Avec huit ans d’expérience en horticulture, son périmètre, au bord du Djoliba comporte une diversité de plus de trente plantes. Malgré les difficultés financières auxquelles il est confronté, Boubacar Konaté continue d’exercer son métier.

Silhouette frêle, une vieille daba à la main, Boubacar Konaté, 35 ans,  faufile entre ses plantes. Ce mardi, c’est la reprise. L’homme s’assure que tout est intact. Installé sous le pont Fahd, son périmètre d’un demi-hectare compte plus de trente espèces différentes de plantes. Ce père de famille inséparable de son cure-dents  est déçu de son métier. Cette question, il l’aborde sans gêne. « Je ne gagne pas bien ma vie, mais je n’ai pas d’autre choix », confie-t-il en remuant la tête.

Revenus

Les cinq dernières années représentent pour lui les moments de pire galère dans sa vie. Il le raconte aussi. «Depuis cinq ans, nos revenus ont fortement baissé. Je ne me rappelle même pas de la date de mon dernier client. », Révèle-t-il en montrant quelques pieds de gazons usés. Lorsque le niveau d’eau baisse, il fait recours à l’eau de puits pour arroser ces plantes.

Des journées entières sans gagner un franc. L’horticulteur se dit victime de la sous-traitance de son activité par des compatriotes auprès des étrangers. « Certaines personnes négocient nos plantes à des prix très bas. Elles les revendent très chers aux expatriés européens. Ces intermédiaires vivent sur notre dos», raconte-t-il.

Marié et père de deux enfants,  Boubacar Konaté explique difficilement la répartition  de ses  dépenses mensuelles. « Je n’ai pas de revenu fixe le mois. Ça varie  d’un mois à un autre et d’une saison à une autre », dit-il. Cependant il totalise ses recettes à environ 150 000 francs CFA. Il arrondit ses fins du mois grâce aux petites activités qu’il mène au-delà de son métier.  Boubacar Konaté dépense 145 000 par mois dans la nourriture de la famille, des frais des médicaments, école des enfants,  location de maison… Il lui reste à peine 5000F à épargner pour les imprévus. « En cas de problème financière, je prends des dettes  pour joindre les deux bouts » nous confie Boubacar Konaté.

Cadeau

Des belles époques de son métier, il se rappelle des jours où il gagnait entre 200 et 250 000 Francs soit 385 euros environs. C’était avant la crise de 2012.  «Les clients qui achètent à ces prix sont tous des étrangers. Jamais un malien n’a dépensé cette somme dans mes plantes en un jour », se souvient-il.

Boubacar Konaté se rappelle toujours d’un prestige dans son métier. C’est avec sourire, il le raconte. « Une américaine avait une fois payé des fleurs ici. Après l’achat, elle m’a offert 50 000 francs en guise de cadeau. » En attendant de trouver un autre métier plus rentable, Boubacar Konaté continue d’exercer son métier avec tous les espoirs sur les berges du fleuve Niger .

 

Source: nordsudjournal