsables de trop d’impôts. On a une fiscalité qui n’est pas adaptée au pays, elle est trop lourde. Si nous prenons par exemple l’Impôt sur la Société au Mali, le taux est de 30%, alors qu’en Côte d’Ivoire et au Sénégal, il est de 25%. Donc, l’entreprise qui veut investir au Mali tient compte de ce facteur. Quant à l’Impôt sur le Traite ment des Salaires (ITS), c’est l’employeur qui le prélève à la source et il est trop élevé avec les charges sociales INPS et AMO « , a expliqué Serge Lepoultier.

C’est pourquoi, le patronat a demandé un abattement de l’ITS, car ce sont les sociétés structurées seules qui paient. Aux dires de Lepoultier,  » c’est un frein à l’embauche. Or, si on veut impulser la création d’emplois, améliorer les conditions de vie des travailleurs, il faut une baisse de 30 à 40% de l’ITS. Cette baisse ne va pas dans la poche de l’employeur, qui aura toujours la même charge mais dans la poche du salarié, parce que c’est son argent. En mettant trop d’impôts sur les entreprises structurées, ça les étouffe ». Selon le patron des entreprises européennes au Mali,  » pour alléger la charge fiscale des sociétés structurées, il faut une fiscalité équitable, un impôt juste, en s’attaquant au secteur informel délictuel, en élargissant la base de l’assiette fiscale à travers la taxe foncière pour les propriétaires d’immeubles en location « .

Les patrons d’entreprises restent donc convaincus que c’est au travers d’une directive que l’on peut éviter les interprétations à tort et à travers du Code Général des Impôts par les Inspecteurs des impôts.

YC

Source : l’Indépendant