Une mission du Fonds monétaire international (FMI), dirigée par Mme Boriana Yontchéva, a séjourné à Bamako, du 1er  au 16 mars 2018 pour achever les entretiens sur la huitième revue du Programme économique et financier du Mali. Ce programme est soutenu par la Facilité élargie de crédit(FEC) du FMI. La mission portait, aussi, sur les consultations de 2018 au titre de l’article IV. A l’issue de la mission, une conférence de presse a été conjointement animée, par le ministre de l’Economie et des Finances, Boubou Cissé et Mme Boriana Yontchéva.

Le ministre de l’Economie et des Finances a fait savoir que  cette huitième revue a deux particularités. La première, c’est qu’elle s’accompagne d’un exercice très important,  appelé : les consultations 2018 au titre de l’article IV. Cet article, a-t-il dit, est inscrit dans les statuts du FMI.  Cette disposition permet au FMI  d’exercer  une sorte de surveillance sur les politiques publiques des Etats, entre autres, sur des questions qui touchent la situation économique, les finances publiques, les réformes structurelles,  la situation du secteur financier et bancaire dans notre pays. Il a souligné que les consultations ont apporté des innovations, notamment, dans  le secteur minier  et  le travail qui  a été fait a consisté  à   appuyer le Mali, dans la lutte contre toute forme d’évasion fiscale qui se traduit par des pertes énormes de revenus pour notre économie.
Il a fait savoir que la consultation   a fait l’objet d’un rapport qui sera présenté au conseil d’administration du FMI pour validation, avant d’être  rendu publique.
« La deuxième particularité de cette revue  c’est que nous avons pris plus de temps que prévu  pour  conclure  cette huitième revue », a déclaré Boubou Cissé.
La revue aurait du être conclue au mois de novembre et cette conclusion aurait dû aboutir à un décaissement au mois de décembre dernier. En fait, le retard est causé par la réforme relative à la loi portant prévention et répression de l’enrichissement illicite. Le gouvernement a finalement mis en place  une commission avec les syndicats pour établir une liste des assujettis à la loi, au nombre de 1479 personnes. Ces assujettis  doivent déclarer leurs biens dans les délais impartis par la loi. « Cela a déjà commencé il y a quelques semaines », a souligné le ministre. Cet obstacle levé, les objectifs fixés dans ce programme
économique et financier ayant été atteint depuis le mois de novembre,  il n’y  plus de raison, a indiqué Boubou Cissé, de ne pas aller vers la conclusion positive de la huitième revue.
Répondant aux questions de la presse sur le financement des élections, le ministre a assuré que le gouvernement n’aura aucune difficulté pour trouver les 45 milliards de FCFA, inscrits dans la loi de finances.
Mme Boriana Yontchéva a déclaré: « les autorités maliennes  et les services du FMI sont parvenus à un accord préliminaire sur la conclusion de la huitième revue du programme économique et financier du Mali soutenu par la FEC du FMI et sur la consultation de 2018 au titre de l’article IV, sous réserve de l’approbation par la Direction et le Conseil d’administration du FMI. Il est prévu que ce dernier examine le rapport des services du FMI, relatif aux consultations de 2018 au titre de l’article IV et la huitième revue en avril 2018. L’achèvement de la revue permettra de mettre à la disposition du Mali, 31,65 millions de DTS (environ 25 milliards de FCFA). »
Mme Boriana Yontchéva a soutenu que l’économie malienne a continué de se redresser en 2017, malgré des défis sécuritaires persistants. La croissance du PIB, a-t-elle dit, reste vigoureuse, à 5,3%, selon  les estimations, portée par de bonnes récoltes et une demande intérieure robuste. L’inflation a été modérée, restant bien en deçà du plafond régional. Elle a ajouté que les résultats budgétaires ont dépassé les projections du programme.
« Le déficit budgétaire de 2017 a été limité à 3% du PIB. Les dépenses ont été réduites, l’aide extérieure ayant été inférieure aux prévisions d’environ 0,8% du PIB et les recettes ont été globalement positives, mais l’économie fait face à des risques de détérioration croissants, notamment en raison d’une situation sécuritaire volatile. Par ailleurs, d’éventuelles pressions sur les dépenses, pendant une année électorale et la diminution de l’aide extérieure représentent des risques budgétaires, » a indiqué Mme Boriana Yontchéva.
Elle a assuré que la loi de finances 2018 est conforme aux objectifs du programme et à la convergence du déficit, d’ici 2019, vers la norme de 3% du PIB, établie au niveau régional par l’UEMOA. La mission du FMI et les autorités conviennent qu’il est nécessaire  de poursuivre les réformes relatives à la gestion des finances publiques afin de renforcer l’exécution des dépenses de lutte contre la pauvreté.
En outre, elle a souligné que « les autorités maliennes ont réussi à faire avancer la réforme de la gouvernance. Après diverses  consultations avec les syndicats de la fonction publique, à propos du champ d’application des déclarations de patrimoine des fonctionnaires  à la cour suprême ,le gouvernement et  les principales parties prenantes sont convenus que la loi sera pleinement appliquée aux assujettis qu’elle mentionne  explicitement ( environ 1479 personnes ). Ceux-ci ont été informés de l’obligation de déclaration et des rappels puis sanctions seront appliqués à ceux qui n’auront pas transmis leurs déclarations dans les délais impartis. La commission de Conciliation continuera ses travaux pour faire avancer la réforme. » Elle a exprimé sa satisfaction pour le travail accompli par le gouvernement, malgré un contexte de crise sécuritaire.

B.D

Source: canarddechaine