De nombreuses entreprises maliennes et internationales étaient présentes du 16 au 18 novembre au Centre internationale de conférence de Bamako. Elles prenaient part aux 9e Journées Minières et Pétrolières du Mali. Avec 14 compagnies d’exploitation et environ 70 tonnes extraites par an, c’était l’occasion de prendre le pouls du secteur de l’or dans le pays, mais aussi de rendre compte des réelles retombées pour les Maliens.

Une soixantaine de stands en enfilade : des équipementiers, des fournisseurs, des cimentiers, des compagnies minières et, régulièrement, la même remarque qui revient : « Le Mali a de l’or qui ne brille pas pour les Maliens ».

Avec 70 tonnes extraites par année et un cours de l’or à la hausse depuis 20 ans, les bénéfices de l’exploitation aurifère sont pourtant conséquents. Mamadou Keita, ingénieur des mines, est spécialisé en économie minière : « Il y a la contribution du secteur à l’économie nationale : les impôts, les taxes, les redevances que ces sociétés doivent à l’État malien. Et les Maliens ont le sentiment effectivement que l’on ne ressent pas toutes ces contributions sur le panier de la ménagère ».

La participation de l’État remise en question

Parmi les questions soulevées, la participation de l’État, qui plafonne à 20 % dans les exploitations du pays. Chiaka Berthe, responsable des opérations en Afrique de l’Ouest du Canadien Barrick, numéro 1 mondial de la production aurifère : « Le problème n’est pas dans la part. Il faut investir, malheureusement on n’investit pas. L’État n’investit pas de façon générale dans tous nos pays. Ce sont des investissements lourds. Quand vous prenez l’exemple de ma compagnie au Mali, l’investissement dépasse 1,5 à 2 milliards de dollars ».

S’y ajoutent selon lui des taux d’intérêts trop élevés dans les banques de la région : « J’ai du mal à croire que dans nos pays, en Afrique de l’Ouest de façon générale et particulièrement au Mali, nos banques ne puissent pas financer une partie de l’activité minière. Mais la vraie contrainte est que leur taux est très élevé. C’est presque 15 % ».

Des conséquences environnementales peu évoquées

Alors que les clips diffusés promeuvent la baisse des coûts de production, l’augmentation de la rentabilité et des revenus durables pour les actionnaires, les panélistes, eux défendent les effets positifs sur les populations. Abdoulaye Maïga, directeur de l’exploration chez Segala Mining, 3e producteur d’or en Afrique : « Je pense que notre société est en train de faire de son mieux pour la communauté. Nous intervenons dans tous les secteurs : la santé, l’éducation, l’adduction d’eau, beaucoup de choses ».

Plus discrètement évoquées : les conséquences environnementales de l’extraction minière. Parmi elles, la pollution du fleuve liée aux rejets toxiques, mais aussi le déboisement. Avec des ressources qui s’épuisent, le cap est mis sur l’exploration, freinée par endroit par les forêts classées, nous dit un acteur du secteur. Un sujet en discussion avec le gouvernement.

Source: RFI