L’analyse comparative des activités au niveau des centres de contrôle technique soulève beaucoup d’interrogation. Il ressort de ces analyses qu’un véritable réseau mafieux est organisé autour des activités du centre. Pourquoi cette disparité entre les activités de ces centres ?   Qui sont les auteurs  et leurs complices? Sont autant de questions  qui méritent d’être répondues.

 

Les visites techniques constituent un facteur essentiel pour réduire les accidents de circulation car elles permettent de déceler des anomalies susceptibles de causer les accidents. C’est pourquoi il est impératif de les faire dans les règles de l’art afin de sauver les vies. A la surprise générale, ces visites techniques sont faites sans que les véhicules et leurs propriétaires ne soient sur le terrain comme le stipule les textes. Les analyses comparatives des centres techniques en démontrent. Sur les 17 016 véhicules soumis au contrôle technique en octobre 2020, le centre de Bamako enregistre 9870 véhicules et occupe la 1ère place soit 58% du total. Le centre de Nioro avec 1750 véhicules se classe 2ème avec 10,28% devant Sikasso avec 1093 véhicules 6, 42%, le centre de Koulikoro avec 967 véhicules contrôlés et Kayes avec 668 véhicules visités. Le  constat est alarmant, le centre de Nioro reçoit trois fois plus de véhicules personnels que le centre de Sikasso (821 contre 271). Le centre de Nioro a contrôlé plus de minibus (Sotrama) et taxis que l’ensemble des centres de Sikasso, Koutiala, Ségou, San, Koulikoro, Kayes, Bougouni, Niono, Mopti, Gao, Dioïla et Kita soit 339 minibus et taxis pour Nioro contre 257 pour les 12 centres susdits. Mieux, le centre de Nioro reçoit presque autant de véhicules que l’ensemble de la région de Sikasso avec ses trois centres (Sikasso, Koutiala et Bougouni). Nioro enregistre 1750 véhicules contre 1891 véhicules pour le cumul des 3 centres de la région de Sikasso.

La même tendance est observée au mois de novembre 2020. Sur 16 953 véhicules contrôlés, le centre de Bamako occupe la 1ère place avec 9870 véhicules contrôlés soit 58,22%. La 2ème place est occupée par le centre de Nioro avec 1702 véhicules visités.  Les centres de Koulikoro avec 1 043 véhicules, Sikasso avec 976 véhicules et Kayes avec 695 véhicules visités sont respectivement 3ème, 4ème et 5ème.

Il ressort du constat que le seul agent du centre de Nioro a contrôlé 267 minibus et taxis contre 191  minibus et taxis pour les centres de Sikasso, Koutiala, Ségou, San, Koulikoro, Kayes, Bougouni, Niono, Mopti, Gao, Dioïla et Kita réunis. Le seul agent du centre de Nioro a contrôlé plus de véhicules poids lourds que la dizaine d’agents du centre de Bamako (806 contre 712). Sur les véhicules soumis à la revisite, sur  821 véhicules personnels contrôlés au centre de Nioro, seuls 3 véhicules ont été renvoyés à la revisite technique soit un taux de 99,60% de véhicules en bon état. Le centre de Nioro a contrôlé 339 véhicules de transport en commun de personnes, seulement 3 ont échoué soit 99,12% de véhicules satisfaisants.

Sur les 590 véhicules poids lourds contrôlés au centre de Nioro, 6 ont été recalés soit 99% de véhicules en bon état.

A la lumière de ces chiffres, l’on se pose la question si les visites techniques ne sont pas faites à la légère à Nioro. Selon une source proche du dossier, les propriétaires de véhicules envoient seulement les documents du véhicule plus les frais de visite technique et un dessous de table pour l’agent.   Si cette hypothèse s’avère vraie, il est impératif de prendre des mesures idoines car la vie des usagers de ses véhicules en dépend. Comment un seul contrôleur puisse vérifier plus de 1000 véhicules par mois soit 50 véhicules par jour de travail ? Les propriétaires de véhicules profitent-il du manque d’équipement ? Car seul le centre de Bamako est équipé et les autres  sont dans le système mécanique. Nos nombreuses tentatives  de rentrer en contact avec la directrice de Mali Technic System, Ada Diawara n’ont pas porté fruit car elle a refusé toute rencontre.

Notons que la visite technique porte sur plusieurs aspects du véhicule. Il s’agit du système de freinage, l’identification, l’éclairage, les pneus, la direction, la géométrie, la signalisation, les nuisances et autres accessoires : essuies glaces, extincteurs, roues de secours, triangles, boites à pharmacie, etc. Un seul défaut du véhicule soumet l’usager à une revisite. Dans ce cas, il disposera alors de quinze jours pour revenir avec comme amende 1750 F CFA. C’est trente jours pour les transports publics et poids lourds et l’amende varie entre 2 100 FCFA  et 2 800  F CFA.

Au regard de ce constat, l’amateurisme de Mali Technic System a atteint son paroxysme. D’ores et déjà, des études sont en cours pour retirer le monopole des visites techniques à cette structure.

Nous y reviendrons

Bissidi SIMPARA

Source : L’Alerte