Depuis plus de deux mois, une pénurie de gaz frappe de plein fouet le Mali. L’actualité brûlante auprès des femmes, surtout en cette période de froid intense, c’est le gaz et la question brûlante et lancinante : que faire pour en avoir ? Pour lever tout équivoque sur la problématique, le directeur général de Sodigaz, non moins président du groupement des professionnels de gaz domestique, Oudiari Diawara, était face à la presse, hier. Il précise que les sociétés de distribution de gaz ne sont pas en grève mais, ils veulent juste entrer en possession des 7 milliards de Fcfa, d’un an d’arriérés de l’Etat. C’est cet argent qui leur permet de fonctionner, faute de quoi ils seront obligés de fermer les portes et mettre le personnel au chômage.

 

Il s’agissait d’une opération de communication, au cours de laquelle, le président du groupement des professionnels de gaz domestique, Oudiari Diawara, tentait d’éclairer la lanterne des maliens sur la situation qui prévaut face à la pénurie de gaz domestique. Il ressort de ses explications que l’Etat subventionne le gaz mais pas les sociétés de distribution. Face à ces sociétés, l’Etat fait plutôt un différentiel de prix en payant la marge qu’il a décidé de subventionner pour les citoyens.

» Nous ne sommes pas en grève. Nous ne faisons pas non plus de la rétention. Nous n’avons plus de gaz dans nos stocks, faute de moyens. Notre maladie aujourd’hui, s’appelle le manque de trésorerie. On ne demande pas d’augmenter le prix du gaz mais plutôt de formaliser les choses pour que nous puissions entrer en possession de nos fonds qui bloquent toute notre activité  » a martelé M. Diawara. Une façon pour lui d’expliquer qu’à l’origine de cette subvention, c’est tous les pays du CILS qui ont adopté en 1983, une loi pour la subvention du gaz butane. La politique en son temps était d’amener les consommateurs à utiliser le gaz pour réduire la coupe des 6 millions de tonnes de bois utilisés au Mali par an. Toute chose qui visait à développer les forêts et réduire progressivement la coupe de bois et la consommation du charbon. Le gaz n’étant pas un produit fait au Mali, les sociétés maliennes vont se ravitailler en Côte d’Ivoire, au Ghana et au Sénégal.

Le prix normal du kg est de 1004 Fcfa soit 6 024 Fcfa pour la bouteille de 6 kg. L’Etat ayant trouvé que c’est exorbitant à instituer le prix de vente unitaire et subventionné à 35.000 Fcfa et les 2 524 F restant lui permettait de rembourser sur chaque bobonne de gaz de 6 kilogrammes.

Et voilà que depuis un an soit d’octobre 2018 à décembre 2019 les sociétés de distribution de gaz sont confrontées à un sérieux problème de nonpaiement d’arriérés évalué à environ 7 milliards de Fcfa. « Nous sommes conscients que le pays va mal, on veut bien aider le gouvernement mais, il faudrait que l’Etat nous montre la voie. Nous avons, nous aussi besoin de régler nos partenaires de l’étranger qui nous refuse des dettes supplémentaires à cause des impayés qui nous incombent  » a-t-il précisé avant d’ajouter qu’en tant qu’acteurs incontournables, ils méritent de l’attention pour qu’ils puissent à leur tour aider la population.

A noter que le Groupement des professionnels de gaz domestique a adressé deux courriers successifs au ministre de l’Economie et des Finances, Dr Boubou Cissé qui leur a répondu qu’avec la situation actuelle du pays, il n’y a pas de crédit budgétaire pour faire face au paiement du gaz. Alors que Diawara dit se souvenir qu’au temps du Premier ministre Modibo Sidibé, l’Etat, à travers le ministre des finances, Aboubacar Traoré, mettait chaque année un crédit budgétaire de 5 milliards de Fcfa pour la gestion du gaz.

Cependant, malgré la tension actuelle liée à la pénurie, les sociétés de distribution de gaz, indique leur président, Oudiari Diawara, ne peuvent pas se permettre d’augmenter ou de fixer les prix sans autorisation de l’Etat.

Pour dégager leur responsabilité face à la flambée du prix des bonbonnes vendues 15.000 pour la bouteille de 12 kg et 6.500 pour celle de 6 kg, il décline toute responsabilité face à cette vente à des prix non homologués.

En tout cas, si ce problème de pénurie de gaz n’est pas vite résolu, la conséquence sera très fâcheuse avec la fermeture de nombreuses PME et PMI, entraînant le chômage à grande échelle, les abus liés à la coupe du bois et au recours au charbon de bois dont les conséquences sur le changement climatique sont incommensurables, au-delà de leurs pris qui vont grimper se répercutant sur les portefeuilles déjà vides des consommateurs.

F. Mah Thiam KONE

Source: l’Indépendant