Pour protester contre le mauvais état du corridor Bamako-Kayes, les habitants de la région de Kayes ont décidé de perturber la circulation sur les routes ce vendredi 23 aout 2019. Un grand mouvement dénommé « Mouvement du 23 » a vu le jour pour mener efficacement ce que les organisateurs appellent « le combat pour la survie.»

Cela fait plusieurs jours que le « Mouvement du 23 » est à pied d’œuvre pour la réussite de son opération de blocage des différentes voies de l’axe routier Bamako-Kayes. Des banderoles et des T-shirts ont été déjà confectionnés par les manifestants. A Kayes ville, on s’apprête à vivre une « journée mouvementée ».  « Cette journée sera mouvementée car de Diboli à Kati en passant par Sandaré, Diema Kolokani, Diedieni, les populations sont décidées à paralyser le trafic», rapporte notre confrère « Kayesinfos ».

Selon le journal de la cité des rails, dès minuit, les jeunes assiègeront le pont de Kayes et sont décidés à veiller en faisant même du thé pour empêcher le passage des véhicules gros porteurs et personnels. Cette journée de colère est une protestation contre l’indifférence du gouvernement face à l’impraticabilité de l’axe Bamako-Kayes.

L’appel a été largement relayé sur les réseaux sociaux et des ressortissants de la région ont expliqué leur motivation. : «Nous avons décidé de bloquer toutes les voies d’accès aux régions de Koulikoro et de Kayes jusqu’à ce que la route nationale Bamako- Kayes soit réparée, que le train redémarre et jusqu’à ce que l’aéroport international Dag Dag soit opérationnel», a indiqué Mamedy Dioula Dramé, un activiste, dans une vidéo sur internet.

Par ailleurs, un appel a été lancé aux populations de la région de Koulikoro pour une bonne réussite de la manifestation. Les initiateurs espèrent ainsi rallier à leur cause plusieurs personnalités des deux régions, y compris des officiels. «Toutes les populations (les mouvements, les associations, les chroniqueurs, les artistes, les députés, les opérateurs économiques, les conseillers communaux….) de ces deux régions sont appelées à s’impliquer pour la réussite de la manifestation », a ajouté Mamedy Dramé.

La mobilisation, selon ce dernier, vise à protéger les intérêts de la population qui souffre depuis plusieurs années des conséquences de la dégradation des voies de communication. «Nous avons besoin d’une route pour sécuriser nos vies, nous avons besoin de notre train pour sauver des vies, nous avons besoin de notre aéroport pour récompenser ceux qui ont accepté d’aller braver le froid, le désert afin d’envoyer quelque chose à leur familles», a -t-il fait savoir.

L’état de la route nationale Bamako-Kayes est dans un état de dégradation très poussée qui inquiète les usagers, surtout en cette période de grandes pluies. Les difficultés sont énormes pour rallier la capitale et vice versa. Encore le dimanche dernier, un car de transport qui a quitté Kayes pour Bamako s’est renversé dans le village de Wolokoro, dans le cercle de Didjeni. Bilan : plusieurs blessés graves.

Mohamed Sylla, un jeune de Kayes, en appelle à la promptitude des autorités, pour faciliter la mobilité dans sa région, par la construction et la bonne tenue des routes. Les populations de Kayes attendent avec beaucoup d’impatience que leurs routes soient améliorées et rêvent de voir leur fief devenir enfin ce grand pôle économique et industriel promis par le président Ibrahim Boubacar Kéïta. «Pour ce faire, il faut qu’on nous débarrasse de ces routes cahoteuses qui découragent les usagers et les promoteurs économiques », souligne M. Sylla.

Grâce à des routes en bon état, a-t-il ajouté, les chutes de Gouina, une des curiosités de la région, pourront être une source inestimable de richesse avec l’arrivée des touristes. Située à l’extrême ouest du Mali, Kayes regorge de mines d’or. L’exploitation des mines est dominée par les multinationales.

Madiassa Kaba Diakité

Source: Le Républicain