En dépit des nombreuses difficultés, le Mali produit environ 200 000 tonnes de mangues. Et 22 276 tonnes de mangues fraîches sont exportées. L’excédent est consommé sur place, ou transformé en nectar, confiture, jus ou mangues séchées. La société Kéné Yiridén basée à Sikasso est spécialisée dans le séchage de mangue et de légumes. Elle emploie aujourd’hui 36 personnes dont 26 femmes.

Issouf Coulibaly est le directeur de Kéné Yiridén. Cette société fait principalement la transformation de mangues séchées, en plus de croquettes de banane et de l’ananas séché : « Pour valoriser nos produits agricoles, on est obligés de les transformer pour créer de la valeur là-dessus, et pour permettre à nos producteurs de ne pas brader leurs produits. Les produits qui ne peuvent pas être exportés, frais, on les transforme en produits séchés, qui sont exportés en Europe. Surtout la transformation de la mangue qui emploie beaucoup de formes, ça permet de diminuer la pauvreté, ça permet de nous faire avancer. »

 

À ce niveau, on passe du séchage traditionnel des produits agricoles à une phase industrielle. Mais ce n’est pas à proprement parler de l’industrie, puisque Kéné Yiridén travaille en partenariat avec 97 producteurs sur une superficie de 350 hectares. La nouveauté ici, c’est la certification bio : « On cueille les mangues des champs, et les mangues, une fois cueillies des champs, sont d’abord présélectionnées minutieusement. Après, c’est les femmes qui sont là pour éplucher la mangue. Après l’épluchage, on les tranche. Après les tranches, on les met dans le séchage. Après le séchage, c’est le refroidissement, et après ça, on les met dans les sachets pour l’exportation et la vente locale. Aujourd’hui, nous avons de nouveaux séchoirs, qui viennent d’Afrique du Sud, qu’on appelle le séchage à tunnel. Aujourd’hui, ils sont au Burkina Faso, au Mali, et aussi en Côte d’Ivoire. Le séchage est rapide, le produit est homogène et la qualité est impeccable. »

Avant cette activité de séchage, les mangues étaient jetées ou bien données aux animaux : « Les producteurs étaient obligés de les brader, c’est les vaches, les ânes qui les mangeaient. Mais aujourd’hui, avec la transformation, avec l’exportation de la mangue séchée comme fraîche, le paysan s’en sort. Aujourd’hui, avec l’orpaillage qui se passe dans notre sous-région, il faut que l’on convertisse nos paysans à planter des arbres, ça peut être bon pour eux. Parce qu’une fois à un certain âge, tu ne peux plus cultiver. Si tu as des manguiers, ça peut te permettre d’avoir des revenus et te permettre de faire tes beaux jours. »

Il y a plusieurs choses qui se cachent derrière les mots de mon interlocuteur. L’orpaillage attire les jeunes qui délaissent l’agriculture. Alors que les agriculteurs vieillissent. L’arboriculture intervient donc comme un supplément après la saison agricole.

RFI